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La race future. Эдвард Бульвер-ЛиттонЧитать онлайн книгу.

La race future - Эдвард Бульвер-Литтон


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pieds au-dessous. J'étais plus jeune et plus agile que mon compagnon, et comme dans mon enfance j'avais servi sur un navire, cette façon de manœuvrer m'était plus familière. Je réclamai à demi-voix le droit de descendre le premier afin de pouvoir, une fois en bas, maintenir le câble et faciliter la descente de mon ami. J'arrivai sain et sauf au fond du gouffre, et l'ingénieur commença à descendre à son tour. Mais il n'avait pas parcouru dix pieds, que les nœuds, que nous avions crus si solides, cédèrent; ou plutôt le roc lui-même nous trahit et s'écroula sous le poids; mon malheureux ami fut précipité sur le sol et tomba à mes pieds, entraînant dans sa chute des fragments de rocher, dont l'un, heureusement assez petit, me frappa et me fît perdre connaissances. Quand je repris mes sens, je vis que mon compagnon n'était plus qu'une masse inerte et entièrement privée de vie. Au moment où je me penchais sur son cadavre, plein d'affliction et d'horreur j'entendis tout près de moi un son étrange tenant à la fois du hennissement et du sifflement; en me tournant d'instinct vers l'endroit d'où partait le bruit, je vis sortir d'une sombre fissure du rocher une tête énorme et terrible, les mâchoires ouvertes, et me regardant avec des yeux farouches, des yeux de spectre affamé: c'était la tête d'un monstrueux reptile, ressemblant au crocodile ou à l'alligator, mais beaucoup plus grand que toutes les créatures de ce genre que j'avais vues dans mes nombreux voyages. D'un bond je fus debout et me mis à fuir de toutes mes forces en descendant la vallée. Je m'arrêtai enfin, honteux de ma frayeur et de ma fuite et revins vers l'endroit où j'avais laissé le corps de mon ami. Il avait disparu; sans doute le monstre l'avait déjà entraîné dans son antre et dévoré. La corde et les grappins étaient encore à l'endroit où ils étaient tombés, mais ils ne me donnaient aucune chance de retour: comment les rattacher en haut du rocher? Les parois étaient trop lisses et trop abruptes pour qu'un homme y pût grimper. J'étais seul dans ce monde étrange, dans les entrailles de la terre.

      III

      Lentement et avec précaution je m'en allai solitaire le long de la route éclairée par les lampes, vers le bâtiment que j'ai décrit. La route elle-même ressemblait aux grands passages des Alpes, traversant des montagnes rocheuses dont celle par laquelle j'étais descendu formait un chaînon. À ma gauche et bien au-dessous de moi, s'étendait une grande vallée, qui offrait à mes yeux étonnés des indices évidents de travail et de culture. Il y avait des champs couverts d'une végétation étrange, qui ne ressemblait en rien à ce que j'avais vu sur la terre; la couleur n'en était pas verte, mais plutôt d'un gris de plomb terne, ou d'un rouge doré.

      Il y avait des lacs et des ruisseaux qui semblaient enfermés dans des rives artificielles; les uns étaient pleins d'eau claire, les autres brillaient comme des étangs de naphte. À ma droite, des ravins et des défilés s'ouvraient dans les rochers; ils étaient coupés de passages, évidemment dus au travail et bordés d'arbres ressemblant pour la plupart à des fougères gigantesques, au feuillage d'une délicatesse exquise et pareil à des plumes; leur tronc ressemblait à celui du palmier. D'autres avaient l'air de cannes à sucre, mais plus grands et portant de longues grappes de fleurs. D'autres encore avaient l'aspect d'énormes champignons, avec des troncs gros et courts, soutenant un large dôme, d'où pendaient ou s'élançaient de longues branches minces. Par devant, par derrière, à côté de moi, aussi loin que l'œil pouvait atteindre, tout étincelait de lampes innombrables. Ce monde sans soleil était aussi brillant et aussi chaud qu'un paysage italien à midi, mais l'air était moins lourd et la chaleur plus douce. Les habitations n'y manquaient pas. Je pouvais distinguer à une certaine distance, soit sur le bord d'un lac ou d'un ruisseau, soit sur la pente des collines, nichés au milieu des arbres, des bâtiments qui devaient assurément être la demeure d'êtres humains. Je pouvais même apercevoir, quoique très loin, des formes qui paraissaient être des formes humaines s'agitant dans ce paysage. Au moment où je m'arrêtais pour regarder tout cela, je vis à ma droite, glissant rapidement dans l'air, une sorte de petit bateau, poussé par des voiles ayant la forme d'ailes. Il passa et bientôt disparut derrière les ombres d'une forêt. Au-dessus de moi il n'y avait pas de ciel, mais la voûte d'une grotte. Cette voûte s'élevait de plus en plus à mesure que le passage s'élargissait, elle finissait par devenir invisible au-dessus d'une atmosphère de nuages qui la séparait du sol.

      En continuant ma route, je tressaillis tout à coup: d'un buisson qui ressemblait à un énorme amas d'herbes marines, mêlé d'espèces de fougères et de plantes à larges feuilles, comme l'aloès ou le cactus, s'élança un bizarre animal de la taille et à peu près de la forme d'un daim. Mais, comme après avoir bondi à quelques pas il se retourna pour me regarder attentivement, je m'aperçus qu'il ne ressemblait à aucune espèce de daim connue maintenant sur la terre, mais il me rappela aussitôt un modèle en plâtre, que j'avais vu dans un muséum, d'une variété de l'élan qu'on dit avoir existé avant le déluge. L'animal ne paraissait nullement farouche, car après m'avoir examiné un moment, il commença à paître sans trouble et sans crainte ce singulier herbage.

      IV

      Je me trouvais alors tout à fait en vue du bâtiment. Oui, il avait bien été élevé par des mains humaines et creusé en partie dans un grand rocher. J'aurais supposé au premier coup d'œil qu'il appartenait à la première période de l'architecture égyptienne. La façade était ornée de grosses colonnes, s'élevant sur des plinthes massives et surmontées de chapiteaux que je trouvai, en les examinant de plus près, plus ornés et plus gracieux que ne le comporte l'architecture égyptienne. De même que le chapiteau corinthien imite dans ses ornements la feuille d'acanthe, le chapiteau de ces colonnes imitait le feuillage de la végétation qui les entourait, comme des feuilles d'aloès ou des feuilles de fougères. À ce moment sortit du bâtiment un être.... humain; était-ce bien un être humain? Debout sur la grande route, il regarda autour de lui, me vit et s'approcha. Il vint à quelques mètres de moi; sa vue, sa présence, me remplirent d'une terreur et d'un respect indescriptibles, et me clouèrent au sol. Il me rappelait les génies symboliques ou démons qu'on trouve sur les vases étrusques, ou que les peuples orientaux peignent sur leurs sépulcres: images qui ont les traits de la race humaine et qui appartiennent cependant à une autre race. Il était grand, non pas gigantesque, mais aussi grand qu'un homme peut l'être sans atteindre la taille des géants.

      Son principal vêtement me parut consister en deux grandes ailes, croisées sur la poitrine et tombant jusqu'aux genoux; le reste de son costume se composait d'une tunique et d'un pantalon d'une étoffe fibreuse et mince. Il portait sur la tête une sorte de tiare, parée de pierres précieuses, et tenait à la main droite une mince baguette d'un métal brillant, comme de l'acier poli. Mais c'était son visage qui me remplissait d'une terreur respectueuse. C'était bien le visage d'un homme, mais d'un type distinct de celui des races qui existent aujourd'hui sur la terre. Ce dont il se rapprochait le plus par les contours et l'expression, ce sont les sphinx sculptés, dont le visage est si régulier dans sa beauté calme, intelligente, mystérieuse. Son teint était d'une couleur particulière, plus rapproché de celui de la race rouge que d'aucune autre variété de notre espèce; il y avait cependant quelques différences: le ton en était plus doux et plus riche, les yeux étaient noirs, grands, profonds, brillants, et les sourcils dessinés presque en demi-cercle. Il n'avait point de barbe, mais je ne sais quoi dans tout son aspect, malgré le calme de l'expression et la beauté des traits, éveillait en moi cet instinct de péril que fait naître la vue d'un tigre ou d'un serpent. Je sentais que cette image humaine était douée de forces hostiles à l'homme. À mesure qu'il s'approchait, un frisson glacial me saisit, je tombai à genoux et couvris mon visage de mes deux mains.

      V

      Une voix s'adressa à moi, d'un ton doux et musical, dans une langue dont je ne compris pas un mot; cela servit pourtant à dissiper mes craintes. Je découvris mon visage et je regardai. L'étranger (j'ai de la peine à me décider à l'appeler un homme) m'examinait d'un regard qui semblait pénétrer jusqu'au fond de mon cœur. Il plaça alors sa main gauche sur mon front, et me toucha légèrement l'épaule avec la baguette qu'il tenait dans la main droite. L'effet de ce double contact fut magique. Ma terreur première fit place à une sensation de plaisir, de joie, de confiance en moi-même et en celui qui se trouvait devant moi. Je me levai et parlai dans ma propre langue. Il m'écouta avec une visible attention, mais ses regards dénotaient une légère surprise; il secoua


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