La Main Sur Le Cœur. Shanae JohnsonЧитать онлайн книгу.
N SUR LE CŒUR
Copyright © 2018, Ines Johnson. Tous droits réservés.
Ce roman est une œuvre de fiction. Les personnages, les lieux et les situations sont purement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite ou involontaire. Toute reproduction ou distribution de cette publication sous quelque forme que ce soit, même partielle, sans l’autorisation écrite de l’auteur est interdite, sauf pour les distributeurs autorisés.
Imprimé aux États-Unis.
Première édition : octobre 2018.
Version originale révisée par Alyssa Breck.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Viala.
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE 1
Fran regardait le point sur l’écran. Il formait des pics comme s’il grimpait au sommet de la plus haute montagne, avant de redescendre en un instant comme un homme au parachute défectueux. Puis il remontait et le cycle recommençait.
Fran ne pensait pas pouvoir trouver une meilleure métaphore de sa vie.
Il observa les quelques battements suivants sur l’électrocardiogramme. Son pouls était stable et vigoureux. Pour l’instant. Mais Fran savait, tout comme le médecin qui surveillait son cœur, que ces battements pouvaient s’interrompre à tout moment.
« On dirait bien que rien n’a bougé, caporal DeMonti. »
La voix du docteur Nelson était aussi stable et monochrome que le point sur l’écran qu’il observait. Il griffonna quelques mots au crayon à papier sur son bloc-notes, son regard allant d’une machine à une autre avant de revenir à sa montre. Sans jamais se poser sur Fran.
Fran avait l’habitude d’être ignoré par ceux qui se sentaient supérieurs à lui. Quand il était caporal dans l’armée américaine, il avait fait de son mieux pour atteindre un rang plus élevé. Il était passé à deux doigts d’être promu sergent. Jusqu’à ce qu’une mission tourne très mal.
C’est pour cela que, non, l’attitude peu attentive du médecin ne le dérangeait pas. Ce qui le dérangeait, en revanche, c’était qu’il utilise un crayon à papier au lieu d’un stylo. Le graphite qui marquait la feuille manquait de permanence aux yeux de Fran. Il pouvait être effacé d’un simple coup de la gomme rose à l’autre bout du crayon. Tout comme la vie de Fran pouvait être effacée par un faux mouvement. Si les éclats d’obus logés dans sa poitrine se déplaçaient d’à peine quelques millimètres, ils lui perceraient le cœur et son existence même serait effacée. Rétractée de la page de la vie.
« Malheureusement, il est encore trop dangereux d’essayer de les retirer, dit le médecin en relevant enfin les yeux vers Fran. Tout ce que nous pouvons faire, c’est continuer votre traitement et prier. »
Fran était toujours choqué d’entendre un médecin préconiser la prière. Il aurait cru que la plupart des hommes et des femmes de sciences préféraient le tangible au spirituel. Mais il avait souvent tort. Au moins, il était soigné à l’hôpital militaire. La plupart des médecins qui exerçaient ici s’étaient trouvés dans des situations dans lesquelles leur survie ne pouvait être attribuée qu’à un pouvoir supérieur. C’est pour cela qu’ils n’hésitaient pas à faire appel au Seigneur lorsque leurs esprits ne pouvaient résoudre un problème physique.
Fran savait très bien que le Seigneur représentait sa meilleure chance de survie. Il ne rechignait donc pas à suivre le traitement qu’on lui préconisait. Il aurait simplement préféré y voir un peu plus clair dans les plans du Seigneur. Prévoyait-Il de bientôt rappeler Fran à ses côtés ? Ou sa volonté était-elle plutôt de le laisser s’ébattre un peu plus longtemps ?
Fran préférait les plans robustes. Mais il connaissait le dicton : l’homme pense, Dieu rit.
Il ne pensait pas que Dieu se riait de lui. Il refusait de croire le Créateur capable de ce genre de blague cruelle.
Quand Fran sortit de la salle d’examen, quelques-unes des femmes présentes dans les couloirs lui sourirent, essayant de croiser son regard. À l’œil nu, il avait l’air en parfaite santé. Il n’avait pas perdu de membre ni gagné de cicatrice visible, si ce n’est sur son torse. Non, sa blessure était plus profonde. Elle dépassait même le métal dans sa poitrine. Sa blessure avait touché son âme.
Tout était de sa faute.
Fran et son escadron travaillaient sur un projet destiné à améliorer les conditions de vie de femmes et d’enfants quand c’était arrivé. L’explosion qui avait planté des éclats d’obus dans son torse n’avait fait aucune victime, mais elle avait emporté six moyens de subsistance, ainsi que le kamikaze qui avait sacrifié sa vie au nom d’une cause erronée.
Quant aux survivants, leurs vies en étaient sorties changées à jamais. Et, juste au moment où ils commençaient à se reconstruire au ranch du Campanule, une autre bombe avait explosé dans leurs vies. Non, vraiment, tout cela ne pouvait être une blague. C’était bien