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David Copperfield – Tome II. Чарльз ДиккенсЧитать онлайн книгу.

David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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près du bureau des Prérogatives; prenant donc la partie de l'institution qui se trouvait le plus près de nous, je lui soumis la question de savoir si le bureau des Prérogatives n'était pas une institution singulièrement administrée. M. Spenlow me demanda sous quel rapport. Je répliquai avec tout le respect que je devais à son expérience (mais j'en ai peur, surtout avec le respect que j'avais pour le père de Dora) qu'il était peut-être un peu absurde que les archives de cette Cour qui contenaient tous les testaments originaux de tous les gens qui avaient disposé depuis trois siècles de quelque propriété sise dans l'immense district de Canterbury se trouvassent placées dans un bâtiment qui n'avait pas été construit dans ce but, qui avait été loué par les archivistes sous leur responsabilité privée, qui n'était pas sûr, qui n'était même pas à l'abri du feu et qui regorgeait tellement des documents importants qu'il contenait, qu'il n'était du bas en haut qu'une preuve des sordides spéculations des archivistes qui recevaient des sommes énormes pour l'enregistrement de tous ces testaments, et qui se bornaient à les fourrer où ils pouvaient, sans autre but que de s'en débarrasser au meilleur marché possible. J'ajoutai qu'il était peut-être un peu déraisonnable que les archivistes qui percevaient des profits montant par an à huit ou neuf mille livres sterling sans parler des revenus des suppléants et des greffiers, ne fussent pas obligés de dépenser une partie de cet argent pour se procurer un endroit un peu sûr où l'on pût déposer ces documents précieux que tout le monde, dans toutes les classes de la société, était obligé bon gré mal gré de leur confier.

      Je dis qu'il était peut-être un peu injuste, que tous les grands emplois de cette administration fussent de magnifiques sinécures, pendant que les malheureux employés qui travaillaient sans relâche dans cette pièce sombre et froide là-haut, étaient les plus mal payés et les moins considérés des hommes dans la ville de Londres, pour prix des services importants qu'ils rendaient. N'était-il pas aussi un peu inconvenant que l'archiviste en chef, dont le devoir était de procurer au public, qui encombrait sans cesse les bureaux de l'administration, des locaux convenables, fût, en vertu de cet emploi en possession d'une énorme sinécure, ce qui ne l'empêchait pas d'occuper en même temps un poste dans l'église, d'y posséder plusieurs bénéfices, d'être chanoine d'une cathédrale et ainsi de suite, tandis que le public supportait des ennuis infinis, dont nous avions un échantillon tous les matins quand les affaires abondaient dans les bureaux. Enfin il me semblait que cette administration du bureau des Prérogatives du district de Canterbury était une machine tellement vermoulue, et une absurdité tellement dangereuse que, si on ne l'avait pas fourrée dans un coin du cimetière Saint-Paul, que peu de gens connaissent, toute cette organisation aurait été bouleversée de fond en comble depuis longtemps.

      M. Spenlow sourit, en voyant comme je prenais feu malgré ma réserve sur cette question, puis il discuta avec moi ce point comme tous les autres. Qu'était-ce après tout? me dit-il, une simple question d'opinion. Si le public trouvait que les testaments étaient en sûreté et admettait que l'administration ne pouvait mieux remplir ses devoirs, qui est-ce qui en souffrait? Personne. À qui cela profitait-il? À tous ceux qui possédaient les sinécures, très-bien. Les avantages l'emportaient donc sur les inconvénients; ce n'était peut-être pas une organisation parfaite; il n'y a rien de parfait dans ce monde; mais, par exemple, ce dont il ne pouvait pas entendre parler à aucun prix, c'était qu'on mit la hache quelque part. Sous l'administration des prérogatives, le pays s'était couvert de gloire. Portez la hache dans l'administration des prérogatives, et le pays cessera de se couvrir de gloire. Il regardait comme le trait distinctif d'un esprit sensé et élevé de prendre les choses comme il les trouvait, et il n'avait aucun doute sur la question de savoir si l'organisation actuelle des Prérogatives durerait aussi longtemps que nous. Je me rendis à son opinion, quoique j'eusse pour mon compte beaucoup de doutes encore là-dessus. Il s'est pourtant trouvé qu'il avait raison, car non-seulement le bureau des Prérogatives existe toujours, mais il a résisté à un grand rapport présenté d'assez mauvaise grâce au Parlement, il y a dix-huit ans, où toutes mes objections étaient développées en détail, et à une époque où l'on annonçait qu'il serait impossible d'entasser les testaments du district de Canterbury dans le local actuel pendant plus de deux ans et demi à partir de ce moment-là. Je ne sais ce qu'on en a fait depuis, je ne sais si on en a perdu beaucoup ou si l'on en vend de temps en temps à l'épicier. Je suis bien aise, dans tous les cas, que le mien n'y soit pas, et j'espère qu'il ne s'y trouvera pas de sitôt.

      Si j'ai rapporté tout au long notre conversation dans ce bienheureux chapitre, on ne me dira pas que ce n'était point là sa place naturelle. Nous causions en nous promenant en long et en large, M. Spenlow et moi, avant de passer à des sujets plus généraux. Enfin il me dit que le jour de naissance de Dora tombait dans huit jours, et qu'il serait bien aise que je vinsse me joindre à eux pour un pique-nique qui devait avoir lieu à cette occasion. Je perdis la raison à l'instant même, et le lendemain ma folie s'augmenta encore, lorsque je reçus un petit billet avec une bordure découpée, portant ces mots: «Recommandé aux bons soins de papa. Pour rappeler à M. Copperfield le pique-nique.» Je passai les jours qui me séparaient de ce grand événement dans un état voisin de l'idiotisme.

      Je crois que je commis toutes les absurdités possibles comme préparation à ce jour fortuné. Je rougis de penser à la cravate que j'achetai; quant à mes bottes, elles étaient dignes de figurer dans une collection d'instruments de torture. Je me procurai et j'expédiai, la veille au soir, par l'omnibus de Norwood, un petit panier de provisions qui équivalait presque, selon moi, à une déclaration. Il contenait entre autres choses des dragées à pétards, enveloppées dans les devises les plus tendres qu'on pût trouver chez le confiseur. À six heures du matin, j'étais au marché de Covent-Garden, pour acheter un bouquet à Dora. À dix heures je montai à cheval, ayant loué un joli coursier gris pour cette occasion, et je fis au trot le chemin de Norwood, avec le bouquet dans mon chapeau pour le tenir frais.

      Je suppose que, lorsque je vis Dora dans le jardin, et que je fis semblant de ne pas la voir, passant près de la maison en ayant l'air de la chercher avec soin, je fus coupable de deux petites folies que d'autres jeunes messieurs auraient pu commettre dans ma situation, tant elles me parurent naturelles. Mais lorsque j'eus trouvé la maison, lorsque je fus descendu à la porte, lorsque j'eus traversé la pelouse avec ces cruelles bottes pour rejoindre Dora qui était assise sur un banc à l'ombre d'un lilas, quel spectacle elle offrait par cette belle matinée, au milieu des papillons, avec son chapeau blanc et sa robe bleu de ciel!

      Elle avait auprès d'elle une jeune personne, comparativement d'un âge avancé; elle devait avoir vingt ans, je crois. Elle s'appelait miss Mills, et Dora lui donnait le nom de Julia. C'était l'amie intime de Dora; heureuse miss Mills!

      Jip était là, et Jip s'entêtait à aboyer après moi. Quand j'offris mon bouquet, Jip grinça les dents de jalousie. Il avait bien raison, oh oui! S'il avait la moindre idée de l'ardeur avec laquelle j'adorais sa maîtresse, il avait bien raison!

      «Oh! merci, monsieur Copperfield! Quelles belles fleurs! dit Dora.»

      J'avais eu l'intention de lui dire que je les avais trouvées charmantes aussi avant de les voir auprès d'elle, et j'étudiais depuis une lieue la meilleure tournure à donner à cette phrase, mais je ne pus en venir à bout: elle était trop séduisante. Je perdis toute présence d'esprit et toute faculté de parole, quand je la vis porter son bouquet aux jolies fossettes de son menton, et je tombai dans un état d'extase. Je suis encore étonné de ne lui avoir pas dit plutôt: «Tuez-moi, miss Mills, par pitié, tuez moi. Je veux mourir ici!»

      Alors Dora tendit mes fleurs à Jip pour les sentir. Alors Jip se mit à grogner et ne voulut pas sentir les fleurs. Alors Dora les rapprocha de son museau comme pour l'y obliger. Alors Jip prit un brin de géranium entre ses dents et le houspilla comme s'il y flairait une bande de chats imaginaires. Alors Dora le battit en faisant la moue et en disant: «Mes pauvres fleurs! mes belles fleurs!» d'un ton aussi sympathique, à ce qu'il me sembla, que si c'était moi que Jip avait mordu. Je l'aurais bien voulu!

      «Vous serez certainement enchanté d'apprendre, monsieur Copperfield, dit Dora, que cette ennuyeuse miss Murdstone n'est pas ici. Elle est allée au mariage de son frère, et elle restera absente trois semaines au moins. N'est-ce pas charmant?»

      Je lui dis qu'assurément elle


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