L'Ombre De La Mort. Amy BlankenshipЧитать онлайн книгу.
Faucon-de-Nuit apparut enfin à côté de lui. Il était étrange de voir une telle pâleur altérer le teint doré de l'Indien, et la vérité qui se cachait derrière le refus de s'en mêler de ce dernier lui apparut. S'il s'était trouvé à la place de Faucon-de-Nuit, les ébats constants des nouveaux tourtereaux l'aurait sûrement affecté lui aussi.
« Quand elle est prête, emmène-la au cimetière de notre première rencontre, dit Craven tout bas. Le petit cimetière... et fais en sorte que ses coéquipiers ne viennent pas. »
Faucon-de-Nuit ne dit rien alors que Craven disparaissait, mais il sentit un léger poids se lever de ses épaules. Puisque Craven voulait retourner sur les lieux de leur première rencontre, peut-être que cela signifiait qu'il allait apprendre à Tiara quelque chose de nouveau. Il était temps d'accélérer son instruction, mais Faucon-de-Nuit s'était avéré incapable de l'arracher à son compagnon assez longtemps pour y parvenir.
L'idée de la kidnapper pour des leçons privées l'avait effleuré plusieurs fois, et Faucon-de-Nuit était satisfait de ne plus avoir de raison de se retenir de le faire. Il plissa les yeux d'un air méfiant quand la porte d'entrée s'ouvrit lentement, et il vit Jason sortir en titubant dans la nuit fraîche. Le mortel, couvert de sueur, avait une main posée sur le front.
Il se demanda si Jason avait fait l'expérience du problème d'être lié directement aux émotions de Tiara, qui circulaient par l'intermédiaire de l'anneau. Si c'était le cas, cela ne le surprenait pas.
Jason prit une profonde inspiration, laissant l'air de la nuit lui rafraîchir le visage. Il en avait assez senti et entendu cette dernière semaine depuis son emménagement dans la maison avec Tiara. Comme si entendre les deux jeunes mariés en pleine action ne suffisait pas, il devait maintenant ressentir ce qu'elle expérimentait. Il continuait aussi à faire comme si ce n'était pas Zachary qui provoquait ces sensations chez Tiara... cela suffisait à lui donner la chair de poule.
Sortir de la maison aidait certains, mais seules ses oreilles éprouvaient l'effet de cet isolement. Il fixa l'anneau en regrettant de ne pouvoir le retirer de son doigt quelques minutes. Avant, il aurait dû se concentrer pour ressentir les émotions de Tiara... maintenant, il semblait ne plus réussir à s'en défaire. C'était comme d'être entre le marteau et de l'enclume.
Il regarda sa main trembler un moment avant d'enfouir le bout de ses doigts dans sa poche plus ou moins consciemment. Il ne voulait pas que quelqu'un sache qu'il avait des problèmes avec l'anneau, de peur qu'on le lui enlève et qu'il ne fasse plus partie du club.
Le problème, c'était que⦠par moments, il était sujet à des poussées de fièvre, et de sinistres tentations lui traversaient l'esprit depuis deux jours. Des pensées d'un genre bien sombre, et tout à l'opposé de sa personnalité. Jusqu'ici il les contrôlait, mais si cela s'aggravait, il savait qu'il allait devoir en parler aux autres.
Les petits poils sur ses bras se dressèrent et Jason eut l'impression d'être observé. Il tourna la tête et posa un regard méfiant sur un grand arbre au loin. Pendant un instant, il se demanda si la silhouette qu'il venait d'y voir était un simple effet de son imagination ou peut-être un fantôme.
Jason fut dérangé dans ses pensées lorsqu'il entendit soudain un cliquetis derrière lui. Il fit volte-face en pensant qu'un Faucheur avait réussi à survivre au « nettoyage » du cimetière pour les suivre jusque là .
« Je t'ai eu, le nargua Guy en riant. Tu aurais dû voir ta tête. Je suis étonné de constater que ton pantalon est toujours sec.
Jason adressa à Guy un petit sourire mais ne releva même pas.
Guy cessa de rire, en remarquant que Jason n'avait pas l'air en forme.
â Tu sens que ça va aller, ce soir ? On pourrait croire qu'un anneau qui te rend invincible t'empêche aussi d'être malade.
â Je ne suis pas malade⦠c'est juste que je n'ai pas bien dormi, rouspéta Jason, en plongeant un peu plus sa main dans la poche de son jean. Peut-être était-il temps d'en parler à quelqu'un et après tout, Guy n'était pas un mauvais choix puisqu'il pratiquait la magie. Il poursuivit : Fut un temps où je devais me concentrer pour savoir ce que ressentait Tiara... et maintenant que l'anneau recommence à marcher, j'en tire plus que ce que j'avais imaginé. Ce qu'il y a d'étrange là -dedans c'est que⦠cet anneau me donne peu à peu l'impression d'être hanté.
â Que veux-tu dire ? l'interrogea Guy, redevenu sérieux.
Jason secoua la tête, ne sachant comment l'expliquer :
â Rien, c'est sûrement la fatigue due au décalage horaire⦠passer d'humain à surhomme en l'espace de zéro seconde est très fatiguant, en fin de compte.
â Je me demande ce qui prend tant de temps à Zachary et Tiara, fit observer Guy en s'asseyant sur les marches pendant que Jason s'appuyait contre l'un des montants entourant le porche.
â Ouais, je me le demande, répondit Jason qui avait envie de lever les yeux au ciel face à cette question, mais il remercia secrètement Guy d'avoir dévié la conversation du sujet de l'anneau. Il désigna l'arbre d'un signe de tête avant d'ajouter : Je pense avoir vu Faucon-de-Nuit il y a quelques minutes... là -bas, en train d'observer la maison.
L'air inquiet, Guy se tourna dans la direction que Jason leur indiquait. Il se demanda ce que l'Indien s'apprêtait à faire. Carley l'avait surpris à quelques occasions en train de chercher un sortilège qui pourrait rendre visible Faucon-de-Nuit et lui avait dit de laisser tomber. Elle semblait sérieuse, alors il avait abandonné l'idée. Il était content qu'ils aient apportés tous leurs grimoires et parchemins à la maison. C'était un excellent moyen de tuer le temps et aussi de faire abstraction⦠du bruit.
â Il n'est pas vraiment du genre amical, pas vrai ? demanda Jason.
Guy haussa les épaules.
â Il n'a pas à l'être, sa loyauté va à Tiara.
Faucon-de-Nuit les dépassa pour entrer dans la maison. Son voyage chez les esprits le menait à la chambre de Tiara... un endroit où il s'était rendu plusieurs fois sans jamais y rester longtemps. Il apparut soudain dans la pièce, en observant silencieusement Tiara et Zachary qui achevaient de se rhabiller.
Zachary arriva derrière Tiara alors qu'elle enfilait une culotte puis il passa un bras autour d'elle.
â Le pire dans la journée c'est quand tu décides de te rhabiller, la taquina-t-il en déposant un baiser sur son épaule nue.
Tiara s'esclaffa et s'empara de la jupe avant que Zachary ne la convainque de sécher le travail pour cette nuit.
« Nous verrons Craven seuls, cette nuit », lui dit Faucon-de-Nuit.
Tiara fit un bond et posa une main sur son cÅur.
â Arrête de me faire peur comme ça.
â Comme quoi ? releva Zachary, perplexe.
â Pas toi⦠Faucon-de-Nuit, répondit Tiara avec un doux sourire, mais en nouant rapidement sa jupe sur ses hanches.
Déjà qu'elle ne s'était même pas rhabillée de moitié.
â Qui, lui, cet insaisissable, invisible Indien qui n'a pas le moindre soupçon de sociabilité ou de personnalité et qui aime à se balader dans les chambres des autres pendant que nous avons un moment d'intimité ? releva Zachary, alors que la température de la pièce grimpait de plusieurs degrés.