Le Cabinet des Fées. Шарль ПерроЧитать онлайн книгу.
es Fées Or Recreative Readings Arranged for the Express Use of Students in French
PREFACE
Little need be said, at the present day, of the importance of a knowledge of the French Language. It is the key to immense treasures in literature and science, the medium of communication in European diplomacy, and is, confessedly, an indispensable accomplishment of the modern traveller and the man of liberal education.
We have, therefore, only to explain the object and claims of the present work. In offering it to the American student we have endeavored to meet an obvious want of a suitable book of exercises in translating from the French-to produce a work adapted peculiarly to the wants of American society-calculated to interest as well as instruct beginners of every age, and suited alike for the use of private students and promiscuous classes.
After an experience of many years in teaching, we are convinced that such works as the Adventures of Telemachus, and the History of Charles the Twelfth-despite their incontestable beauty of style and richness of material-are too difficult for beginners, even of mature age. Such works, too, consisting of a continuous narrative, present to most students the discouraging prospect of a formidable undertaking which they fear will never be completed.
On the other hand, a mere book of fables, although free from the last objection, is, in general, too narrow in its scope to fulfil the desired end.
To avoid the difficulties and secure the advantages mentioned, we have chosen the Fairy Tales of Charles Perrault and Madame de Beaumont. The department of literature thus sought as the means of instruction in language, supplies, as our own experience has amply demonstrated, agreeable and attractive material for beginners of all ages and conditions.
The works selected are acknowledged to be admirable models of grace and purity in French composition, whilst the simplicity of style encourages the student by soon making him conscious of progress. The subjects offer at once attractive novelties for the young and agreeable relaxation for the mature.
In conclusion, we have only to remark that the difficulties of the French idiom are explained by notes neither too scanty, nor yet so numerous as to embarrass; and that a few expressions, inconsistent with the decorum of American taste, have been carefully expurgated, without, as we hope, diminishing the interest of the subject or impairing the style.G. GÉRARD.
Philadelphia, Nov. 1858.
LE PETIT CHAPERON ROUGE
Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir: sa mère en était folle, 1 et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge qui lui seyait 2 si bien, que partout on l'appelait le Petit Chaperon Rouge.
Un jour, sa mère ayant fait et cuit des galettes, lui dit:
-Va voir comment se porte ta mère-grand; car on m'a dit 3 qu'elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.
Le Petit Chaperon Rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois, elle rencontra compère 4 le Loup, qui eut bien envie de la manger; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter un Loup, lui dit:
–Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette avec un pot de beurre, que ma mère lui envoie.
–Demeure-t-elle bien loin? lui dit le Loup.
-Oh! oui, lui dit le Petit Chaperon Rouge; c'est par delà 5 le moulin que vous voyez tout là-bas, 6 là-bas, à la première maison du village.
-Eh bien, dit le Loup, je veux l'aller voir aussi; je m'y en vais par ce chemin-ci et toi par ce chemin-là, et nous verrons à qui plus tôt y sera. 7
Le Loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets de petites fleurs qu'elle rencontrait. Le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la mère-grand; il heurte.
–Toc, toc.
–Qui est là?
–C'est votre fille le Petit Chaperon Rouge, dit le Loup en contrefaisant sa voix, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mère vous envoie.
La bonne mère-grand, qui était dans son lit, à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria:
-Tire la chevillette, 8 la bobinette cherra. 9
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien; car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mangé.
Ensuite, il ferma la porte, et s'alla coucher dans le lit de la mère-grand, en attendant le Petit Chaperon Rouge, qui, quelque temps après, vint heurter à la porte.
–Toc, toc.
–Qui est là?
Le Petit Chaperon Rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d'abord; mais, croyant que sa mère-grand était enrhumée, il répondit:
–C'est votre fille, le Petit Chaperon Rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mère vous envoie.
Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix:
–Tire la chevillette, la bobinette cherra.
Le Petit Chaperon Rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Le Loup, la voyant entrer, lui dit, en se cachant dans le lit, sous la couverture:
–Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi.
Le Petit Chaperon se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit:
–Ma mère-grand, que vous avez de grands bras!
–C'est pour mieux t'embrasser, ma fille.
–Ma mère-grand, que vous avez de grands pieds!
–C'est pour mieux courir, mon enfant.
–Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles!
–C'est pour mieux écouter, mon enfant.
–Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux!
–C'est pour mieux voir, mon enfant.
–Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents!
–C'est pour te manger.
Et, en disant ces mots, le méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon Rouge, et la mangea.
On voit ici que les jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites et gentilles,
Font très-mal d'écouter toutes sortes de gens
Et que ce n'est pas chose étrange
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte.
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.
Mais, hélas! qui ne sait que ces loups doucereux
De tous
1
Folle,
2
seyait,
3
on m'a dit,
4
compère,
5
Delà,
6
là-bas,
7
à qui plus tôt y sera,
8
chevillette,
9
la bobinette cherra,