Journal d'un bourgeois de Paris, 1405-1449. AnonymeЧитать онлайн книгу.
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Anonyme
Journal d'un bourgeois de Paris, 1405-1449
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066078096
Table des matières
II. L'AUTEUR DU JOURNAL PARISIEN.
INTRODUCTION.
La chronique anonyme des règnes de Charles VI et de Charles VII, que les érudits désignent traditionnellement sous le nom de Journal d'un bourgeois de Paris, est depuis longtemps connue et appréciée. On sait, grâce aux curieuses investigations de M. Longnon [1], que dès l'année 1596 Étienne Pasquier, dans ses Recherches de la France, mit en œuvre cet important document, mais ce fut en 1653 seulement que Denis Godefroy inséra, dans son recueil des historiens de Charles VI [2], une suite d'extraits empruntés au Journal parisien; les passages dont Godefroy a publié le texte sont généralement tronqués, souvent même arrangés à la fantaisie de l'éditeur et la langue en est rajeunie. La première édition complète du Journal parut en 1729, par les soins de l'académicien La Barre, et remplit les 208 premières pages du volume intitulé: Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne; c'est la seule qui ait reproduit le texte intégral de la chronique parisienne, mais de nombreuses incorrections déparent ce texte. Les auteurs des grandes collections historiques publiées de nos jours, comme Buchon, Michaud et Poujoulat, n'ont fait que copier l'édition de La Barre, en lui donnant une physionomie plus moderne.
Notre introduction sera divisée en deux parties: l'une sera consacrée à une étude des manuscrits du Journal qui sont parvenus jusqu'à nous et à la recherche de ceux qu'ont connus les anciens éditeurs; l'autre aura pour but d'établir la personnalité de l'auteur anonyme de cette précieuse chronique parisienne.
I.
LES MANUSCRITS.
§ I.—Manuscrits de Paris.
1) Bibliothèque nationale, collection Dupuy, no 275. Mémoires pour l'histoire du roi Charles VI.
Ce titre ajouté par Pierre Dupuy est celui d'un extrait entièrement écrit de la main de Claude Dupuy, et communiqué par son fils, Jacques Dupuy, prieur de Saint-Sauveur, à Denis Godefroy, qui le publia mot pour mot, en 1653, à la suite de son édition de Juvénal des Ursins [3], en y comprenant même les listes des évêques, prévôts de Paris, prévôts des marchands, jointes en appendice par Claude Dupuy. La seule indication chronologique que porte cet extrait est celle placée au-dessous du titre par Pierre Dupuy, indication se rapportant à l'année 1630.
Indépendamment de l'extrait de Claude Dupuy, on possède la transcription exécutée sous les auspices de Pierre de l'Étoile, reproduisant fidèlement la copie partielle de Dupuy; cette transcription se trouve aux folios 23 à 61 du manuscrit 10,303 du fonds français [4].
Quant à l'exemplaire complet dû aux soins de Claude Dupuy, dont parle Godefroy [5], nous n'avons pu en découvrir aucune trace.
2) Bibliothèque nationale, fonds français, no 10,145 (ancien supplément 1984 bis); petit in-folio sur papier, reliure moderne.
Il y a tout lieu de croire que la copie du Journal parisien, conservée sous le no 10,145 du fonds français, a servi de base à l'édition de La Barre; en effet, plusieurs des leçons défectueuses données par le premier éditeur du Journal appartiennent à ce manuscrit et ne se retrouvent ni dans le manuscrit de Paris dont nous parlerons plus loin, ni dans le manuscrit de Rome.
Voici quelques exemples qui permettront de se rendre compte de l'analogie existant entre l'édition de La Barre et le manuscrit en question:
La Barre, p. 91: et d'une celle aspre gelée, leçon fautive du manuscrit 10,145, tandis que la bonne leçon est: et dura celle aspre gelée.
P. 92: grant contencion, leçon du manuscrit 10,145, lisez grant tençon.
P. 94: Or bien quel dommage, leçon du manuscrit 10,145, la vraie leçon est: Or voyez quel dommage.
P. 105: ces larrons reposoient, leçon du manuscrit 10,145, au lieu de reperoient.
P. 125: plus ne jetassent, version du manuscrit 10,145, lisez ne gastassent.
P. 130: et ne trouvoient ne femme ne enfant qu'ils ne prinssent, leçon du manuscrit 10,145, la bonne leçon est n'esparnoient.
P. 174: tumberel à voire la journée, suivant le manuscrit 10,145, tandis qu'il faut lire tumberel à boue.
P. 181: Apres eux ne venoit rien ne que après feu, version du manuscrit 10,145, vraie leçon: ne demouroit.
P. 186: le roy de France estoit le droit ourine aux larrons, d'après le manuscrit 10,145, lisez droit ourme.
Comme le montre cet examen comparatif, une certaine conformité paraît exister entre le texte de La Barre et celui du manuscrit 10,145, et elle est assez grande pour que l'on puisse rattacher l'édition de La Barre à ce manuscrit.
Afin de déterminer la date de la transcription représentée par le no 10,145, nous remarquons que la même main qui a copié ce manuscrit du Journal a également pris soin de reproduire, très vraisemblablement à la même époque, les vers qui figurent en tête du manuscrit de Rome sous le titre de Bataille du Liège; cette copie forme une plaquette conservée sous le no 10,154 du fonds français. A la fin de ce petit volume on lit la note suivante:
Ces vers sont tirés d'un manuscript qui a pour titre: Bataille du Liège, cotté 813, 769, ce manuscript a appartenu à Jehan Maciot, ensuite à la reine de Suède, et enfin est dans la bibliothèque Vaticane.
Cette note ne peut s'appliquer qu'au Journal parisien précédé, ainsi que nous le verrons, de poésies qui répondent bien au titre en question, et terminé par la signature de ce Maciot, visé dans la note ci-dessus.
Il semblerait résulter de cet ensemble de faits que la copie du Journal et celle des pièces de vers initiales, constituant les nos 10,145 et 10,154, ont dû être exécutées, vers la fin du XVIIe siècle, d'après le volume actuellement conservé dans les collections du Vatican.
3) Bibliothèque nationale, fonds français, no 3480. In-folio sur papier, reliure moderne. Mémoires de Paris soubz Charles VI et VIIe du nom.
Ce manuscrit s'ouvre par un recueil de dépêches diplomatiques relatives aux négociations de la paix de Vervins, en 1598; ces correspondances comprennent les 259 premiers folios du volume; les folios 260 à 262 sont occupés par deux harangues, la première adressée en 1639