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Les compagnons de Jéhu. Alexandre DumasЧитать онлайн книгу.

Les compagnons de Jéhu - Alexandre Dumas


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      Il en sortit après quelques secondes, tenant à la main une boîte de pistolets.

      — Maintenant, milord, demanda Roland, comment allons-nous à

       Vaucluse? à cheval ou en voiture?

      — En voiture, si vous voulez bien. Une voiture, c'est commode beaucoup plus si l'on était blessé: la mienne attend en bas.

      — Je croyais que vous aviez fait dételer?

      — J'en avais donné l'ordre, mais j'ai fait courir après le postillon pour lui donner contre-ordre.

      On descendit l'escalier.

      — Tom! Tom! dit sir John en arrivant à la porte, où l'attendait un domestique dans la sévère livrée d'un groom anglais, chargez- vous de cette boîte. — I am going with, mylord ?_ demanda _le domestique?

      — Yes! répondit sir John.

      Puis, montrant à Roland le marchepied de la calèche qu'abaissait son domestique.

      — Venez, monsieur de Montrevel, dit-il.

      Roland monta dans la calèche et s'y étendit voluptueusement.

      — En vérité, dit-il, il n'y a décidément que vous autres Anglais pour comprendre les voitures de voyage; on est dans la vôtre comme dans son lit. Je parie que vous faites capitonner vos bières avant de vous y coucher.

      — Oui, c'est un fait, répondit John, le peuple anglais, il entend très bien le confortable; mais le peuple français, il est un peuple plus curieux et plus amusant…

      — Postillon, à Vaucluse.

      IV — LE DUEL

      La route n'est praticable que d'Avignon à l'Isle. On fit les trois lieues qui séparent l'Isle d'Avignon en une heure.

      Pendant cette heure, Roland, comme s'il eût pris à tâche de faire paraître le temps court à son compagnon de voyage, fut verveux et plein d'entrain; plus il approchait du lieu du combat, plus sa gaieté redoublait. Quiconque n'eût pas su la cause du voyage ne se fût jamais douté que ce jeune homme, au babil intarissable et au rire incessant, fût sous la menace d'un danger mortel.

      Au village de l'Isle, il fallut descendre de voiture. On s'informa; Roland et sir John étaient les premiers arrivés.

      Ils s'engagèrent dans le chemin qui conduit à la fontaine.

      — Oh! oh! dit Roland, il doit y avoir un bel écho ici.

      Il y jeta un ou deux cris auxquels l'écho répondit avec une complaisance parfaite.

      — Ah! par ma foi, dit le jeune homme, voici un écho merveilleux. Je ne connais que celui de la Seinonnetta, à Milan, qui lui soit comparable. Attendez, milord.

      Et il se mit, avec des modulations qui indiquaient à la fois une voix admirable et une méthode excellente, à chanter une tyrolienne qui semblait un défi porté, par la musique révoltée, au gosier humain.

      Sir John regardait et écoutait Roland avec un étonnement qu'il ne se donnait plus la peine de dissimuler. Lorsque la dernière note se fut éteinte dans la cavité de la montagne:

      — Je crois, Dieu me damne! dit sir John, que vous avez le spleen.

      Roland tressaillit et le regarda comme pour l'interroger. Mais, voyant que sir John n'allait pas plus loin:

      — Bon! et qui vous fait croire cela demanda-t-il.

      — Vous êtes trop bruyamment gai pour n'être pas profondément triste.

      — Oui, et cette anomalie vous étonne?

      — Rien ne m'étonne, chaque chose a sa raison d'être.

      — C'est juste; le tout est d'être dans le secret de la chose. Eh bien, je vais vous y mettre.

      — Oh! je ne vous y force aucunement.

      — Vous êtes trop courtois pour cela; mais avouez que cela vous ferait plaisir d'être fixé à mon endroit.

      — Par intérêt pour vous, oui.

      — Eh bien, milord, voici le mot de l'énigme, et je vais vous dire, à vous, ce que je n'ai encore dit à personne. Tel que vous me voyez, et avec les apparences d'une santé excellente, je suis atteint d'un anévrisme qui me fait horriblement souffrir. Ce sont à tout moment des spasmes, des faiblesses, des évanouissements qui feraient honte à une femme. Je passe ma vie à prendre des précautions ridicules, et, avec tout cela, Larrey m'a prévenu que je dois m'attendre à disparaître de ce monde d'un moment à l'autre, l'artère attaquée pouvant se rompre dans ma poitrine au moindre effort que je ferai. Jugez comme c'est amusant pour un militaire! Vous comprenez que, du moment où j'ai été éclairé sur ma situation, j'ai décidé que je me ferais tuer avec le plus d'éclat possible. Je me suis mis incontinent à l'oeuvre. Un autre plus chanceux aurait réussi déjà cent fois; mais moi, ah bien, oui, je suis ensorcelé: ni balles ni boulets ne veulent de moi; on dirait que les sabres ont peur de s'ébrécher sur ma peau. Je ne manque pourtant pas une occasion; vous l'avez vu d'après ce qui s'est passé à table. Eh bien, nous allons nous battre, n'est-ce pas? Je vais me livrer comme un fou, donner tous les avantages à mon adversaire, cela n'y fera absolument rien: il tirera à quinze pas, à dix pas, à cinq pas, à bout portant sur moi, et il me manquera, ou son pistolet brûlera l'amorce sans partir; et tout cela, la belle avance, je vous le demande un peu, pour que je crève un beau jour au moment où je m'y attendrai le moins, en tirant mes bottes? Mais silence, voici mon adversaire.

      En effet, par la même route qu'avaient suivie Roland et sir John à travers les sinuosités du terrain et les aspérités du rocher, on voyait apparaître la partie supérieure du corps de trois personnages qui allaient grandissant à mesure qu'ils approchaient.

      Roland les compta.

      — Trois. Pourquoi trois, dit-il, quand nous ne sommes que deux.

      — Ah! j'avais oublié, dit l'Anglais: M. de Barjols, autant dans votre intérêt que dans le sien, a demandé d'amener un chirurgien de ses amis.

      — Pourquoi faire? demanda Roland d'un ton brusque et en fronçant le sourcil.

      — Mais pour le cas où l'un de vous serait blessé; une saignée, dans certaines circonstances, peut sauver la vie à un homme.

      — Sir John, fit Roland avec une expression presque féroce, je ne comprends pas toutes ces délicatesses en matière de duel. Quand on se bat, c'est pour se tuer. Qu'on se fasse auparavant toutes sortes de politesses, comme vos ancêtres et les miens s'en sont fait à Fontenoy, très bien; mais, une fois que les épées sont hors du fourreau ou les pistolets chargés, il faut que la vie d'un homme paye la peine que l'on a prise et les battements de coeur que l'on a perdus. Moi, sur votre parole dhonneur, sir John, je vous demande une chose: c'est que blessé ou tué, vivant ou mort, le chirurgien de M. de Barjols ne me touchera pas.

      — Mais cependant, monsieur Roland…

      — Oh! c'est à prendre ou à laisser. Votre parole d'honneur, milord, ou, le diable m'emporte, je ne me bats pas.

      L'Anglais regarda le jeune homme avec étonnement: son visage était devenu livide, ses membres étaient agités d'un tremblement qui ressemblait à de la terreur.

      Sans rien comprendre à cette impression inexplicable, sir John donna sa parole.

      — À la bonne heure, fit Roland; tenez, c'est encore un des effets de cette charmante maladie: toujours je suis prêt à me trouver mal à lidée dune trousse déroulée, à la vue d'un bistouri ou d'une lancette. J'ai dû devenir très pâle, n'est-ce pas?

      — J'ai cru un instant que vous alliez vous évanouir.

      Roland éclata de rire.

      — Ah! la belle affaire que cela eût fait,


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