Эротические рассказы

La Maison Tellier. Guy de MaupassantЧитать онлайн книгу.

La Maison Tellier - Guy de Maupassant


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voisines, éclataient de rire à tout instant, mises en train d'ailleurs par les vaines tentatives de Rivet.

      Une lumière folle emplissait les champs, une lumière miroitant aux yeux; et les roues soulevaient deux sillons de poussière qui voltigeaient longtemps derrière la voiture sur la grand'route.

      Tout à coup Fernande, qui aimait la musique, supplia Rosa de chanter; et celle-ci entama gaillardement le Gros Curé de Meudon. Mais Madame tout de suite la fit taire, trouvant cette chanson peu convenable en ce jour. Elle ajouta:—«Chante-nous plutôt quelque chose de Béranger.»—Alors Rosa, après avoir hésité quelques secondes, fixa son choix, et de sa voix usée commença la Grand'mère:

      Ma grand'mère, un soir à sa fête,

       De vin pur ayant bu deux doigts,

       Nous disait, en branlant la tête:

       Que d'amoureux j'eus autrefois!

       Combien je regrette

       Mon bras si dodu,

       Ma jambe bien faite,

       Et le temps perdu!

      Et le choeur des filles, que Madame elle-même conduisait, reprit:

      Combien je regrette

       Mon bras si dodu,

       Ma jambe bien faite,

       Et le temps perdu.

      —Ça, c'est tapé! déclara Rivet, allumé par la cadence: et Rosa aussitôt continua:

      Quoi, maman, vous n'étiez pas sage?

       —Non, vraiment! et de mes appas,

       Seule, à quinze ans, j'appris l'usage,

       Car, la nuit, je ne dormais pas.

      Tous ensemble hurlèrent le refrain; et Rivet tapait du pied sur son brancard, battait la mesure avec les rênes sur le dos du bidet blanc qui, comme s'il eût été lui-même enlevé par l'entrain du rythme, prit le galop, un galop de tempête, précipitant ces dames en tas les unes sur les autres dans le fond de la voiture.

      Elles se relevèrent en riant comme des folles. Et la chanson continua, braillée à tue-tête à travers la campagne, sous le ciel brûlant, au milieu des récoltes mûrissantes, au train enragé du petit cheval qui s'emballait maintenant à tous les retours du refrain, et piquait chaque fois ses cent mètres de galop, à la grande joie des voyageurs.

      De place en place, quelque casseur de cailloux se redressait, et regardait à travers son loup de fil de fer cette carriole enragée et hurlante emportée dans la poussière.

      Quand on descendit devant la gare, le menuisier s'attendrit:—«C'est dommage que vous partiez, on aurait bien rigolé.»

      Madame lui répondit sensément:—«Toute chose a son temps, on ne peut pas s'amuser toujours.»—Alors une idée illumina l'esprit de Rivet:—«Tiens, dit-il, j'irai vous voir à Fécamp le mois prochain.»—Et il regarda Rosa d'un air rusé, avec un oeil brillant et polisson.—«Allons, conclut Madame, il faut être sage; tu viendras si tu veux, mais tu ne feras point de bêtises.»

      Il ne répondit pas, et comme on entendait siffler le train, il se mit immédiatement à embrasser tout le monde. Quand ce fut au tour de Rosa, il s'acharna à trouver sa bouche que celle-ci, riant derrière ses lèvres fermées, lui dérobait chaque fois par un rapide mouvement de côté. Il la tenait en ses bras, mais il n'en pouvait venir à bout, gêné par son grand fouet qu'il avait gardé à sa main et que, dans ses efforts, il agitait désespérément derrière le dos de la fille.

      —Les voyageurs pour Rouen, en voiture! cria l'employé. Elles montèrent.

      Un mince coup de sifflet partit, répété tout de suite par le sifflement puissant de la machine qui cracha bruyamment son premier jet de vapeur pendant que les roues commençaient à tourner un peu avec un effort visible.

      Rivet, quittant l'intérieur de la gare, courut à la barrière pour voir encore une fois Rosa; et comme le wagon plein de cette marchandise humaine passait devant lui, il se mit à faire claquer son fouet en sautant et chantant de toutes ses forces:

      Combien je regrette

       Mon bras si dodu,

       Ma jambe bien faite

       Et le temps perdu!

      Puis il regarda s'éloigner un mouchoir blanc qu'on agitait.

       Table des matières

      Elles dormirent jusqu'à l'arrivée, du sommeil paisible des consciences satisfaites; et quand elles rentrèrent au logis, rafraîchies, reposées pour la besogne de chaque soir, Madame ne put s'empêcher de dire:—«C'est égal, il m'ennuyait déjà de la maison.»

      On soupa vite, puis, quand on eut repris le costume de combat, on attendit les clients habituels; et la petite lanterne allumée, la petite lanterne de madone, indiquait aux passants que dans la bergerie le troupeau était revenu.

      En un clin d'oeil la nouvelle se répandit, on ne sait comment, on ne sait par qui. M. Philippe, le fils du banquier, poussa même la complaisance jusqu'à prévenir par un exprès M. Tournevau, emprisonné dans sa famille.

      Le saleur avait justement chaque dimanche plusieurs cousins à dîner, et l'on prenait le café quand un homme se présenta avec une lettre à la main. M. Tournevau, très ému, rompit l'enveloppe et devint pâle: il n'y avait que ces mots tracés au crayon: «Chargement de morues retrouvé; navire entré au port; bonne affaire pour vous. Venez vite

      Il fouilla dans ses poches, donna vingt centimes au porteur, et rougissant soudain jusqu'aux oreilles: «Il faut, dit-il, que je sorte.» Et il tendit à sa femme le billet laconique et mystérieux. Il sonna, puis lorsque parut la bonne:—«Mon pardessus, vite, vite, et mon chapeau.»—À peine dans la rue, il se mit à courir en sifflant un air, et le chemin lui parut deux fois plus long tant son impatience était vive.

      L'établissement Tellier avait un air de fête. Au rez-de-chaussée les voix tapageuses des hommes du port faisaient un assourdissant vacarme. Louise et Flora ne savaient à qui répondre, buvaient avec l'un, buvaient avec l'autre, méritaient mieux que jamais leur sobriquet des «deux Pompes». On les appelait partout à la fois; elles ne pouvaient déjà suffire à la besogne, et la nuit pour elles s'annonçait laborieuse.

      Le cénacle du premier fut au complet dès neuf heures. M. Vasse, le juge au tribunal de commerce, le soupirant attitré mais platonique de Madame, causait tout bas avec elle dans un coin; et ils souriaient tous les deux comme si une entente était près de se faire. M. Poulin, l'ancien maire, tenait Rosa à cheval sur ses jambes; et elle, nez à nez avec lui, promenait ses mains courtes dans les favoris blancs du bonhomme. Un bout de cuisse nue passait sous la jupe de soie jaune relevée, coupant le drap noir du pantalon, et les bas rouges étaient serrés par une jarretière bleue, cadeau du commis voyageur.

      La grande Fernande, étendue sur le sopha, avait les deux pieds sur le ventre de M. Pimpesse, le percepteur, et le torse sur le gilet du jeune M. Philippe dont elle accrochait le cou de sa main droite, tandis que de la gauche elle tenait une cigarette.

      Raphaële semblait en pourparlers avec M. Dupuis, l'agent d'assurances, et elle termina l'entretien par ces mots:—«Oui, mon chéri, ce soir, je veux bien.»—Puis, faisant seule un tour de valse rapide à travers le salon:—«Ce soir, tout ce qu'on voudra,» cria-t-elle.

      La porte s'ouvrit brusquement et M. Tournevau parut. Des cris enthousiastes éclatèrent:—«Vive Tournevau!»—Et Raphaële, qui pivotait toujours, alla tomber sur son coeur. Il la saisit d'un enlacement formidable, et sans dire un mot, l'enlevant de terre comme une plume, il traversa le salon, gagna la porte du fond, et disparut dans l'escalier des chambres avec son fardeau vivant, au milieu des applaudissements.

      Rosa,


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