Эротические рассказы

Moll Flanders. Daniel DefoeЧитать онлайн книгу.

Moll Flanders - Daniel Defoe


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pensais bien, je vous affirme), avec une suffisante fortune en poche, je ne m'estimais pas à une médiocre valeur; plusieurs marchands fort importants me faisaient la cour, et surtout un marchand de toiles, qui se montrait très ardent, et chez qui j'avais pris logement après la mort de mon mari, sa sœur étant de mes amies; là, j'eus toute liberté et occasion d'être gaie et de paraître dans la société que je pouvais désirer, n'y ayant chose en vie plus folle et plus gaie que la sœur de mon hôte, et non tant maîtresse de sa vertu que je le pensais d'abord; elle me fit entrer dans un monde de société extravagante, et même emmena chez elle différentes personnes, à qui il ne lui déplaisait pas de se montrer obligeante, pour voir sa jolie veuve. Or, ainsi que la renommée et les sots composent une assemblée, je fus ici merveilleusement adulée; j'eus abondance d'admirateurs, et de ceux qui se nomment amants; mais dans l'ensemble je ne reçus pas une honnête proposition; quant au dessein qu'ils entretenaient tous, je l'entendais trop bien pour me laisser attirer dans des pièges de ce genre. Le cas était changé pour moi. J'avais de l'argent dans ma poche, et n'avais rien à leur dire. J'avais été prise une fois à cette piperie nommée amour, mais le jeu était fini; j'étais résolue maintenant à ce qu'on m'épousât, sinon rien, et à être bien mariée ou point du tout.

      J'aimais, en vérité, la société d'hommes enjoués et de gens d'esprit, et je me laissais souvent divertir par eux, de même que je m'entretenais avec les autres; mais je trouvai, par juste observation, que les hommes les plus brillants apportaient le message le plus terne, je veux dire le plus terne pour ce que je visais; et, d'autre part, ceux qui venaient avec les plus brillantes propositions étaient des plus ternes et déplaisants qui fussent au monde.

      Je n'étais point si répugnante à un marchand, mais alors je voulais avoir un marchand, par ma foi, qui eût du gentilhomme, et que lorsqu'il prendrait l'envie à mon mari de me mener à la cour ou au théâtre, il sût porter l'épée, et prendre son air de gentilhomme tout comme un autre, et non pas sembler d'un croquant qui garde à son justaucorps la marque des cordons de tablier ou la marque de son chapeau à la perruque, portant son métier au visage, comme si on l'eût pendu à son épée, au lieu de la lui attacher.

      Eh bien, je trouvai enfin cette créature amphibie, cette chose de terre et d'eau qu'on nomme gentilhomme marchand; et comme juste punition de ma folie, je fus prise au piège que je m'étais pour ainsi dire tendu.

      C'était aussi un drapier, car bien que ma camarade m'eût volontiers entreprise à propos de son frère, il se trouva, quand nous en vînmes au point, que c'était pour lui servir de maîtresse, et je restais fidèle à cette règle qu'une femme ne doit jamais se laisser entretenir comme maîtresse, si elle a assez d'argent pour se faire épouser.

      Ainsi ma vanité, non mes principes, mon argent, non ma vertu, me maintenaient dans l'honnêteté, quoique l'issue montra que j'eusse bien mieux fait de me laisser vendre par ma camarade à son frère que de m'être vendue à un marchand qui était bélître, gentilhomme, boutiquier et mendiant tout ensemble.

      Mais je fus précipitée par le caprice que j'avais d'épouser un gentilhomme à me ruiner de la manière la plus grossière que femme au monde; car mon nouveau mari, découvrant d'un coup une masse d'argent, tomba dans des dépenses si extravagantes, que tout ce que j'avais, joint à ce qu'il avait, n'y eût point tenu plus d'un an.

      Il eut infiniment de goût pour moi pendant environ le quart d'une année, et le profit que j'en tirai fut d'avoir le plaisir de voir dépenser pour moi une bonne partie de mon argent.

      —Allons, mon cœur, me dit-il une fois, voulez-vous venir faire un tour à la campagne pendant huit jours?

      —Eh, mon ami, dis-je, où donc voulez-vous aller?

      —Peu m'importe où, dit-il, mais j'ai l'envie de me pousser de la qualité pendant une semaine; nous irons à Oxford, dit-il.

      —Et comment irons-nous? dis-je; je ne sais point monter à cheval, et c'est trop loin pour un carrosse.

      —Trop loin! dit-il—nul endroit n'est trop loin pour un carrosse à six chevaux. Si je vous emmène, je veux que vous voyagiez en duchesse.

      —Hum! dis-je, mon ami, c'est une folie; mais puisque vous en avez l'envie, je ne dis plus rien.

      Eh bien, le jour fut fixé; nous eûmes un riche carrosse, d'excellents chevaux, cocher, postillon, et deux laquais en très belles livrées, un gentilhomme à cheval, et un page, avec une plume au chapeau, sur un autre cheval; tout le domestique lui donnait du Monseigneur, et moi, j'étais Sa Grandeur la Comtesse; et ainsi nous fîmes le voyage d'Oxford, et ce fut une excursion charmante; car pour lui rendre son dû, il n'y avait pas de mendiant au monde qui sût mieux que mon mari trancher du seigneur. Nous visitâmes toutes les curiosités d'Oxford et nous parlâmes à deux ou trois maîtres des collèges de l'intention où nous étions d'envoyer à l'Université un neveu qui avait été laissé aux soins de Sa Seigneurie, en leur assurant qu'ils seraient désignés comme tuteurs; nous nous divertîmes à berner divers pauvres écoliers de l'espoir de devenir pour le moins chapelains de Sa Seigneurie et de porter l'échappe; et ayant ainsi vécu en qualité pour ce qui était au moins de la dépense, nous nous dirigeâmes vers Northampton, et en somme nous rentrâmes au bout de douze jours, la chanson nous ayant coûté 93£.

      La vanité est la plus parfaite qualité d'un fat; mon mari avait cette excellence de n'attacher aucune valeur à l'argent. Comme son histoire, ainsi que vous pouvez bien penser, est de très petit poids, il suffira de vous dire qu'au bout de deux ans et quart il fit banqueroute, fut envoyé dans une maison de sergent, ayant été arrêté sur un procès trop gros pour qu'il pût donner caution; de sorte qu'il m'envoya chercher pour venir le voir.

      Ce ne fut pas une surprise pour moi, car j'avais prévu depuis quelque temps que tout s'en irait à vau-l'eau, et j'avais pris garde de mettre en réserve, autant que possible, quelque chose pour moi; mais lorsqu'il me fit demander, il se conduisit bien mieux que je n'espérais, me dit tout net qu'il avait agi en sot et s'était laissé prendre où il eût pu faire résistance; qu'il prévoyait maintenant qu'il ne pourrait plus parvenir à rien; que par ainsi il me priait de rentrer et d'emporter dans la nuit tout ce que j'avais de valeurs dans la maison, pour le mettre en sûreté; et ensuite il me dit que si je pouvais emporter du magasin 100 ou 200£ de marchandises, je devais le faire.

      —Seulement, dit-il, ne m'en faites rien savoir; ne me dites pas ce que vous prenez, où vous l'emportez; car pour moi, dit-il, je suis résolu à me tirer de cette maison et à m'en aller; et si vous n'entendez jamais plus parler de moi, mon amour, je vous souhaite du bonheur; Je suis fâché du tort que je vous ai fait.

      Il ajouta quelques choses très gracieuses pour moi, comme je m'en allais; car je vous ai dit que c'était un gentilhomme, et ce fut tout le bénéfice que j'en eus, en ce qu'il me traita fort galamment, jusqu'à la fin, sinon qu'il dépensa tout ce que j'avais et me laissa le soin de dérober à ses créanciers de quoi manger.

      Néanmoins je fis ce qu'il m'avait dit, comme bien vous pouvez penser; et ayant ainsi pris congé de lui, je ne le revis plus jamais; car il trouva moyen de s'évader hors de la maison du baillif cette nuit ou la suivante; comment, je ne le sus point, car je ne parvins à apprendre autre chose, sinon qu'il rentra chez lui à environ trois heures du matin, fit transporter le reste de ses marchandises à la Monnaie, et fermer la boutique; et, ayant levé l'argent qu'il put, il passa en France, d'où je reçus deux ou trois lettres de lui, point davantage. Je ne le vis pas quand il rentra, car m'ayant donné les instructions que j'ai dites, et moi ayant employé mon temps de mon mieux, je n'avais point d'affaire de retourner à la maison, ne sachant si je n'y serais arrêtée par les créanciers; car une commission de banqueroute ayant été établie peu à après, on aurait pu m'arrêter par ordre des commissaires. Mais mon mari s'étant désespérément échappé de chez le baillif, en se laissant tomber presque du haut de la maison sur le haut d'un autre bâtiment d'où il avait sauté et qui avait presque deux étages, en quoi il manqua de bien peu se casser le cou, il rentra et emmena ses marchandises avant que les créanciers pussent venir saisir, c'est-à-dire, avant qu'ils eussent obtenu la commission à temps pour envoyer les officiers prendre possession.

      Mon mari fut si honnête


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