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La Sacrifiée Indécise. Ines JohnsonЧитать онлайн книгу.

La Sacrifiée Indécise - Ines Johnson


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moi qui ai eu la plus grosse, aucun doute, se moqua Ilia.

      Béryl savait qu’il ne devrait pas se lancer dans cette dispute stupide. Comme lui, Ilia cherchait seulement une raison d’en venir aux mains. Aucun de leurs dragons n’avait mieux à faire.

      Béryl venait de soulever quatre cent cinquante kilos d’haltères. Son cœur pompait toujours et était surmené après son combat d’hier. Cela pourrait l’apaiser de frapper son frère au visage pendant quelques minutes. Le seul problème, c’était qu’il n’était pas certain d’avoir suffisamment de contrôle sur sa bête pour ne pas réellement tuer Ilia.

      — Tu es juste fâché qu’Arnold ait gagné le titre, chantonna Ilia. Tu sais que Terminator pourrait battre Hulk quand il veut.

      Et voilà comment son contrôle lui échappa. Béryl se releva. Il n’en fallait pas beaucoup pour que les dragons se battent. Ces mots-là étaient une sérieuse provocation. Tout le monde savait que Hulk était plus fort que ce bellâtre taiseux en métal.

      Béryl se métamorphosa presque en faisant face à son frère, mais il se retint. Il portait un t-shirt Gold’s Gym. La Valkyrie avait dit que ce type de vêtement était de plus en plus difficile à trouver de l’autre côté du Voile. Il ne voulait pas détruire celui-ci. C’était son préféré.

      — Peu importe, dit Béryl. Si tu veux soutenir le méchant qui remonte le temps pour détruire toute l’humanité, alors vas-y. Hulk se bat pour les opprimés.

      — Même pas vrai, répliqua Ilia. Banner ne peut pas contrôler le monstre en lui. Mais Terminator est tout en contrôle.

      — Ah, ouais ? Si Terminator est un tel héros, alors pourquoi meurt-il dans une cuve en feu pour ne jamais revenir ?

      Ilia ne pouvait rien répliquer à ça. Hulk était peut-être hors de contrôle, mais il était toujours du côté du bien. Et Terminator n’avait eu qu’un seul film, et il mourait à la fin. Banner n’arrêtait pas de faire des efforts pour garder son monstre sous contrôle. Ils n’avaient pas vu la fin de la série, mais Béryl était certain que l’homme vert et l’humain devaient parvenir à être en harmonie un jour. C’étaient des héros. C’était ce que les héros faisaient.

      Béryl passa en trombe devant son frère. Mais sa bête continuait à tourner en rond dans ses entrailles. Il devrait peut-être aller trouver une fée pour soulager un peu la pression dans ses reins. Qui savait quand Morrigan reviendrait avec une sacrifiée. Et même si elle le faisait, il devrait probablement combattre ses autres frères pour elle.

      Enfin, juste Ilia. Elek n’avait aucune envie d’avoir une compagne. Rhyol ne pourrait rien faire avec une compagne, même s’il essayait, puisqu’il était coincé sous forme de dragon depuis des années.

      Alors, ce serait juste lui et Ilia. Ilia cherchait la moindre raison de se battre. L’avorton de leur portée essayait toujours de prouver sa valeur dans une famille de mâles plus grands.

      Béryl aperçut Elek tandis que l’homme taciturne rentrait et sortait des ombres du château. Il allait probablement rendre visite à sa mère. Miyaoaxochitl n’avait plus eu la moindre réaction depuis qu’elle avait donné naissance à Elek et perdu le frère de celui-ci.

      Corin et Chryssie étaient dans leurs chambres au-dessus. Kimber était dans les mines. Sa compagne, Cardi, qui n’avait pas encore atteint l’âge d’être revendiquée, était probablement dans la salle de jeu en train de jouer à un jeu vidéo ; un des jeux de combat où elle pouvait utiliser une arme pour décapiter des hommes à coups d’explosifs.

      Béryl crut avoir vu Rhyol voler par la fenêtre. Mais non, ce n’étaient pas les écailles bleues de son frère. Ce dragon avait des écailles brunes. Seuls les dragons de sang pur avaient des écailles brunes.

      Béryl reconnut le dragon. Il appartenait à la Valkyrie, Morrigan. Elle était là.

      Avec Ilia en bas dans la tanière, Béryl arriverait à la sacrifiée en premier. Il pourrait la marquer, et elle serait à lui sans combat. Il fonça jusqu’à la porte de derrière, juste à temps pour voir la Valkyrie atterrir.

      — Où est-elle ? demanda Béryl.

      — On se calme, l’écailleux, dit Morrigan en sautant du dos du dragon. J’ai beaucoup de choses à décharger.

      — Tu l’as ? Tu as ma sacrifiée ?

      — Pour Cardi, j’ai la collection de films de John Hugues avec des adolescentes rousses en pleine crise qui courent après les garçons. Ou alors, attends ? Est-ce qu’il n’y a qu’une seule fille ? La même à chaque fois ? Je ne sais pas. Tous les humains se ressemblent. Pour Corin, j’ai sa machine à ultrasons pour qu’il puisse espionner ses dragonneaux, ce qui montre tout de suite quel genre de père il sera. Et tu voulais le nouveau Donkey Kong

      — Assez, gronda Béryl.

      Les yeux de la Valkyrie étincelèrent d’une lueur dangereuse.

      Béryl baissa la tête. Les dragons étaient peut-être au sommet de la chaîne alimentaire dans le Voile. Il pouvait rugir sur ses frères. Il pouvait étrangler un lion. Mais il ne survivrait pas au courroux ou à l’épée d’une Valkyrie. Les filles de la Déesse étaient bien au-delà de la chaîne alimentaire.

      Tout là-haut, Béryl vit les écailles bleues de Rhyol scintiller sous la lune. Son frère planait, en les observant. À une fenêtre, il vit Elek regarder vers le bas, ses yeux d’ambre rougeoyant dans la nuit. Rhyol et Elek se joindraient au combat si c’était nécessaire. Et ils périraient tous les deux.

      — S’il te plaît, dit Béryl.

      Il était désespéré. Il avait déjà assez de mal à contenir sa bête comme cela. Celle-ci avait l’intention d’arracher la tête de la Valkyrie, quelque chose qui scellerait à la fois le sort de l’homme et de la bête.

      Morrigan fit tranquillement le tour de son dragon. Il y avait deux sacoches de taille humaine sur son dos. Béryl sentit l’odeur du sang émaner du premier. Ce devait être la capture de Morrigan pour le Valhalla. Les Valkyries ne tuaient habituellement pas leurs proies avant de les amener derrière le Voile. Béryl se demanda brièvement ce qui avait suscité tant de colère qu’elle avait tué l’homme plus tôt.

      Mais ce triste sac fut instantanément oublié en faveur du second. Le regard de Béryl se posa sur la sacoche que la Valkyrie retirait. Morrigan la souleva sans aucun effort.

      Béryl sentait le parfum délectable qui s’en dégageait. Cela sentait comme quelque chose de doux, mais qui ne provenait pas de la nature. Il y avait aussi une odeur acide qui lui rappela celle des potions dans le laboratoire de Corin. En dessous de tout cela, il y avait le parfum de quelque chose de léger, comme une brise au-dessus d’une petite étendue d’eau. Il tendit la main vers le sac.

      Morrigan le reprit d’un coup sec.

      — Han han han. Paie d’abord.

      Béryl serra les dents.

      — Suis-moi, dit-il.

      Il guida la Valkyrie jusqu’à l’entrée des mines. Il longea les mines de rubis de Corin et celles de diamants de Kimber. Il entra dans ses propres mines où les émeraudes étaient enterrées sous la roche.

      — Prends ce que tu veux, dit-il à la Valkyrie.

      Les yeux de celle-ci étincelèrent à nouveau, mais d’une lueur d’avidité plutôt que de colère, cette fois. Elle lui tendit la sacoche et partit faire son shopping.

      Pendant un instant, Béryl se contenta de tenir le sac dans ses bras. Elle ne pesait rien, mais elle était lourde d’importance. Lentement, il retira l’épaisseur de tissu pour dévoiler un visage rond. De douces boucles rousses encadraient son visage. Un petit nez en bouton séparait ses traits en deux moitiés parfaitement symétriques. Ses lèvres étaient petites, pleines et en forme de cœur.

      —


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