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L'homme qui rit. Victor HugoЧитать онлайн книгу.

L'homme qui rit - Victor  Hugo


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est quand elle croule du pôle.

      Son oeil était vitreux. Le nuage semblait croître sur son visage en même temps qu’à l’horizon.

      Il reprit avec un accent de rêverie:

      – Toutes les minutes amènent l’heure. La volonté d’en haut s’entr’ouvre.

      Le patron de nouveau se posa intérieurement ce point d’interrogation: Est-ce un fou?

      – Patron, repartit le docteur, la prunelle toujours attachée sur le nuage, as-tu beaucoup navigué dans la Manche?

      Le patron répondit:

      – C’est aujourd’hui la première fois.

      Le docteur, que le nuage bleu absorbait, et qui, de même que l’éponge n’a qu’une capacité d’eau, n’avait qu’une capacit d’anxiété, ne fut pas, à cette réponse du patron, ému au del d’un très léger dressement d’épaule.

      – Comment cela?

      – Seigneur docteur, je ne fais habituellement que le voyage d’Irlande. Je vais de Fontarabie à Black-Harbour ou à l’île Akill, qui est deux îles. Je vais parfois à Brachipult, qui est une pointe du pays de Galles. Mais je gouverne toujours par del les îles Scilly. Je ne connais pas cette mer-ci.

      – C’est grave. Malheur à qui épelle l’océan! La Manche est une mer qu’il faut lire couramment. La Manche, c’est le sphinx. Méfie-toi du fond.

      – Nous sommes ici dans vingt-cinq brasses.

      – Il faut arriver aux cinquante-cinq brasses qui sont au couchant et éviter les vingt qui sont au levant.

      – En route, nous sonderons.

      – La Manche n’est pas une mer comme une autre. La marée y monte de cinquante pieds dans les malines et de vingt-cinq dans les mortes eaux. Ici, le reflux n’est pas l’èbe, et l’èbe n’est pas le jusant. Ah! tu m’avais l’air décontenancé en effet.

      – Cette nuit, nous sonderons.

      – Pour sonder, il faut s’arrêter, et tu ne pourras.

      – Pourquoi?

      – Parce que le vent.

      – Nous essaierons.

      – La bourrasque est une épée aux reins.

      – Nous sonderons, seigneur docteur.

      – Tu ne pourras pas seulement mettre côté à travers.

      – Foi en Dieu.

      – Prudence dans les paroles. Ne prononce pas légèrement le nom irritable.

      – Je sonderai, vous dis-je.

      – Sois modeste. Tout à l’heure tu vas être souffleté par le vent.

      – Je veux dire que je tâcherai de sonder.

      – Le choc de l’eau empêchera le plomb de descendre et la ligne cassera. Ah! tu viens dans ces parages pour la première fois!

      – Pour la première fois.

      – Eh bien, en ce cas, écoute, patron.

      L’accent de ce mot, écoute, était si impératif que le patron salua.

      – Seigneur docteur, j’écoute.

      – Amure à bâbord et borde à tribord.

      – Que voulez-vous dire?

      – Mets le cap à l’ouest.

      – Caramba!

      – Mets le cap à l’ouest.

      – Pas possible,

      – Comme tu voudras. Ce que je t’en dis, c’est pour les autres. Moi, j’accepte.

      – Mais, seigneur docteur, le cap à l’ouest…

      – Oui, patron.

      – C’est le vent debout!

      – Oui. patron.

      – C’est un tangage diabolique!

      – Choisis d’autres mots. Oui, patron.

      – C’est le navire sur le chevalet!

      – Oui, patron.

      – C’est peut-être le mât rompu!

      – Peut-être.

      – Vous voulez que je gouverne à l’ouest!

      – Oui.

      – Je ne puis.

      – En ce cas, fais ta dispute avec la mer comme tu voudras.

      – Il faudrait que le vent changeât.

      – Il ne changera pas de toute la nuit.

      – Pourquoi?

      – Ceci est un souffle long de douze cents lieues.

      – Aller contre ce vent-là! impossible.

      – Le cap à l’ouest, te dis-je!

      – J’essaierai. Mais malgré tout nous dévierons.

      – C’est le danger.

      – La brise nous chasse à l’est.

      – Ne va pas à l’est.

      – Pourquoi?

      – Patron, sais-tu quel est aujourd’hui pour nous le nom de la mort?

      – Non.

      – La mort s’appelle l’est.

      – Je gouvernerai à l’ouest.

      Le docteur cette fois regarda le patron, et le regarda avec ce regard qui appuie comme pour enfoncer une pensée dans un cerveau. Il s’était tourné tout entier vers le patron et il prononça ces paroles lentement, syllabe à syllabe:

      – Si cette nuit, quand nous serons au milieu de la mer, nous entendons le son d’une cloche, le navire est perdu.

      Le patron le considéra, stupéfait.

      – Que voulez-vous dire?

      Le docteur ne répondit pas. Son regard, un instant sorti, était maintenant rentré. Son oeil était redevenu intérieur. Il ne sembla point percevoir la question étonnée du patron. Il n’était plus attentif qu’à ce qu’il écoutait en lui-même. Ses lèvres articulèrent, comme machinalement, ces quelques mots bas comme un murmure:

      – Le moment est venu pour les âmes noires de se laver.

      Le patron fit cette moue expressive qui rapproche du nez tout le bas du visage.

      – C’est plutôt le fou que le sage, grommela-t-il.

      Et il s’éloigna.

      Cependant il mit le cap à l’ouest.

      Mais le vent et la mer grossissaient.

      V. HARDQUANONNE

      Toutes sortes d’intumescences déformaient la bruine et se gonflaient à la fois sur tous les points de l’horizon, comme si des bouches qu’on ne voyait pas étaient occupées à enfler les outres de la tempête. Le modelé des nuages devenait inquiétant.

      La nuée bleue tenait tout le fond du ciel. Il y en avait maintenant autant à l’ouest qu’à l’est. Elle avançait contre la brise. Ces contradictions font partie du vent.

      La mer qui, le moment d’auparavant, avait des écailles, avait maintenant une peau. Tel est ce dragon. Ce n’était plus le crocodile, c’était le boa. Cette peau, plombée et sale, semblait épaisse et se ridait lourdement. A la surface, des bouillons de houle, isolés, pareils à des pustules, s’arrondissaient, puis crevaient. L’écume ressemblait à une lèpre.

      C’est à cet instant-là que l’ourque, encore aperçue de loin par l’enfant abandonné, alluma son


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