Une Étreinte Au Clair De Lune. Amanda MarielЧитать онлайн книгу.
craignait pas le dur labeur. Il était certain qu’elle succomberait à son charme, en définitive. Il fallait seulement qu’il l’approche d’une manière différente de ses soupirants habituels. Une fois qu’il aurait suscité son intérêt, il gagnerait son affection.
— Une dernière chose, dit Réginald.
Colin releva les sourcils avec curiosité.
— Vous devez réussir avant la fin de la saison pour pouvoir gagner le pari.
Colin vida le contenu de son verre.
— Je n’aurai pas besoin de toute la saison.
— Nous verrons. À présent, officialisons-nous ce pari par écrit ? demanda Réginald.
— Grand dieu, non. Ayez un peu de respect pour la réputation de cette fille. Je n’ai nul désir de causer sa perte, ni n’aspire à me retrouver la corde au cou devant le pasteur.
Colin fit un signe afin qu’on remplisse à nouveau son verre avant de reporter son attention sur Réginald.
— Ceci reste entre nous ou bien il n’y a pas de pari.
Réginald hocha la tête.
— Très bien, mais ne vous imaginez pas que votre parole suffira à vous rendre victorieux. J’exigerai une preuve.
— Assurément. Et c’est pourquoi vous serez présent à chaque événement mondain auquel j’assisterai, en commençant, demain soir, par le bal masqué de Baxtor.
— Pour la première fois de ma vie, je suis impatient de me rendre à un bal, dit Réginald en souriant d’un air narquois.
— Accrochez-vous à cette bonne humeur tant que vous le pouvez. J’imagine qu’elle s’assombrira considérablement lorsque vous perdrez votre pari.
Colin pourrait utiliser l’atmosphère de mystère entourant le bal de Baxtor à son avantage. Eveiller l’intérêt de Lady Tabitha sous le couvert d’une intrigue, et, avant la fin de la nuit, elle serait bel et bien prise au piège, pour nulle autre raison que la curiosité.
Chapitre 2
Bon nombre de membres proéminents de la bonne société assisteront au bal masqué de Baxtor, ce soir. La rumeur court que les débutantes les plus recherchées de Londres, les filles du duc de Montrose, Lady Tabitha et Lady Priscilla, seront parmi l’assemblée. Il est dommage que tout le monde soit dissimulé derrière un masque, mais comme vous le savez, personne ne demeure caché éternellement.
~ Les Rumeurs de Lady X
Lady Tabitha Pemberton pensa qu’il n’y avait rien qu’elle appréciait davantage qu’une salle de bal comble. La musique, la bonne humeur, et les toilettes élégantes la mettaient toujours d’humeur joyeuse, et elle ne se lassait jamais de flirter et de danser toute la soirée.
Ce soir, elle assistait au bal masqué de Baxtor vêtue d’une robe de bal en mousseline du rose le plus pâle, les cheveux relevés au sommet de sa tête et parsemés d’une dentelle de perles. Un masque en plumes d’autruche, dentelle et perles dissimulait son identité, ajoutant un air de mystère. Et plus important, leurs parents s’étaient suffisamment détendus pour s’amuser, au lieu de passer la soirée à surveiller les moindres faits et gestes de Tabitha et de sa sœur jumelle Priscilla.
Elle sourit à Priscilla, qui se tenait à ses côtés à la table du buffet.
— Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous aviez dansé deux fois avec le même homme.
Priscilla fronça les sourcils.
— Cela pouvait difficilement être évité.
— Balivernes, dit Tabitha.
Avant de débuter leur saison londonienne, Tabitha et Priscilla s’étaient mises d’accord qu’aucune d’elles ne se marierait avant l’année suivante. Elles voulaient profiter de leur première saison à Londres. Être jeunes, faire connaissance avec les plus beaux partis, et assister à autant d’événements mondains que possible – et avant tout, elles voulaient se donner le temps d’apprécier leur célibat et leur liberté avant de se faire passer la corde au cou.
— Il est plutôt empressé, mais je vous assure qu’il n’aura pas de troisième danse. De toute façon, il s’agit un bal masqué, donc il ne sait pas qui je suis, dit Priscilla avec un geste désinvolte. Je ne veux pas figurer dans les journaux à scandale demain matin, ni me laisser prendre au piège du mariage.
Tabitha prit une flûte sur la table et but une gorgée.
— Dans ce cas, vous pourriez être plus attentive à notre accord.
— Je le suis. Je l’ai toujours présent à l’esprit.
Les sourcils de Priscilla se froncèrent, plissant son front.
— Je leur dis à tous que je ne me marierai pas avant la prochaine saison. Et puis, nous sommes à un bal costumé, il ignore mon identité.
Sur le premier point, Tabitha disait la même chose, mais cela décourageait rarement ses soupirants. Chaque matin apportait une nouvelle vague de visiteurs et de fleurs fraîches. Indépendamment du fait qu’elle soit la fille d’un duc et possède une dot importante, elle et sa sœur étaient considérées comme d’une grande beauté, des diamants de la plus belle eau. Leur refus de se marier cette saison ennuyait, sans aucun doute, de nombreux hommes désireux de prendre une épouse, mais les parents de Tabitha et Priscilla les supportaient de tout leur cœur.
Elle observa le gentleman avec qui Priscilla avait dansé.
— Avez-vous pu de deviner qui c’est ?
— Lord Fairchild. J’ai reconnu sa voix dès l’instant où il a parlé, dit Priscilla en agitant son éventail d’un air nonchalant.
— Si vous l’avez reconnu avec une telle facilité, comme pouvez-vous être si sûre qu’il n’a pas, lui aussi, percé votre identité à jour ?
Priscilla fronça les sourcils.
— Bonne remarque.
C’était un jeu auquel tous s’adonnaient lors des bals costumés. Le mystère et la mascarade permettaient aux gens de se comporter avec davantage de liberté, mais ce n’était que la moitié de l’amusement. Deviner l’identité des uns et des autres en constituait l’autre moitié. Tabitha avait découvert l’identité de chaque homme avec qui elle avait dansé avant que leur tour ne soit terminé, et au moins quelques-uns avaient deviné qui elle était également.
— Je souhaite simplement que vous soyez prudente.
— Je le serai, dit Priscilla en prenant un verre de limonade sur la table. Même si je dois ajouter que vous prenez tout cela trop au sérieux.
— Au contraire, c’est vous qui n’êtes pas assez sérieuse.
Tabitha repéra au loin son prochain cavalier se dirigeant dans sa direction, et le salua d’un grand sourire. Il hocha la tête, offrant en retour son propre sourire derrière un masque noir et argent, tout en continuant à se rapprocher, son domino se soulevant derrière lui.
Tabitha reporta son attention sur Priscilla.
— Ne les laissez pas devenir trop proches.
Elle pivota et jeta un regard par-dessus son épaule.
— Jamais plus d’une seule danse, ma chère sœur.
— Absolument.
Priscilla porta son verre à ses lèvres.
Tabitha glissa la main sous le bras offert par son cavalier et l’autorisa à l’emmener sur le parquet de danse. Elle allait cesser de s’inquiéter pour Priscilla et profiter de sa soirée. Elle ne pouvait rien faire de plus pour sa