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Les grandes espérances. Чарльз ДиккенсЧитать онлайн книгу.

Les grandes espérances - Чарльз Диккенс


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feu de la cuisine pour en faire évaporer l'humidité. On comprendra que tout cela n'était pas fait pour inspirer une grande confiance.

      C'est tout ce que j'entendis ce soir là, jusqu'au moment où ma sœur m'empoigna comme un coupable, en me reprochant d'avoir dormi sous les yeux de toute la société, et me mena coucher en me tirant par la main avec une violence telle, qu'en marchant je faisais autant de bruit que si j'eusse traîné cinquante paires de bottes sur les escaliers. Mon esprit, tendu et agité dès le matin, ainsi que je l'ai déjà dit, resta dans cet état longtemps encore, après qu'on eût laissé tomber dans l'oubli ce terrible sujet, dont on ne parla plus que dans des occasions tout à fait exceptionnelles.

      CHAPITRE VII

      À cette époque, quand je lisais dans le cimetière les inscriptions des tombeaux, j'étais juste assez savant pour les épeler, et encore le sens que je formais de leur construction, n'était-il pas toujours très correct. Par exemple, je comprenais que: «Épouse du ci-dessus» était un compliment adressé à mon père dans un monde meilleur; et si, sur la tombe d'un de mes parents défunts, j'avais lu n'importe quel titre de parenté suivi de ces mots: «du ci-dessus», je n'aurais pas manqué de prendre l'opinion la plus triste de ce membre de la famille. Mes notions théologiques, que je n'avais puisées que dans le catéchisme, n'étaient pas non plus parfaitement exactes, car je me souviens que lorsqu'on m'invitait à suivre «le droit chemin» durant toute ma vie, je supposais que cela voulait dire qu'il me fallait toujours suivre le même chemin pour rentrer ou sortir de chez nous, sans jamais me détourner, en passant par la maison du charron ou bien encore par le moulin.

      Je devais être, dès que je serais en âge, l'apprenti de Joe; jusque là, je n'avais pas à prétendre à aucune autre dignité, qu'à ce que Mrs Joe appelait être dorloté, et que je traduisais, moi, par être trop bourré. Non seulement je servais d'aide à la forge, mais si quelque voisin avait, par hasard, besoin d'un mannequin pour effrayer les oiseaux, ou de quelqu'un pour ramasser les pierres, ou faire n'importe quelle autre besogne du même genre, j'étais honoré de cet emploi. Cependant, afin de ménager la dignité de notre position élevée de ne pas la compromettre, on avait placé sur le manteau de la cheminée de la cuisine une tirelire dans laquelle, on le disait à tout le monde, tout ce que je gagnais était versé. Mais j'ai une vague idée que mes épargnes ont dû contribuer un jour à la liquidation de la Dette Nationale. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai jamais, pour ma part, espéré participer à ce trésor.

      La grande tante de M. Wopsle tenait une école du soir dans le village, c'est-à-dire que c'était une vieille femme ridicule, d'un mérite fort restreint, et qui avait des infirmités sans nombre; elle avait l'habitude de dormir de six à sept heures du soir, en présence d'enfants qui payaient chacun deux pence par semaine pour la voir se livrer à ce repos salutaire. Elle louait un petit cottage, dont M. Wopsle occupait l'étage supérieur, où nous autres écoliers l'entendions habituellement lire à haute voix, et quelquefois frapper de grands coups de pied sur le plancher. On croyait généralement que M. Wopsle inspectait l'école une fois par semaine, mais ce n'était qu'une pure fiction.; tout ce qu'il faisait, dans ces occasions, c'était de relever les parements de son habit, de passer la main dans ses cheveux, et de nous débiter le discours de Marc Antoine sur le corps de César; puis venait invariablement l'ode de Collins sur les Passions, après laquelle je ne pouvais m'empêcher de comparer M. Wopsle à la Vengeance rejetant son épée teinte de sang et vociférant pour ramasser la trompette qui doit annoncer la Guerre. Je n'étais pas alors ce que je devins plus tard: quand j'atteignis l'âge des passions et que je les comparai à Collins et à Wopsle, ce fut au grand désavantage de ces deux gentlemen.

      La grand'tante de M. Wopsle, indépendamment de cette maison d'éducation, tenait dans la même chambre une petite boutique de toutes sortes de petites choses. Elle n'avait elle-même aucune idée de ce qu'elle avait en magasin, ni de la valeur de ces objets; mais il y avait dans un tiroir un mémorandum graisseux, qui servait de catalogue et indiquait les prix. À l'aide de cet oracle infaillible, Biddy présidait à toutes les transactions commerciales. Biddy était la petite-fille de la grand'tante de M. Wopsle. J'avoue que je n'ai jamais pu trouver à quel degré elle était parente de ce dernier. Biddy était orpheline comme moi; comme moi aussi elle avait été élevée à la main. Elle se faisait surtout remarquer par ses extrémités, car ses cheveux n'étaient jamais peignés, ses mains toujours sales, et ses souliers n'étant jamais entrés qu'à moitié, laissaient sortir ses talons. Je ferai remarquer que cette description ne doit s'appliquer qu'aux jours de la semaine; les Dimanches elle se nettoyait à fond pour se rendre à l'église.

      Grâce à mon application, et bien plus avec l'aide de Biddy qu'avec celle de la grand'tante de M. Wopsle, je m'escrimais avec l'alphabet comme avec un buisson de ronces, et j'étais très fatigué et très égratigné par chaque lettre. Ensuite, je tombai parmi ces neuf gredins de chiffres, qui semblaient chaque soir prendre un nouveau déguisement pour éviter d'être reconnus. Mais à la fin, je commençai à lire, écrire et calculer, le tout à l'aveuglette et en tâtonnant, et sur une très petite échelle.

      Un soir, j'étais assis dans le coin de la cheminée, mon ardoise sur les genoux, m'évertuant à écrire une lettre à Joe. Je pense que cela devait être une année au moins après notre expédition dans les marais, car c'était en hiver et il gelait très fort. J'avais devant moi, par terre, un alphabet auquel je me reportais à tout moment; je réussis donc, après une ou deux heures de travail, à tracer cette épître:

      «Mont chaiR JO j'ai ce Pair queux tU es bien PortaNt, j'aI ce Pair Osi qUe je seré bien TO capabe dE Td JO, Alor NouseronT Contan et croy moa ToN amI PiP.»

      Je dois dire qu'il n'était pas indispensable que je communiquasse avec Joe par lettres, d'autant plus qu'il était assis à côté de moi, et que nous étions seuls; mais je lui remis de ma propre main cette missive, écrite sur l'ardoise avec le crayon, et il la reçut comme un miracle d'érudition.

      «Ah! mon petit Pip! s'écria Joe en ouvrant ses grands yeux bleus; je dis, mon petit Pip, que tu es un fier savant, toi!

      – Je voudrais bien être savant,» lui répondis-je.

      Et en jetant un coup d'œil sur l'ardoise, il me sembla que l'écriture suivait une légère inclination de bas en haut.

      «Ah! ah! voilà un J, dit Joe, et un O, ma parole d'honneur! Oui, un J et un O, mon petit Pip, ça fait Joe.»

      Jamais je n'avais entendu Joe lire à haute voix aussi longtemps, et j'avais remarqué à l'église, le dernier Dimanche, alors que je tenais notre livre de prières à l'envers, qu'il le trouvait tout aussi bien à sa convenance que si je l'eusse tenu dans le bon sens. Voulant donc saisir la présente occasion de m'assurer si, en enseignant Joe, j'aurais affaire à un commençant, je lui dis:

      «Oh! mais, lis le reste, Joe.

      – Le reste… Hein!.. mon petit Pip?.. dit Joe en promenant lentement son regard sur l'ardoise, une… deux… trois… Eh bien, il y a trois J et trois O, ça fait trois Joe, Pip!»

      Je me penchai sur Joe, et en suivant avec mon doigt, je lui lus la lettre tout entière.

      «C'est étonnant, dit Joe quand j'eus fini, tu es un fameux écolier.

      – Comment épelles-tu Gargery, Joe? lui demandai-je avec un petit air d'indulgence.

      – Je ne l'épelle pas du tout, dit Joe.

      – Mais en supposant que tu l'épelles?

      – Il ne faut pas le supposer, mon petit Pip, dit Joe, quoique j'aime énormément la lecture.

      – Vraiment, Joe?

      – Énormément. Mon petit Pip, dit Joe, donne-moi un bon livre ou un bon journal, et mets-moi près d'un bon feu, et je ne demande pas mieux. Seigneur! ajouta-t-il après s'être frotté les genoux durant un moment, quand on arrive à un J et à un O, on se dit comme cela, j'y suis enfin, un J et un O, ça fait Joe; c'est une fameuse lecture tout de même!»

      Je conclus de là, qu'ainsi que la vapeur, l'éducation de Joe était encore en enfance. Je continuai à l'interroger:

      «Es-tu jamais allé à l'école,


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