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Symbolistes et Décadents. Gustave KahnЧитать онлайн книгу.

Symbolistes et Décadents - Gustave Kahn


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conteur, dont les tableautins licencieux étaient alors fort goûtés, marchait un groupe d'écrivains plus prosateurs que poètes. Mme Rachilde était le meilleur écrivain en prose de ce groupe.

      Plus que le sonnet de Verlaine, plus que toute raison esthétique, antérieurement à l'apparition du Décadent, qui d'ailleurs fut de quelques jours plus jeune que La Vogue, un petit opuscule fit la fortune du mot: Décadents; quelques-uns des poètes décadents ou de ceux qui furent plus tard symbolistes avaient été parodiés et le groupe naissant avait subi son petit Parnassiculet. Ce furent les Déliquescences d'Adoré Floupette, publié chez Lion Vanné, bibliopole à Byzance. Sous l'inspiration de Paul Arène, esprit charmant et étroit, qui avait été du Parnassiculet (avec le même sentiment d'ironie un peu méchante pour les confrères), un excellent poète, Gabriel Vicaire, et un homme d'esprit, Henri Bauclair, maintenant secrétaire au Petit Journal et qui alors démontrait, dans de brèves nouvelles, des qualités d'humour à la Baric, écrivaient un petit volume, qui se ressentait infiniment du patronage d'Arène, par ses affinités avec le Parnassiculet, et la peinture de mœurs littéraires trop exactement transposées de la Gueuse Parfumée, une œuvre de Paul Arène d'ailleurs fort joliette. Cette pochade dut être faite dans des conditions extraordinaires de rapidité; l'ironie des auteurs s'attaquait à quelques manières très extérieures de Verlaine, de Mallarmé, de Tailhade, de Laforgue; je noterai, ce qui est important, qu'aucune espèce d'allusion n'y est faite au vers libre alors non divulgué; je confesse sans la moindre honte que je n'y suis pas visé, d'autres non plus n'apparurent pas devant la rétine de Vicaire et de Bauclair qui, en somme, dans leurs jeux d'esprit, n'usèrent guère d'autre document que Lutèce, petit journal d'art très amusant que rédigeaient, en donnant surtout des vers de Verlaine, de Moréas, et de Morice, Léo Trèzenick, l'ancien hydropathe Pierre Infernal, dessinateur au chapeau breton, devenu imprimeur et directeur de journal, au Quartier Latin, simultanément comme en province. Il y avait un dîner intitulé les Têtes de pipes, où allaient certains poètes, qui donna à Vicaire et Bauclair des sources vagues. Willy y débutait alors dans un nuage de calembours et de mélancolie, avec un bruit de sonnette folle, et était la moitié de la direction. Vielé-Griffin y donnait des vers signé Alric Thom. On n'y trouverait point de vers libres, mais beaucoup de bonnes choses, connues depuis par l'impression en volume, pas mal de gaieté et de sarcasme. Tout cela un peu bousingot, mais ce n'est la faute de personne, si les idées nouvelles germent dans les cerveaux jeunes, et que la jeunesse est un peu rive gauche. Lutèce et les Déliquescences sont très rive gauche, et pour cela fort incomplètes comme document à consulter. Car enfin, il y a deux rives. Ces jeunes gens ne s'en doutaient pas trop, et l'un d'eux, Stanislas de Guaïta, a donné la note exacte d'un certain état d'esprit, quand, après avoir énuméré dans une préface à un volume de vers, tous les nouveaux poètes existant à sa connaissance, doutant de son universalité il termina en disant: il y en a peut-être d'autres, mais je ne les connais pas; en tout cas, ils ne viennent pas à mon café. Vicaire et Bauclair ne tinrent point ce langage, n'étant ni naïfs ni occultistes et mages, mais ils agirent ainsi; et le gai déjeuner de soleil qu'ils servirent à leurs contemporains aux dépens de quelques poètes, outre qu'il est fané, paraît incompréhensible, à force de peu parodier les vers connus et classés du symbolisme. On trouvera dans ce volume une étude sur Vicaire où j'explique, plus longuement que je ne puis le faire en cette préface, les pourquois de sa parodie. Les Déliquescences ont eu la même importance que le Parnassiculet; elles n'ont su ni caractériser, ni prévoir, et le fait de railler quelques snobs épris, à l'excès, de nouveauté n'a point d'importance. Ces snobs devenus plus nombreux, cela forme le public. Tout récemment, M. André Rivoire, un charmant poète intimiste mais trop académique, dans une étude sur Albert Samain, un parnassien éclectique qui fit du symbolisme, disait que notre public avait paru être très nombreux, beaucoup plus qu'en réalité, qu'en somme il avait été mince. C'est une erreur profonde. Nous avons eu avec nous, à un certain moment, tous les curieux du vers, et de plus, nous avons eu tous les curieux de la littérature qui s'étaient détachés du vers et qui y revenaient pour nous lire. Nous avons fait une renaissance poétique dans le rythme et la curiosité sympathique des lettrés nous accompagna. Qu'il fut facile de rallier, grâce à nos discordes et en lui offrant des transactions, une partie de ce public bienveillant mais indécis, c'est possible. Le jeu est connu des traditionnistes qui s'appuient sur une gloire de tout un passé à laquelle ils n'ajoutent qu'une faible glose, et dont ils usurpent le rayonnement. Ce sont petites haltes sans importance et réactions fatales et brèves. La masse est toujours enchantée de couvrir des transactions qui prennent des nouveautés ce qu'elles ont de plus simple et se réservent sur le reste; posture facile, opportunisme toujours opportun! C'est même un bien que ces réactions. Elles servent plus tard singulièrement à clarifier l'histoire littéraire.

      Il y eut dans ces époques d'incertitude et de développement mental incertain, sur lesquelles je n'insiste si longtemps que parce qu'elles ont donné beaucoup plus de résultats que cela n'était alors généralement prévu et que les écrivains dont je parle se sont développés sur les mêmes principes qu'ils énonçaient alors, (toute part faite au progrès), quelques êtres falots, dont le souvenir ne doit point être banni, au contraire, pas plus que celui des petits romantiques; ils furent le sourire de nos années de lutte, si on peut appeler lutte la production paresseuse et tranquille, au milieu de sarcasmes qui ne nous touchaient point. Parmi ces hommes aimables je voudrais citer au moins Baju, Anatole Baju qui fut un brave homme de self-government. En effet, Baju, humble débarqué de la Creuse lointaine, sous couleur d'éduquer les enfants de la laïque de Saint-Denis, loua une mansarde rue de la Victoire et non seulement il y fonda un journal mais il y installa une imprimerie. Ses directeurs de conscience littéraire furent alternativement, ou tout ensemble, je ne m'en souviens plus, M. Paterne Berrichon et M. Maurice Du Plessys; le journal s'appelait le Décadent. Encore qu'il fut décadent, Baju louchait du côté des Symbolistes. Il pourparla. Peut-être eûmes-nous tort, M. Jean Moréas, qui se voyait grand, et moi-même de l'autoriser seulement à reproduire de nous ce que bon lui semblerait. Baju s'entêta, nous offrit son journal et la rédaction de La Vogue, écrivit un no du Décadent. L'idée de Baju, idée juste au premier chef, était d'être éclectique dans un exclusivisme donné; nous fûmes trop exclusifs et le Décadent retourna aux Décadents, ce qui était fort juste, et puis il mourut, car rien n'est éternel. Le Symboliste, un hebdomadaire à deux sous, que nous avions créé, Adam, Moréas, Laforgue et moi pour être accessible aux petites bourses et avec les capitaux (parfaitement) de la maison Tresse et de la maison Soirat ne vécut que quatre numéros. Un vieux communard l'imprimait dans les fonds de Vaugirard, pour une rétribution, je pense, un peu stricte; le Décadent ne survécut guère au Symboliste. Etéocle et Polynice s'étaient porté des blessures mortelles, et puis la survie du Décadent n'eut qu'une importance relative, il était devenu petite revue; c'était bien gros pour Baju; il y perdait son arome de journal, d'hebdomadaire, ce n'était plus un léger papier drôlet, où toutes les lettres dansaient. Baju avait un imprimeur. Il fut étouffé par le luxe, et depuis il eut des succès politiques; un arrondissement de la Creuse lui donna un jour 2 000 voix, insuffisantes à l'installer parmi nos parlementaires. Il se pourrait que Baju ait été un boulangiste de marque.

      La Vogue était plus sérieuse; elle fut la première revue symboliste, et si elle mourut jeune, au moins ses collections furent-elles presqu'immédiatement recherchées. On sentit tout de suite combien on avait eu tort de l'acheter si peu, et elle donna aux libraires avisés et à des courtiers teintés de littérature d'assez agréables bénéfices. Elle eut de la gloire mi-vivante mi-posthume. Pourtant, tout en contenant de fort belles choses, et notamment les Moralités légendaires de Jules Laforgue en grande partie, elle était dirigée avec assez de paresse, et son directeur, c'est-à-dire moi, avait une tendance excessive à juxtaposer à de la copie purement littéraire des textes d'érudition qui n'y étaient point absolument nécessaires. Mais on comptait sur l'avenir, et l'on voulait être complet. La collection de La Vogue, sur laquelle je n'insisterai point autrement, démontre pourtant deux choses: d'abord que le fameux dénigrement qu'on nous reprocha n'était point notre tendance, et que si nous dénigrâmes nous ne le fîmes que pour notre légitime défense et après d'injustes attaques, puisqu'on ne saurait trouver dans La Vogue d'autres articles critiques qu'un article très camarade que je fis pour l'apparition des Cantilènes de Jean Moréas,


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