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La tulipe noire. Alexandre DumasЧитать онлайн книгу.

La tulipe noire - Alexandre Dumas


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recueillie par la populace, soulevait des cris d'enthousiaste amour pour le prince Guillaume, et des hourras d'aveugle rage contre les frères de Witt.

      La populace en était à maudire des juges iniques dont l'arrêt laissait échapper sain et sauf un si abominable criminel que l'était ce scélérat de Corneille.

      Et quelques instigateurs répétaient à voix basse:—Il va partir! il va nous échapper!

      Ce à quoi d'autres répondaient:

      —Un vaisseau l'attend à Scheveningen, un vaisseau français. Tyckelaer l'a vu.

      —Brave Tyckelaer! honnête Tyckelaer! criait en chœur la foule.

      —Sans compter, disait une voix, que pendant cette fuite du Corneille, le Jean, qui est un non moins grand traître que son frère, le Jean se sauvera aussi.

      —Et les deux coquins vont manger en France notre argent, l'argent de nos vaisseaux, de nos arsenaux, de nos chantiers vendus à Louis XIV.

      —Empêchons-les de partir! criait la voix d'un patriote plus avancé que les autres.

      —À la prison! à la prison! répétait le chœur.

      Et sur ces cris, les bourgeois de courir plus fort, les mousquets de s'armer, les haches de luire, et les yeux de flamboyer. Cependant aucune violence ne s'était commise encore, et la ligne de cavaliers qui gardait les abords du Buitenhof demeurait froide, impassible, silencieuse, plus menaçante par son flegme que toute cette foule bourgeoise ne l'était par ses cris, son agitation et ses menaces; immobile sous le regard de son chef, capitaine de la cavalerie de la Haye, lequel tenait son épée hors du fourreau, mais basse et la pointe à l'angle de son étrier. Cette troupe, seul rempart qui défendit la prison, contenait par son attitude, non seulement les masses populaires désordonnées et bruyantes, mais encore le détachement de la garde bourgeoise, qui, placé en face du Buitenhof pour maintenir l'ordre de compte à demi avec la troupe, donnait aux perturbateurs l'exemple des cris séditieux, en criant:—Vive Orange! À bas les traîtres!

      La présence de Tilly et de ses cavaliers était, il est vrai, un frein salutaire à tous ces soldats bourgeois; mais peu après, ils s'exaltèrent par leurs propres cris, et comme ils ne comprenaient pas que l'on pût avoir du courage sans crier, ils imputèrent à la timidité le silence des cavaliers et firent un pas vers la prison entraînant à leur suite toute la tourbe populaire.

      Mais alors le comte de Tilly s'avança seul au-devant d'eux, et levant seulement son épée en fronçant les sourcils:

      —Eh! messieurs de la garde bourgeoise, demanda-t-il, pourquoi marchez-vous, et que désirez-vous?

      Les bourgeois agitèrent leurs mousquets en répétant les cris de:

      —Vive Orange! Mort aux traîtres!

      —Vive Orange! soit! dit M. de Tilly, quoique je préfère les figures gaies aux figures maussades. Mort aux traîtres! si vous le voulez, tant que vous ne le voudrez que par des cris. Criez tant qu'il vous plaira: Mort aux traîtres! mais quant à les mettre à mort effectivement, je suis ici pour empêcher cela, et je l'empêcherai.

      Puis se retournant vers ses soldats:

      —Haut les armes, soldats! cria-t-il.

      Les soldats de Tilly obéirent au commandement avec une précision calme qui fit rétrograder immédiatement bourgeois et peuple, non sans une confusion qui fit sourire l'officier de cavalerie.

      —Là, là! dit-il avec ce ton goguenard qui n'appartient qu'à l'épée, tranquillisez-vous, bourgeois; mes soldats ne brûleront pas une amorce, mais de votre côté vous ne ferez point un pas vers la prison.

      —Savez-vous bien, monsieur l'officier, que nous avons des mousquets? fit tout furieux le commandant des bourgeois.

      —Je le vois pardieu bien, que vous avez des mousquets, dit Tilly, vous me les faites assez miroiter devant l'œil; mais remarquez aussi de votre côté que nous avons des pistolets, que le pistolet porte admirablement à cinquante pas, et que vous n'êtes qu'à vingt-cinq.

      —Mort aux traîtres! cria la compagnie des bourgeois exaspérée.

      —Bah! vous dites toujours la même chose, grommela l'officier, c'est fatigant!

      Et il reprit son poste en tête de la troupe, tandis que le tumulte allait en augmentant autour du Buitenhof.

      Et cependant le peuple échauffé ne savait pas qu'au moment même où il flairait le sang d'une de ses victimes, l'autre, comme si elle eût hâte d'aller au-devant de son sort, passait à cent pas de la place derrière les groupes et les cavaliers pour se rendre au Buitenhof.

      En effet, Jean de Witt venait de descendre de carrosse avec un domestique et traversait tranquillement à pied l'avant-cour qui précède la prison.

      Il s'était nommé au concierge, qui du reste le connaissait, en disant:

      —Bonjour, Gryphus, je viens chercher pour l'emmener hors de la ville mon frère Corneille de Witt, condamné, comme tu sais, au bannissement.

      Et le concierge, espèce d'ours dressé à ouvrir et à fermer la porte de la prison, l'avait salué et laissé entrer dans l'édifice, dont les portes s'étaient refermées sur lui.

      À dix pas de là, il avait rencontré une belle jeune fille de dix-sept à dix-huit ans, en costume de Frisonne, qui lui avait fait une charmante révérence; et il lui avait dit en lui passant la main sous le menton:

      —Bonjour, bonne et belle Rosa; comment va mon frère?

      —Oh! monsieur Jean, avait répondu la jeune fille, ce n'est pas le mal qu'on lui a fait que je crains pour lui: le mal qu'on lui a fait est passé.

      —Que crains-tu donc, la belle fille?

      —Je crains le mal qu'on veut lui faire, monsieur Jean.

      —Ah! oui, dit de Witt, ce peuple, n'est-ce pas!

      —L'entendez-vous?

      —Il est, en effet, fort ému; mais quand il nous verra, comme nous ne lui avons jamais fait que du bien, peut-être se calmera-t-il.

      —Ce n'est malheureusement pas une raison, murmura la jeune fille en s'éloignant pour obéir à un signe impératif que lui avait fait son père.

      —Non, mon enfant, non; c'est vrai ce que tu dis là.

      Puis, continuant son chemin:

      —Voilà, murmura-t-il, une petite fille qui ne sait probablement pas lire et qui par conséquent n'a rien lu, et qui vient de résumer l'histoire du monde dans un seul mot.

      Et toujours aussi calme, mais plus mélancolique qu'en entrant, l'ex-grand pensionnaire continua de s'acheminer vers la chambre de son frère.

       Table des matières

      LES DEUX FRÈRES

      Comme l'avait dit dans un doute plein de pressentiments la belle Rosa, pendant que Jean de Witt montait l'escalier de pierre aboutissant à la prison de son frère Corneille, les bourgeois faisaient de leur mieux pour éloigner la troupe de Tilly qui les gênait.

      Ce que voyant, le peuple, qui appréciait les bonnes intentions de sa milice, criait à tue-tête:—Vivent les bourgeois!

      Quant à M. de Tilly, aussi prudent que ferme, il parlementait avec cette compagnie bourgeoise sous les pistolets apprêtés de son escadron, lui expliquant de son mieux que la consigne donnée par les États lui enjoignait de garder avec trois compagnies la place de la prison et ses alentours.

      —Pourquoi cet ordre? pourquoi garder la prison? criaient les orangistes.

      —Ah! répondait monsieur


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