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Les compagnons de Jéhu. Alexandre DumasЧитать онлайн книгу.

Les compagnons de Jéhu - Alexandre Dumas


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      On passa sans être vu au milieu de la flotte, et, le 8 octobre 1799, on débarqua à Fréjus.

      Ce fut à qui toucherait le premier la terre de France; Roland descendit le dernier.

      Le général en chef semblait ne faire attention à aucun de ces

       détails, pas un ne lui échappait; il fit partir Eugène, Berthier,

       Bourrienne, ses aides de camp, sa suite, par la route de Gap et de

       Draguignan.

      Lui prit incognito la route d'Aix, afin de juger par ses yeux de l'état du Midi, ne gardant avec lui que Roland.

      Dans l'espoir qu'à la vue de la famille, la vie rentrerait dans ce tueur brisé d'une atteinte inconnue, il lui avait annoncé, en arrivant à Aix, qu'il le laisserait à Lyon, et lui donnait trois semaines de congé à titre de gratification pour lui et de surprise à sa mère et à sa soeur.

      Roland avait répondu:

      — Merci, général; ma soeur et ma mère seront bien heureuses de me revoir.

      Autrefois Roland aurait répondu: «Merci, général, je serai bien heureux de revoir ma mère et ma soeur.»

      Nous avons assisté à ce qui s'était passé à Avignon; nous avons vu avec quel mépris profond du danger, avec quel dégoût amer de la vie Roland avait marché à un duel terrible. Nous avons entendu la raison qu'il avait donnée à sir John de son insouciance en face de la mort: la raison était-elle bonne ou mauvaise, vraie ou fausse? Sir John dut se contenter de celle-là; évidemment, Roland n'était point disposé à en donner d'autre.

      Et maintenant, nous lavons dit, tous deux dormaient ou faisaient semblant de dormir, rapidement emportés par le galop de deux chevaux de poste sur la route d'Avignon à Orange.

      VI — MORGAN

      Il faut que nos lecteurs nous permettent d'abandonner un instant Roland et sir John, qui, grâce à la disposition physique et morale dans laquelle nous les avons laissés, ne doivent leur inspirer aucune inquiétude, et de nous occuper sérieusement d'un personnage qui n'a fait qu'apparaître dans cette histoire et qui, cependant, doit y jouer un grand rôle.

      Nous voulons parler de l'homme qui était entré masqué et armé dans la salle de la table d'hôte d'Avignon, pour rapporter à Jean Picot le group de deux cents louis qui lui avait été volé par mégarde, confondu qu'il était avec largent du gouvernement.

      Nous avons vu que l'audacieux bandit, qui s'était donné à lui-même le nom de Morgan, était arrivé à Avignon, masqué, à cheval et en plein jour. Il avait, pour entrer dans l'hôtel du Palais-Égalité, laissé son cheval à la porte, et, comme si ce cheval eût joui dans la ville pontificale et royaliste de la même impunité que son maître, il lavait retrouvé au tournebride, l'avait détaché, avait sauté dessus, était sorti par la porte d'Oulle, avait longé les murailles au grand galop et avait disparu sur la route de Lyon.

      Seulement, à un quart de lieue d'Avignon, il avait ramené son manteau autour de lui pour dérober aux passants la vue de ses armes, et, ôtant son masque, il l'avait glissé dans une de ses fontes.

      Ceux qu'il avait laissés à Avignon si fort intrigués de ce que pouvait être ce terrible Morgan, la terreur du Midi, eussent pu alors, s'ils se fussent trouvés sur la route d'Avignon à Bédarrides, s'assurer par leurs propres yeux si l'aspect du bandit était aussi terrible que l'était sa renommée.

      Nous n'hésitons point à dire que les traits qui se fussent alors offerts à leurs regards leur auraient paru si peu en harmonie avec l'idée que leur imagination prévenue s'en était faite, que leur étonnement eût été extrême.

      En effet, le masque, enlevé par une main d'une blancheur et d'une délicatesse parfaites, venait de laisser à découvert le visage d'un jeune homme de vingt-quatre à vingt-cinq ans à peine, visage qui, par la régularité des traits et la douceur de la physionomie, eût pu le disputer à un visage de femme.

      Un seul détail donnait à cette physionomie ou plutôt devait lui donner, dans certains moments, un caractère de fermeté étrange: c'étaient, sous de beaux cheveux blonds flottant sur le front et sur les tempes, comme on les portait à cette époque, des sourcils, des yeux et des cils d'un noir d'ébène.

      Le reste du visage, nous lavons dit, était presque féminin.

      Il se composait de deux petites oreilles dont on n'apercevait que l'extrémité sous cette touffe de cheveux temporale à laquelle les incroyables de l'époque avaient donné le nom d'oreilles de chien; d'un nez droit et d'une proportion parfaite; d'une bouche un peu brande, mais rosée et toujours souriante, et qui, en souriant, laissait voir une double rangée de dents admirables; d'un menton fin et délicat, légèrement teinté de bleu et indiquant, par cette nuance, que, si sa barbe n'eût point été si soigneusement et si récemment faite, elle eût, protestant contre la couleur dorée de la chevelure, été du même ton que les sourcils, les cils et les yeux, c'est-à-dire du noir le plus prononcé.

      Quant à la taille de l'inconnu, on avait pu l'apprécier au moment où il était entré dans la salle de la table d'hôte: elle était élevée, bien prise, flexible, et dénotait, sinon une grande force musculaire, du moins une grande souplesse et une grande agilité.

      Quant à la façon dont il était à cheval, elle indiquait l'assurance d'un écuyer consommé.

      Son manteau rejeté sur son épaule, son masque caché dans ses fontes, son chapeau enfoncé sur ses yeux, le cavalier reprit l'allure rapide un instant abandonnée par lui, traversa Bédarrides au galop, et, arrivé aux premières maisons d'Orange, entra sous une porte qui se referma immédiatement derrière lui.

      Un domestique attendait et sauta au mors du cheval.

      Le cavalier mit rapidement pied à terre.

      — Ton maître est-il ici? demanda-t-il au domestique.

      — Non, monsieur le baron, répondit celui-ci; cette nuit, il a été forcé de partir, et il a dit que, si monsieur venait et le demandait, on répondît à monsieur qu'il voyageait pour les affaires de la compagnie.

      — Bien, Baptiste. Je lui ramène son cheval en bon état quoique un peu fatigué. Il faudrait le laver avec du vin, en même temps que tu lui donnerais, pendant deux ou trois jours, de l'orge au lieu d'avoine; il a fait quelque chose comme quarante lieues depuis hier matin.

      — Monsieur le_ _baron en a été content?

      — Très content. La voiture est-elle prête?

      — Oui, monsieur le baron, tout attelée sous la remise; le postillon boit avec Julien: monsieur avait recommandé qu'on loccupât hors de la maison pour qu'il ne le vît pas venir.

      — Il croit que c'est ton maître qu'il conduit?

      — Oui, monsieur le baron; voici le passeport de mon maître, avec lequel on a été prendre les chevaux à la poste, et, comme mon maître est allé du côté de Bordeaux avec le passeport de M. le baron, et que M. le baron va du côté de Genève avec le passeport de mon maître, il est probable que l'écheveau de fil sera assez embrouillé pour que dame police, si subtils que soient ses doigts, ne le dévide pas facilement.

      — Détache la valise qui est à la croupe du cheval, Baptiste, et donne-la-moi.

      Baptiste se mit en devoir d'obéir; seulement, la valise faillit lui échapper des mains.

      — Ah! dit-il en riant, M. le baron ne m'avait pas prévenu!

       Diable! M. le baron n'a pas perdu son temps, à ce qu'il paraît.

      — C'est ce qui te trompe, Baptiste: si je n'ai pas perdu tout mon temps, j'en ai au moins perdu beaucoup; aussi je voudrais bien repartir le plus tôt possible.

      — M. le baron ne déjeunera-t-il pas?

      —


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