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Les misérables. Tome II: Cosette. Victor HugoЧитать онлайн книгу.

Les misérables. Tome II: Cosette - Victor Hugo


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des morts, de dessous cet amas d'hommes et de chevaux, sortait une main ouverte, éclairée par la lune.

      Cette main avait au doigt quelque chose qui brillait, et qui était un anneau d'or.

      L'homme se courba, demeura un moment accroupi, et quand il se releva, il n'y avait plus d'anneau à cette main.

      Il ne se releva pas précisément; il resta dans une attitude fauve et effarouchée, tournant le dos au tas de morts, scrutant l'horizon, à genoux, tout l'avant du corps portant sur ses deux index appuyés à terre, la tête guettant par-dessus le bord du chemin creux. Les quatre pattes du chacal conviennent à de certaines actions.

      Puis, prenant son parti, il se dressa.

      En ce moment il eut un soubresaut. Il sentit que par derrière on le tenait.

      Il se retourna; c'était la main ouverte qui s'était refermée et qui avait saisi le pan de sa capote.

      Un honnête homme eût eu peur. Celui-ci se mit à rire.

      – Tiens, dit-il, ce n'est que le mort. J'aime mieux un revenant qu'un gendarme.

      Cependant la main défaillit et le lâcha. L'effort s'épuise vite dans la tombe.

      – Ah çà! reprit le rôdeur, est-il vivant ce mort? Voyons donc. Il se pencha de nouveau, fouilla le tas, écarta ce qui faisait obstacle, saisit la main, empoigna le bras, dégagea la tête, tira le corps, et quelques instants après il traînait dans l'ombre du chemin creux un homme inanimé, au moins évanoui. C'était un cuirassier, un officier, un officier même d'un certain rang; une grosse épaulette d'or sortait de dessous la cuirasse; cet officier n'avait plus de casque. Un furieux coup de sabre balafrait son visage où l'on ne voyait que du sang. Du reste, il ne semblait pas qu'il eût de membre cassé, et par quelque hasard heureux, si ce mot est possible ici, les morts s'étaient arc-boutés au-dessus de lui de façon à le garantir de l'écrasement. Ses yeux étaient fermés.

      Il avait sur sa cuirasse la croix d'argent de la Légion d'honneur.

      Le rôdeur arracha cette croix qui disparut dans un des gouffres qu'il avait sous sa capote.

      Après quoi, il tâta le gousset de l'officier, y sentit une montre et la prit. Puis il fouilla le gilet, y trouva une bourse et l'empocha.

      Comme il en était à cette phase des secours qu'il portait à ce mourant, l'officier ouvrit les yeux.

      – Merci, dit-il faiblement.

      La brusquerie des mouvements de l'homme qui le maniait, la fraîcheur de la nuit, l'air respiré librement, l'avaient tiré de sa léthargie.

      Le rôdeur ne répondit point. Il leva la tête. On entendait un bruit de pas dans la plaine; probablement quelque patrouille qui approchait.

      L'officier murmura, car il y avait encore de l'agonie dans sa voix:

      – Qui a gagné la bataille?

      – Les Anglais, répondit le rôdeur.

      L'officier reprit:

      – Cherchez dans mes poches. Vous y trouverez une bourse et une montre. Prenez-les.

      C'était déjà fait.

      Le rôdeur exécuta le semblant demandé, et dit:

      – Il n'y a rien.

      – On m'a volé, reprit l'officier; j'en suis fâché. C'eût été pour vous.

      Les pas de la patrouille devenaient de plus en plus distincts.

      – Voici qu'on vient, dit le rôdeur, faisant le mouvement d'un homme qui s'en va.

      L'officier, soulevant péniblement le bras, le retint:

      – Vous m'avez sauvé la vie. Qui êtes-vous?

      Le rôdeur répondit vite et bas:

      – J'étais comme vous de l'armée française. Il faut que je vous quitte. Si l'on me prenait, on me fusillerait. Je vous ai sauvé la vie. Tirez-vous d'affaire maintenant.

      – Quel est votre grade?

      – Sergent.

      – Comment vous appelez-vous?

      – Thénardier.

      – Je n'oublierai pas ce nom, dit l'officier. Et vous, retenez le mien. Je me nomme Pontmercy.

      Livre deuxième – Le vaisseau L'Orion

      Chapitre I

      Le numéro 24601 devient le numéro 9430

      Jean Valjean avait été repris.

      On nous saura gré de passer rapidement sur des détails douloureux. Nous nous bornons à transcrire deux entrefilets publiés par les journaux du temps, quelques mois après les événements surprenants accomplis à Montreuil-sur-Mer.

      Ces articles sont un peu sommaires. On se souvient qu'il n'existait pas encore à cette époque de Gazette des Tribunaux.

      Nous empruntons le premier au Drapeau blanc. Il est daté du 25 juillet 1823:

      «Un arrondissement du Pas-de-Calais vient d'être le théâtre d'un événement peu ordinaire. Un homme étranger au département et nommé Mr Madeleine avait relevé depuis quelques années, grâce à des procédés nouveaux, une ancienne industrie locale, la fabrication des jais et des verroteries noires. Il y avait fait sa fortune, et, disons-le, celle de l'arrondissement. En reconnaissance de ses services, on l'avait nommé maire. La police a découvert que ce Mr Madeleine n'était autre qu'un ancien forçat en rupture de ban, condamné en 1796 pour vol, et nommé Jean Valjean. Jean Valjean a été réintégré au bagne. Il paraît qu'avant son arrestation il avait réussi à retirer de chez Mr Laffitte une somme de plus d'un demi-million qu'il y avait placée, et qu'il avait, du reste, très légitimement, dit-on, gagnée dans son commerce. On n'a pu savoir où Jean Valjean avait caché cette somme depuis sa rentrée au bagne de Toulon.»

      Le deuxième article, un peu plus détaillé, est extrait du Journal de Paris, même date.

      «Un ancien forçat libéré, nommé Jean Valjean, vient de comparaître devant la cour d'assises du Var dans des circonstances faites pour appeler l'attention. Ce scélérat était parvenu à tromper la vigilance de la police; il avait changé de nom et avait réussi à se faire nommer maire d'une de nos petites villes du Nord. Il avait établi dans cette ville un commerce assez considérable. Il a été enfin démasqué et arrêté, grâce au zèle infatigable du ministère public. Il avait pour concubine une fille publique qui est morte de saisissement au moment de son arrestation. Ce misérable, qui est doué d'une force herculéenne, avait trouvé moyen de s'évader; mais, trois ou quatre jours après son évasion, la police mit de nouveau la main sur lui, à Paris même, au moment où il montait dans une de ces petites voitures qui font le trajet de la capitale au village de Montfermeil (Seine-et-Oise). On dit qu'il avait profité de l'intervalle de ces trois ou quatre jours de liberté pour rentrer en possession d'une somme considérable placée par lui chez un de nos principaux banquiers. On évalue cette somme à six ou sept cent mille francs. À en croire l'acte d'accusation, il l'aurait enfouie en un lieu connu de lui seul et l'on n'a pas pu la saisir. Quoi qu'il en soit, le nommé Jean Valjean vient d'être traduit aux assises du département du Var comme accusé d'un vol de grand chemin commis à main armée, il y a huit ans environ, sur la personne d'un de ces honnêtes enfants qui, comme l'a dit le patriarche de Ferney en vers immortels:

      …De Savoie arrivent tous les ans

      Et dont la main légèrement essuie

      Ces longs canaux engorgés par la suie.

      «Ce bandit a renoncé à se défendre. Il a été établi, par l'habile et éloquent organe du ministère public, que le vol avait été commis de complicité, et que Jean Valjean faisait partie d'une bande de voleurs dans le Midi. En conséquence Jean Valjean, déclaré coupable, a été condamné à la peine de mort. Ce criminel avait refusé de se pourvoir en cassation. Le roi, dans son inépuisable clémence, a daigné commuer sa peine en celle des travaux


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