Эротические рассказы

Mademoiselle La Quintinie. Жорж СандЧитать онлайн книгу.

Mademoiselle La Quintinie - Жорж Санд


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été écrit au moyen âge, les papes l'ont signé; notre mot d'ordre, nous n'avons que faire de le comprendre: il nous rallie, et c'est tout ce qu'il faut. Taisez-vous, ou gare les pierres!»

      Voilà où nous en sommes, et pourtant ce parti, cette nouvelle Église, cette longue procession qui enlace la France dans ses plis nombreux, étouffant et bâillonnant les simples qui se trouvent sur son passage, elle marche, elle chante, elle prie, elle raille, elle invective, et elle ne sait pas ce qu'elle croit, elle ne croit peut-être à rien; elle ne connaît pas la nature et les qualités de son Dieu; elle n'oserait soutenir qu'il est méchant, mais elle oserait encore moins contredire le prêtre et renier hautement le dogme de l'enfer.

      Si nous l'interrogeons sur la liberté de croire à la nécessité du progrès industriel, au bienfait des sciences, aux droits de la famille, etc., elle nous apparaîtra tout à coup très-tolérante, car elle est liée quand même au progrès humain par ses habitudes, par ses affections et surtout par ses intérêts, cette Église du moment! Elle veut vivre et prospérer en élargissant bien ses coudes et en faisant sa provision de bien-être dans la vie réelle. Ne lui demandez pas alors ce qu'elle fait du renoncement chrétien, de l'austérité catholique, du détachement des choses de ce monde, du complet abandon du moi, prescrit et prêché par l'Église primitive. Elle vous rirait au nez, elle vous traiterait d'exagéré, elle vous dirait que vous touchez la question du temporel, question que le pape a jugée au profit de la papauté. Ainsi, faute de réponse, le parti clérical a réponse à tout.

      Nous ne nous laisserons pas intimider par l'esprit du temps, par cette indifférence publique qui s'étonne si naïvement du souci des consciences religieuses et des curiosités de la logique. Nous vivons dans un labyrinthe d'ambiguïtés, de commentaires individuels, de fantaisies dévotes, de contradictions, de pratiques extérieures, d'obscurités, de déclamations ardentes et de sous-entendus perfides. Si cela continue et si l'Église, assemblée en concile, n'intervient pas bientôt pour poser des flambeaux sur cette marche de fantômes dans les ténèbres, nous serons forcés de regarder l'orthodoxie romaine comme une interprétation provisoirement soumise à la mode du siècle et à des vues tout à fait matérielles. Tout ce qu'il y a encore d'esprits sincères et d'hommes se respectant eux-mêmes protestera contre cette corruption du sens divin dans l'humanité, tandis que l'Église, qui, par des travaux dignes de sa mission, eût pu se mettre au niveau des progrès accomplis et ouvrir un temple commun à tous les hommes, ne représentera plus qu'une fraction particulière, fraction aujourd'hui menaçante, demain exterminatrice d'elle-même, car on ne brise pas la vie d'un siècle sans se briser avec lui.

      J'ai tâché, sous la forme du roman, de faire ressortir quelques-unes des causes qui jettent les esprits droits et les cœurs aimants dans une autre voie que celle du parti clérical. Ces causes sont si nombreuses, que nous avons dû choisir les plus saillantes, celles qui intéressent la vie privée jusqu'à l'évidence, celles qui, par conséquent, rentrent tellement dans l'étude de nos mœurs, qu'en s'abstenant d'aborder ces causes on s'abstiendrait. Volontairement de peindre les mœurs.

      On peut s'en abstenir par prudence, mais il y a tant de prudence par le temps qui court que le public s'en lasse, et peut-être fera-t-il encore un effort, pour admettre en passant un sujet sérieux sous la forme d'une fiction.

      Mais, quel que soit l'accueil fait à ce livre, il est de ceux qu'il faut faire au risque d'être mal accueilli du grand nombre. Il est de ceux qui irritent beaucoup de personnes et qui en calment beaucoup d'autres. S'il ébranle des convictions, il en raffermit, et, quel que soit son mérite ou son impuissance, il est de ceux qui restent comme symptômes historiques, appréciations du présent ou appels à l'avenir.

GEORGE SAND.

      Nohant, janvier 1863.

      A M. HONORÉ LEMONTIER, A PARIS

      Aix en Savoie, 1er juin 1861.

      Eh bien, oui, père, j'ai du chagrin, tu l'as deviné, tu l'as senti. Elle ne m'aime pas!

      Qui, elle?.. Tu voyais bien, tu comprenais bien, au désordre de mes lettres, et tu sais bien qu'à mon âge, et de l'humeur dont tu m'as fait, il n'y a qu'un rêve: être aimé, et qu'une souffrance: aimer sans espoir.

      Surtout ne t'afflige pas: je ne suis pas faible, ni lâche, ni fou, ni ingrat. Je sais que, si je me laissais abattre, je te briserais le cœur. Je lutterai, je lutte. N'aie pas peur, ton enfant tâchera d'être un homme.

      Je suis agité ce soir. Je m'efforcerai d'être calme demain. Je ne sortirai pas, et je passerai ma journée, s'il le faut, à te raconter mon histoire. Prends patience. Je crois que ce récit me fera du bien. Trois semaines d'émotion sans t'ouvrir mon cœur, c'était trop. J'étouffe. A demain, père. Tu sais que, d'abord et avant tout, je t'aime de toute mon âme.

Émile.

      A M. HONORÉ LEMONTIER, A PARIS

      Aix en Savoie, 2 juin 1861.

      M'y voici. Il pleut. Je me suis enfermé dans l'espèce de chalet apocryphe que j'habite à côté d'Aix. Je ne veux m'occuper que de toi aujourd'hui. Ne me gronde pas si j'écris comme un chat. C'est déjà beaucoup que de pouvoir écrire.

      Elle a vingt-deux ans. C'est trop pour moi, n'est-ce pas? Je me le suis dit. C'est, en raison de la précocité de son sexe et de l'expérience qu'elle a peut-être déjà du monde, dix ans de plus que mes vingt-quatre ans; mais, quand je l'ai vue d'abord, je l'ai crue beaucoup plus jeune. Son premier aspect est celui d'une enfant.

      Tu vois que ce n'est pas d'Élise Marsanne que je te parle. Élise est une charmante personne. J'ai fait tout mon possible pour désirer d'être son mari. Tu le désirais, toi, et tu avais raisin. Elle est la fille de ton ami, elle est mon amie d'enfance. Je suis venu ici sous prétexte de flâner comme elle, et au fond pour te complaire en m'attachant à cette belle et chère enfant. Eh bien, je ne sais quel refus obstiné s'est fait entre nous. Je n'ai jamais pu venir à bout de l'aimer autrement que comme ma sœur, et on n'épouse pas sa sœur.

      Ne dis pas que je suis capricieux, non. Je n'ai point encore fini d'être naïf, et surtout je n'ai pas travaillé à cesser de l'être; cela, je te le jure!

      Et puis il n'y a pas de ma faute! Si Élise m'eût aimé… que sait-on?.. Mais point. Élise est toujours notre Lisette si gaie, si franche, si gentille, et, disons-le aussi sans reproche, si positive! Toujours la même raison enjouée, le même esprit d'ordre, les mêmes rires en présence de tout ce qui sent l'exagération. C'est comme cela, tu sais bien, qu'elle appelle tout ce qui émeut un peu vivement les autres, et il ne dépend pas de moi de n'être pas facile à émouvoir, si bien que je suis un exagéré à ses yeux, et qu'elle me pardonne d'être comme je suis. Elle est bien bonne, j'en suis très-reconnaissant; mais ce continuel pardon amical me laisse calme, et tu m'as permis de ne pas me marier sans amour.

      Lucie a donc vingt-deux ans. Lucie est brune, assez grande;… elle a des yeux… Eh bien, non, je ne peux pas te décrire Lucie… Demande-moi la couleur des yeux et des cheveux d'Élise, comment sont faits ses doigts et ses bagues, comment elle s'habille: je sais tout cela, et je pourrais t'en faire un portrait aussi minutieusement étudié que si j'étais peintre; mais Lucie, non! Pour moi, son image remplit le monde et ne saurait être concentrée. Mon cœur m'étouffe, et ma main tremble rien qu'à écrire son nom!

      Son père est le général La Quintinie, que tu ne connais pas, je pense, et qui commande dans je ne sais quel département. Descend-il du La Quintinie des jardins du temps de Louis XIV? Peu importe. Le grand-père maternel de Lucie, M. de Turdy, habite un château qu'il a sur le lac du Bourget. Lucie a été élevée par ce grand-père et par une grand'tante avec laquelle elle passe ses hivers à Chambéry. L'été, elle habite sans sa tante le manoir de l'aïeul.

      Elle a passé deux ou trois mois à Paris dans le couvent où était Élise Marsanne. Malgré une certaine différence d'âge, elles s'aimaient beaucoup, et, en venant à Aix, Élise se faisait une grande fête de la revoir. Elle a été tout de suite lui rendre visite avec sa mère. Le soir même, elle m'a parlé d'elle.

      «Si vous connaissiez Lucie, me disait-elle, vous n'auriez pas assez de mots à grand effet


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