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Les grandes espérances. Чарльз ДиккенсЧитать онлайн книгу.

Les grandes espérances - Чарльз Диккенс


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et je comptais leur en dire bien d'autres.

      Où était cette voiture, au nom du ciel? demanda ma sœur.

      – Dans la chambre de miss Havisham.»

      Ils se regardèrent encore.

      «Mais il n'y avait pas de chevaux, ajoutai-je, en repoussant avec force l'idée des quatre coursiers richement caparaçonnés, que j'avais eu d'abord la singulière pensée d'y atteler.

      – Est-ce possible, mon oncle? demanda Mrs Joe; que veut dire cet enfant?

      – Je vais vous l'expliquer, ma nièce, dit M. Pumblechook. Mon avis est que ce doit être une chaise à porteurs; elle est bizarre, vous le savez, très bizarre et si extraordinaire, qu'il n'y aurait rien d'étonnant qu'elle passât ses jours dans une chaise à porteurs.

      – L'avez-vous jamais vue dans cette chaise? demanda Mrs Joe.

      – Comment l'aurais-je pu? reprit-il, forcé par cette question, quand jamais de ma vie je ne l'ai vue, même de loin.

      – Bonté divine! mon oncle, et pourtant vous lui avez parlé?

      – Vous savez bien, continua l'oncle, que lorsque j'y suis allé, la porte était entr'ouverte; je me tenais d'un côté, elle de l'autre, et nous nous causions de cette manière. Ne dites pas, ma nièce, que vous ne saviez pas cela. Quoi qu'il en soit, ce garçon est allé chez elle pour jouer. À quoi as-tu joué, mon garçon?

      – Nous avons joué avec des drapeaux,» dis-je.

      Je dois avouer que je suis très étonné aujourd'hui, quand je me rappelle les mensonges que je fis en cette occasion.

      «Des drapeaux? répéta ma sœur.

      – Oui, dis-je; Estelle agitait un drapeau bleu et moi un rouge, et miss Havisham en agitait un tout parsemé d'étoiles d'or; elle l'agitait par la portière de sa voiture, et puis nous brandissions nos sabres en criant: Hourra! hourra!

      – Des sabres?.. répéta ma sœur; où les aviez-vous pris?

      – Dans une armoire, dis-je, où il y avait des pistolets et des confitures et des pilules. Le jour ne pénétrait pas dans la chambre, mais elle était éclairée par des chandelles.

      – Cela est vrai, ma nièce, dit M. Pumblechook avec un signe de tête plein de gravité, je puis vous garantir cet état de choses, car j'en ai moi-même été témoin.»

      Tous deux me regardèrent, et moi-même, prenant un petit air candide, je les regardai aussi, en plissant avec ma main droite la jambe droite de mon pantalon.

      S'ils m'eussent adressé d'autres questions, je me serais indubitablement trahi, car j'étais sur le point de déclarer qu'il y avait un ballon dans la cour, et j'aurais même hasardé cette absurde déclaration, si mon esprit n'eût pas balancé entre ce phénomène et un ours enfermé dans la brasserie. Cependant, ils étaient tellement absorbés par les merveilles que j'avais déjà présentées à leur admiration, que j'échappai à cette dangereuse alternative. Ce sujet les occupait encore, quand Joe revint de son travail et demanda une tasse de thé. Ma sœur lui raconta ce qui m'était arrivé, plutôt pour soulager son esprit émerveillé que pour satisfaire la curiosité de mon bon ami Joe.

      Quand je vis Joe ouvrir ses grands yeux bleus et les promener autour de lui, en signe d'étonnement, je fus pris de remords; mais seulement en ce qui le concernait lui, sans m'inquiéter en aucune manière des deux autres. Envers Joe, mais envers Joe seulement, je me considérais comme un jeune monstre, pendant qu'ils débattaient les avantages qui pourraient résulter de la connaissance et de la faveur de miss Havisham. Ils étaient certains que miss Havisham ferait quelque chose pour moi, mais ils se demandaient sous quelle forme. Ma sœur entrevoyait le don de quelque propriété rurale. M. Pumblechook s'attendait à une récompense magnifique, qui m'aiderait à apprendre quelque joli commerce, celui de grainetier, par exemple. Joe tomba dans la plus profonde disgrâce pour avoir osé suggérer que j'étais, aux yeux de miss Havisham, l'égal des chiens qui avaient combattu héroïquement pour les côtelettes de veau.

      «Si ta tête folle ne peut exprimer d'idées plus raisonnables que celles-là, dit ma sœur, et que tu aies à travailler, tu ferais mieux de t'y mettre de suite.»

      Et le pauvre homme sortit sans mot dire.

      Quand M. Pumblechook fut parti, et que ma sœur eut gagné son lit, je me rendis à la dérobée dans la forge, où je restai auprès de Joe jusqu'à ce qu'il eût fini son travail, et je lui dis alors:

      «Joe, avant que ton feu ne soit tout à fait éteint, je voudrais te dire quelque chose.

      – Vraiment, mon petit Pip! dit Joe en tirant son escabeau près de la forge; dis-moi ce que c'est, mon petit Pip.

      – Joe, dis-je en prenant la manche de sa chemise et la roulant entre le pouce et l'index, tu te souviens de tout ce que j'ai dit sur le compte de miss Havisham.

      – Si je m'en souviens, dit Joe; je crois bien, c'est merveilleux!

      – Oui, mais c'est une terrible chose, Joe; car tout cela n'est pas vrai.

      – Que dis-tu, mon petit Pip? s'écria Joe frappé d'étonnement. Tu ne veux pas dire, j'espère, que c'est un…

      – Oui, je dois te le dire, à toi, tout cela c'est un mensonge.

      – Mais pas tout ce que tu as raconté, bien sûr; tu ne prétends pas dire qu'il n'y a pas de voiture en velours noir, hein?»

      Je continuai à secouer la tête.

      «Mais au moins, il y avait des chiens, mon petit Pip; mon cher petit Pip, s'il n'y avait pas de côtelettes de veau, au moins il y avait des chiens?

      – Non, Joe.

      – Un chien, dit Joe, rien qu'un tout petit chien?

      – Non, Joe, il n'y avait rien qui ressemblât à un chien.»

      Joe me considérait avec le plus profond désappointement.

      «Mon petit Pip, mon cher petit Pip, ça ne peut pas marcher comme ça, mon garçon, où donc veux-tu en venir?

      – C'est terrible, n'est-ce pas?

      – Terrible!.. s'écria Joe; terrible!.. Quel démon t'a poussé?

      – Je ne sais, Joe, répliquai-je en lâchant sa manche de chemise et m'asseyant à ses pieds dans les cendres; mais je voudrais bien que tu ne m'aies pas appris à appeler les valets des Jeannots, et je voudrais que mes mains fussent moins rudes et mes souliers moins épais.»

      Alors je dis à Joe que je me trouvais bien malheureux, et que je n'avais pu m'expliquer devant Mrs Joe et M. Pumblechook, parce qu'ils étaient trop durs pour moi; qu'il y avait chez miss Havisham une fort jolie demoiselle qui était très fière; qu'elle m'avait dit que j'étais commun; que je savais bien que j'étais commun, mais que je voudrais bien ne plus l'être; et que les mensonges m'étaient venus, je ne savais ni comment ni pourquoi…

      C'était un cas de métaphysique aussi difficile à résoudre pour Joe que pour moi. Mais Joe voulut éloigner tout ce qu'il y avait de métaphysique dans l'espèce et en vint à bout.

      «Il y a une chose dont tu peux être bien certain mon petit Pip, dit Joe, après avoir longtemps ruminé. D'abord, un mensonge est un mensonge, de quelque manière qu'il vienne, et il ne doit pas venir; n'en dis plus, mon petit Pip; ça n'est pas le moyen de ne plus être commun, mon garçon, et quant à être commun, je ne vois pas cela très clairement: tu es d'une petite taille peu commune, et ton savoir n'est pas commun non plus.

      – Si; je suis ignorant et emprunté, Joe.

      – Mais vois donc cette lettre que tu m'as écrite hier soir, c'est comme imprimé! J'ai vu des lettres, et lettres écrites par des messieurs très comme il faut, encore, et elles n'avaient pas l'air d'être imprimées.

      – Je ne sais rien, Joe; tu as une trop bonne opinion de moi, voilà tout.

      – Eh bien, mon petit Pip, dit Joe, que cela soit ou que cela ne soit pas, il faut commencer par le commencement; le roi sur son


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