Эротические рассказы

Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856. Виктор Мари ГюгоЧитать онлайн книгу.

Les contemplations. Aujourd'hui, 1843-1856 - Виктор Мари Гюго


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les heures s'en vont en sombres étincelles,

      Ébranlait sur mon font le beffroi de Bruxelles.

      Tout ce qui peut tenter un coeur ambitieux

      Était là, devant moi, sur terre et dans les cieux;

      Sous mes yeux, dans l'austère et gigantesque place,

      J'avais les quatre points cardinaux de l'espace,

      Qui font songer à l'aigle, à l'astre, au flot, au mont,

      Et les quatre pavés de l'échafaud d'Egmont.

      Aujourd'hui, dans une île, en butte aux eaux sans nombre,

      Où l'on ne me voit plus, tant j'y suis couvert d'ombre,

      Au milieu de la vaste aventure des flots,

      Des rocs, des mers, brisant barques et matelots,

      Debout, échevelé sur le cap ou le môle

      Par le souffle qui sort de la bouche du pôle,

      Parmi les chocs, les bruits, les naufrages profonds,

      Morne histoire d'écueils, de gouffres, de typhons,

      Dont le vent est la plume et la nuit le registre,

      J'erre, et de l'horizon je suis la voix sinistre.

      Et voilà qu'à travers ces brumes et ces eaux,

      Tes volumes exquis m'arrivent, blancs oiseaux,

      M'apportant le rameau qu'apportent les colombes

      Aux arches, et le chant que le cygne offre aux tombes,

      Et jetant à mes rocs tout l'éblouissement

      De Paris glorieux et de Paris charmant!

      Et je lis, et mon front s'éclaire, et je savoure

      Ton style, ta gaîté, ta douleur, ta bravoure.

      Merci, toi dont le coeur aima, sentit, comprit!

      Merci, devin! merci, frère, poëte, esprit,

      Qui viens chanter cet hymne à côté de ma vie!

      Qui vois mon destin sombre et qui n'a pas d'envie!

      Et qui, dans cette épreuve où je marche, portant

      L'abandon à chaque heure et l'ombre à chaque instant,

      M'as vu boire le fiel sans y mêler la haine!

      Tu changes en blancheur la nuit de ma géhenne,

      Et tu fais un autel de lumière inondé

      Du tas de pierres noir dont on m'a lapidé.

      Je ne suis rien; je viens et je m'en vais; mais gloire

      À ceux qui n'ont pas peur des vaincus de l'histoire

      Et des contagions du malheur toujours fui!

      Gloire aux fermes penseurs inclinés sur celui

      Que le sort, geôlier triste, au fond de l'exil pousse!

      Ils ressemblent à l'aube, ils ont la force douce,

      Ils sont grands; leur esprit parfois, avec un mot,

      Dore en arc triomphal la voûte du cachot!

      Le ciel s'est éclairci sur mon île sonore,

      Et ton livre en venant a fait venir l'aurore;

      Seul aux bois avec toi, je lis, et me souviens,

      Et je songe, oubliant les monts diluviens,

      L'onde, et l'aigle de mer qui plane sur mon aire;

      Et, pendant que je lis, mon oeil visionnaire,

      À qui tout apparaît comme dans un réveil,

      Dans les ombres que font les feuilles au soleil,

      Sur tes pages où rit l'idée, où vit la grâce,

      Croit voir se dessiner le pur profil d'Horace,

      Comme si, se mirant au livre où je te voi,

      Ce doux songeur ravi lisait derrière moi!

Marine-Terrace, décembre 1854.

      IX

      LE MENDIANT

      Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.

      Je cognai sur ma vitre; il s'arrêta devant

      Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.

      Les ânes revenaient du marché de la ville,

      Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.

      C'était le vieux qui vit dans une niche au bas

      De la montée, et rêve, attendant, solitaire,

      Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,

      Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu.

      Je lui criai: «Venez vous réchauffer un peu.

      «Comment vous nommez-vous?» Il me dit: «Je me nomme

      Le pauvre.» Je lui pris la main: «Entrez, brave homme.»

      Et je lui fis donner une jatte de lait.

      Le vieillard grelottait de froid; il me parlait,

      Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre.

      «Vos habits sont mouillés,» dis-je, «il faut les étendre

      Devant la cheminée.» Il s'approcha du feu.

      Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,

      Étalé largement sur la chaude fournaise,

      Piqué de mille trous par la lueur de braise,

      Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.

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      1

      On n'a rien changé à ces vers, écrits en 1846. Aujourd'hui, l'auteur eût ajouté Claremont.

      2

      Voir Histoire de la Littérature dramatique, t. VI, pages 413 et 414.

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