Эротические рассказы

La Curée. Emile ZolaЧитать онлайн книгу.

La Curée - Emile Zola


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n'était guère resté avec les dames que quelques jeunes gens et des vieillards à faces blanches et molles, ayant le tabac en horreur. Dans le fumoir, on riait, on plaisantait très librement. M. Hupel de la Noue égaya fort ces messieurs en leur racontant de nouveau l'histoire qu'il avait dite pendant le dîner, mais en la complétant par des détails tout à fait crus. C'était sa spécialité; il avait toujours deux versions d'une anecdote, l'une pour les dames, l'autre pour les hommes. Puis, quand Aristide Saccard entra, il fut entouré et complimenté; et comme il faisait mine de ne pas comprendre, M. de Saffré lui dit, dans une phrase très applaudie, qu'il avait bien mérité de la patrie en empêchant la belle Laure d'Aurigny de passer aux Anglais.

      – Non, vraiment, messieurs, vous vous trompez, balbutiait Saccard avec une fausse modestie.

      – Va, ne te défends donc pas! lui cria plaisamment Maxime. A ton âge, c'est très beau.

      Le jeune homme, qui venait de jeter son cigare, rentra dans le grand salon. Il était venu beaucoup de monde.

      La galerie était pleine d'habits noirs, debout, causant à demi-voix, et de jupes, étalées largement le long des causeuses. Des laquais commençaient à promener des plats d'argent, chargés de glaces et de verres de punch.

      Maxime, qui désirait parler à Renée, traversa le grand salon dans sa longueur, sachant bien où il trouverait le cénacle de ces dames. Il y avait, à l'autre extrémité de la galerie, faisant pendant au fumoir, une pièce ronde dont on avait fait un adorable petit salon. Ce salon, avec ses tentures, ses rideaux et ses portières de satin bouton d'or, avait un charme voluptueux, d'une saveur originale et exquise. Les clartés du lustre, très délicatement fouillé, chantaient une symphonie en jaune mineur, au milieu de toutes ces étoffes couleur de soleil. C'était comme un ruissellement de rayons adoucis, un coucher d'astre s'endormant sur une nappe de blés mûrs. A terre la lumière se mourait sur un tapis d'Aubusson semé de feuilles sèches. Un piano d'ébène marqueté d'ivoire, deux petits meubles dont les glaces laissaient voir un monde de bibelots, une table Louis XVI, une console jardinière surmontée d'une énorme gerbe de fleurs suffisaient à meubler la pièce. Les causeuses, les fauteuils, les poufs étaient recouverts de satin bouton d'or capitonné, coupé par de larges bandes de satin noir bordé de tulipes voyantes. Et il y avait encore des sièges bas, des sièges volants, toutes les variétés élégantes et bizarres du tabouret. On ne voyait pas le bois de ces meubles; le satin, le capiton couvraient tout. Les dossiers se renversaient avec des rondeurs moelleuses de traversins.

      C'étaient comme des lits discrets où l'on pouvait dormir et aimer dans le duvet, au milieu de la sensuelle symphonie en jaune mineur.

      Renée aimait ce petit salon, dont une des portes-fenêtres s'ouvrait sur la magnifique serre chaude scellée au flanc de l'hôtel. Dans la journée, elle y passait ses heures d'oisiveté. Les tentures jaunes, au lieu d'éteindre sa chevelure pâle, la doraient de flammes étranges; sa tête se détachait au milieu d'une lueur d'aurore, toute rose et blanche, comme celle d'une Diane blonde s'éveillant dans la lumière du matin; et c'était pourquoi, sans doute, elle aimait cette pièce qui mettait sa beauté en relief.

      A cette heure, elle était là avec ses intimes. Sa sœur et sa tante venaient de partir. Il n'y avait plus, dans le cénacle, que des têtes folles. Renversée à demi au fond d'une causeuse, Renée écoutait les confidences de son amie Adeline, qui lui parlait à l'oreille, avec des mines de chatte et des rires brusques. Suzanne Haffner était fort entourée; elle tenait tête à un groupe de jeunes gens qui la serraient de très près, sans qu'elle perdît sa langueur d'Allemande, son effronterie provocante, nue et froide comme ses épaules. Dans un coin, madame Sidonie endoctrinait à voix basse une jeune femme aux cils de vierge. Plus loin, Louise, debout, causait avec un grand garçon timide, qui rougissait; tandis que le baron Gouraud, en pleine clarté, sommeillait dans son fauteuil, étalant ses chairs molles, sa carrure d'éléphant blême, au milieu des grâces frêles et de la soyeuse délicatesse des dames. Et, dans la pièce, sur les jupes de satin aux plis durs et vernis comme de la porcelaine, sur les épaules dont les blancheurs laiteuses s'étoilaient de diamants, une lumière de féerie tombait en poussière d'or. Une voix fluette, un rire pareil à un roucoulement, sonnaient avec des limpidités de cristal. Il faisait très chaud. Des éventails battaient lentement, comme des ailes, jetant à chaque souffle, dans l'air alangui, les parfums musqués des corsages.

      Quand Maxime parut sur le seuil de la porte, Renée, qui écoutait la marquise d'une oreille distraite, se leva vivement, feignit d'avoir à remplir son rôle de maîtresse de maison. Elle passa dans le grand salon, où le jeune homme la suivit. Là, elle fit quelques pas, souriante, donnant des poignées de main; puis, attirant Maxime à l'écart:

      – Eh! dit-elle à demi-voix, d'un air ironique, la corvée est douce, ce n'est plus si bête de faire sa cour.

      – Je ne comprends pas, répondit le jeune homme, qui allait plaider la cause de M. de Mussy.

      – Mais il me semble que j'ai bien fait de ne pas te délivrer de Louise. Vous allez vite, tous les deux.

      Et elle ajouta, avec une sorte de dépit:

      – C'était indécent, à table.

      Maxime se mit à rire.

      – Ah! oui, nous nous sommes conté des histoires.

      Je l'ignorais, cette fillette. Elle est drôle. Elle a l'air d'un garçon.

      Et, comme Renée continuait à faire la grimace irritée d'une prude, le jeune homme, qui ne lui connaissait pas de telles indignations, reprit avec sa familiarité souriante:

      – Est-ce que tu crois, belle-maman, que je lui ai pincé les genoux sous la table? Que diable, on sait se conduire avec ma fiancée! J'ai quelque chose de plus grave à te dire. Écoute-moi… Tu m'écoutes, n'est-ce pas?

      Il baissa encore la voix.

      – Voilà… M. de Mussy est très malheureux, il vient de me le dire. Moi, tu comprends, ce n'est pas mon rôle de vous raccommoder, s'il y a de la brouille. Mais, tu sais, je l'ai connu au collège, et comme il avait l'air vraiment désespéré, je lui ai promis de te dire un mot…

      Il s'arrêta. Renée le regardait d'un air indéfinissable.

      – Tu ne réponds pas?.. continua-t-il. C'est égal, ma commission est faite, arrangez-vous comme vous voudrez… Mais, vrai, je te prouve cruelle. Ce pauvre garçon m'a fait de la peine. A ta place, je lui enverrais au moins une bonne parole.

      Alors, Renée qui n'avait pas cessé de regarder Maxime de ses yeux fixes, où brûlait une flamme vive, répondit:

      – Va dire à M. de Mussy qu'il m'embête.

      Et elle se remit à marcher doucement au milieu des groupes, souriant, saluant, donnant des poignées de main. Maxime resta planté, d'un air surpris; puis il eut un rire silencieux.

      Peu désireux de remplir sa commission auprès de M. de Mussy, il fit le tour du grand salon. La soirée tirait à sa fin, merveilleuse et banale comme toutes les soirées.

      Il était près de minuit, le monde s'en allait peu à peu.

      Ne voulant pas rentrer se coucher sur une impression d'ennui, il se décida à chercher Louise. Il passait devant la porte de sortie, lorsqu'il vit, dans le vestibule, la jolie Mme Michelin, que son mari enveloppait délicatement dans une sortie de bal bleu et rose:

      – Il a été charmant, charmant, disait la jeune femme.

      Pendant tout le dîner, nous avons causé de toi. Il parlera au ministre; seulement, ce n'est pas lui que ça regarde…

      Et, comme à côté d'eux, un laquais emmaillotait le baron Gouraud dans une grande pelisse fourrée:

      – C'est ce gros père-là qui enlèverait l'affaire! ajouta-t-elle à l'oreille de son mari, tandis qu'il lui nouait sous le menton le cordon du capuchon. Il fait ce qu'il veut au ministère. Demain, chez les Mareuil, il faudra tâcher…

      M. Michelin souriait. Il emmena sa femme avec précaution, comme s'il eût tenu au bras un objet fragile et précieux. Maxime, après s'être assuré d'un coup d'œil que Louise


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