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Le grand Meaulnes. Alain-FournierЧитать онлайн книгу.

Le grand Meaulnes - Alain-Fournier


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dur de son haleine… Il la conduisit tout au bout du pré, lui mit sur le dos la couverture ; puis, écartant les branches de la clôture du fond, il aperçut de nouveau la lumière, qui était celle d’une maison isolée.

      Il lui fallut bien, tout de même, traverser trois prés, sauter un traître petit ruisseau, où il faillit plonger les deux pieds à la fois… Enfin, après un dernier saut du haut d’un talus, il se trouva dans la cour d’une maison campagnarde. Un cochon grognait dans son tet. Au bruit des pas sur la terre gelée, un chien se mit à aboyer avec fureur.

      Le volet de la porte était ouvert, et la lueur que Meaulnes avait aperçue était celle d’un feu de fagots allumé dans la cheminée. Il n’y avait pas d’autre lumière que celle du feu. Une bonne femme, dans la maison, se leva et s’approcha de la porte, sans paraître autrement effrayée. L’horloge à poids, juste à cet instant, sonna la demie de sept heures.

      – Excusez-moi, ma pauvre dame, dit le grand garçon, je crois bien que j’ai mis le pied dans vos chrysanthèmes.

      Arrêtée, un bol à la main, elle le regardait.

      – Il est vrai, dit-elle, qu’il fait noir dans la cour à ne pas s’y conduire.

      Il y eut un silence, pendant lequel Meaulnes, debout, regarda les murs de la pièce tapissée de journaux illustrés comme une auberge, et la table, sur laquelle un chapeau d’homme était posé.

      – Il n’est pas là, le patron ? dit-il en s’asseyant.

      – Il va revenir, répondit la femme, mise en confiance. Il est allé chercher un fagot.

      – Ce n’est pas que j’aie besoin de lui, poursuivit le jeune homme en rapprochant sa chaise du feu. Mais nous sommes là plusieurs chasseurs à l’affût. Je suis venu vous demander de nous céder un peu de pain.

      Il savait, le grand Meaulnes, que chez les gens de campagne, et surtout dans une ferme isolée, il faut parler avec beaucoup de discrétion, de politique même, et surtout ne jamais montrer qu’on n’est pas du pays.

      – Du pain ? dit-elle. Nous ne pourrons guère vous en donner. Le boulanger qui passe pourtant tous les mardis n’est pas venu aujourd’hui.

      Augustin, qui avait espéré un instant se trouver à proximité d’un virage, s’effraya.

      – Le boulanger de quel pays ? demanda-t-il.

      – Eh bien ! le boulanger du Vieux-Nançay, répondit la femme avec étonnement.

      – C’est à quelle distance d’ici, au juste, le Vieux-Nançay ? poursuivit Meaulnes très inquiet.

      – Par la route, je ne saurais pas vous dire au juste ; mais par la traverse il y a trois lieues et demie.

      Et elle se mit à raconter qu’elle y avait sa fille en place, qu’elle venait à pied pour la voir tous les premiers dimanches du mois et que ses patrons…

      Mais Meaulnes, complètement dérouté, l’interrompit pour dire :

      – Le Vieux-Nançay serait-il le bourg le plus rapproché d’ici ?

      – Non, c’est les Landes, à cinq kilomètres. Mais il n’y a pas de marchands ni de boulanger. Il y a tout juste une petite assemblée, chaque année, à la Saint-Martin.

      Meaulnes n’avait jamais entendu parler des Landes. Il se vit à tel point égaré qu’il en fut presque amusé. Mais la femme, qui était occupée à laver son bol sur l’évier, se retourna, curieuse à son tour, et elle dit lentement, en le regardant bien droit :

      – C’est-il que vous n’êtes pas du pays ?…

      À ce moment, un paysan âgé se présenta à la porte, avec une brassée de bois, qu’il jeta sur le carreau. La femme lui expliqua, très fort, comme s’il eût été sourd, ce que demandait le jeune homme.

      – Eh bien ! c’est facile, dit-il simplement. Mais approchez-vous, monsieur. Vous ne vous chauffez pas.

      Tous les deux, un instant plus tard, ils étaient installés près des chenets : le vieux cassant son bois pour le mettre dans le feu, Meaulnes mangeant un bol de lait avec du pain qu’on lui avait offert. Notre voyageur, ravi de se trouver dans cette humble maison après tant d’inquiétudes, pensant que sa bizarre aventure était terminée, faisait déjà le projet de revenir plus tard avec des camarades revoir ces braves gens. Il ne savait pas que c’était là seulement une halte, et qu’il allait tout à l’heure reprendre son chemin.

      Il demanda bientôt qu’on le remît sur la route de La Motte. Et, revenant peu à peu à la vérité, il raconta qu’avec sa voiture il s’était séparé des autres chasseurs et se trouvait maintenant complètement égaré.

      Alors l’homme et la femme insistèrent si longtemps pour qu’il restât coucher et repartît seulement au grand jour, que Meaulnes finit par accepter et sortit chercher sa jument pour la rentrer à l’écurie.

      – Vous prendrez garde aux trous de la sente, lui dit l’homme.

      Meaulnes n’osa pas avouer qu’il n’était pas venu par la « sente ». Il fut sur le point de demander au brave homme de l’accompagner. Il hésita une seconde sur le seuil et si grande était son indécision qu’il faillit chanceler. Puis il sortit dans la cour obscure.

      CHAPITRE X. LA BERGERIE

      Pour s’y reconnaître, il grimpa sur le talus d’où il avait sauté.

      Lentement et difficilement, comme à l’aller, il se guida entre les herbes et les eaux, à travers les clôtures de saules, et s’en fut chercher sa voiture dans le fond du pré où il l’avait laissée. La voiture n’y était plus… Immobile, la tête battante, il s’efforça d’écouter tous les bruits de la nuit, croyant à chaque seconde entendre sonner tout près le collier de la bête. Rien… Il fit le tour du pré ; la barrière était à demi ouverte, à demi renversée, comme si une roue de voiture avait passé dessus. La jument avait dû, par là, s’échapper toute seule.

      Remontant le chemin, il fit quelques pas et s’embarrassa les pieds dans la couverture qui sans doute avait glissé de la jument à terre. Il en conclut que la bête s’était enfuie dans cette direction. Il se prit à courir.

      Sans autre idée que la volonté tenace et folle de rattraper sa voiture, tout le sang au visage, en proie à ce désir panique qui ressemblait à la peur, il courait… Parfois son pied butait dans les ornières. Aux tournants, dans l’obscurité totale, il se jetait contre les clôtures, et, déjà trop fatigué pour s’arrêter à temps, s’abattait sur les épines, les bras en avant, se déchirant les mains pour se protéger le visage. Parfois, il s’arrêtait, écoutait – et repartait. Un instant, il crut entendre un bruit de voiture ; mais ce n’était qu’un tombereau cahotant qui passait très loin, sur une route, à gauche…

      Vint un moment où son genou, blessé au marchepied, lui fit si mal qu’il dut s’arrêter, la jambe raidie. Alors il réfléchit que si la jument ne s’était pas sauvée au grand galop, il l’aurait depuis longtemps rejointe. Il se dit aussi qu’une voiture ne se perdait pas ainsi et que quelqu’un la retrouverait bien. Enfin il revint sur ses pas, épuisé, colère, se traînant à peine.

      À la longue, il crut se retrouver dans les parages qu’il avait quittés et bientôt il aperçut la lumière de la maison qu’il cherchait. Un sentier profond s’ouvrait dans la haie :

      – Voilà la sente dont le vieux m’a parlé, se dit Augustin.

      Et il s’engagea dans ce passage, heureux de n’avoir plus à franchir les haies et les talus. Au bout d’un instant, le sentier déviant à


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