Un Ciel Ensorcelé . Морган РайсЧитать онлайн книгу.
à sa terre natale. À Gwendolyn. Et plus que tout, à lui-même. Cet homme pouvait être son père par le sang, mais c’était tout. Il n’était pas son père d’une aucune autre manière qu’il soit. Et le sang seul ne faisait pas un père.
Thor leva éleva son épée, et, dans un grand cri, il l’abattit.
Thor ferma les yeux, et les ouvrit pour voir l’épée, enfoncée dans le sol, juste à côté de la tête d’Andronicus. Thor la laissa là et recula.
Son père avait eu raison : il n’avait pas pu le faire. Malgré tout, il ne pouvait pas s’avilir à tuer un homme sans défense.
Thor tourna le dos à son père, faisant face à son propre peuple, à Gwendolyn. De toute évidence il avait remporté le combat ; il avait fait passer le message. Maintenant, Andronicus, s’il avait un peu d’honneur, n’aurait pas d’autre choix que de retourner chez lui.
« Thorgrin ! » hurla Gwendolyn.
Thor se retourna et vit, médusé, la hache d’Andronicus tournoyant vers lui, directement vers sa tête. Thor l’évita à la dernière seconde, et la hache passa.
Andronicus était rapide, cependant, et dans le même mouvement il rabattit brusquement avec son gantelet et frappa Thor à revers, le touchant à la mâchoire, le faisant tomber sur ses mains et ses genoux.
Thor sentit un terrible craquement dans ses côtes quand la botte d’Andronicus le frappa à l’estomac, l’envoyant rouler, le souffle coupé.
Thor se tenait à quatre pattes, respirant avec difficulté, du sang gouttant de sa bouche, ses côtes terriblement douloureuses, essayant de trouver la force de se relever. Du coin de l’œil il vit Andronicus s’approcher, avec un grand sourire, et lever sa hache des deux mains. Il avait l’intention, Thor pouvait le constater, de trancher la tête de Thor. Thor pouvait voir de ses yeux injectés de sang qu’Andronicus n’aurait pas de pitié, comme Thor en avait eu.
« C’est ce que j’aurais dû faire il y a trente ans », dit Andronicus.
Il poussa un grand cri, tandis qu’il abattait sa hache sur la nuque à découvert de Thor.
Thor, cependant, n’en avait pas fini avec le combat ; il parvint à rassembler ses dernières forces, et malgré toute sa douleur, il se dépêcha de se remettre sur pieds et fonça sur son père, le plaquant au niveau des côtes, le propulsant en arrière, au sol, sur le dos.
Thor était au-dessus de lui, se battant au corps à corps, prêt à l’affronter à mains nues. C’était devenu un combat de lutte. Andronicus tendit un bras et prit Thor à la gorge, et Thor fut surpris par sa force ; il se sentit perdre le souffle rapidement alors qu’il s’étouffait.
Thor tâtonna à sa taille, désespéré, cherchant sa dague. La dague royale, celle que le Roi MacGil lui avait donné, avant qu’il ne meure. Thor perdait de l’air rapidement, et il savait que s’il ne mettait pas la main dessus sans tarder, il mourrait.
Thor la trouva dans son dernier souffle. Il la leva haut, et la plongea des deux mains dans la poitrine d’Andronicus.
Andronicus se tut, luttant pour respirer, les yeux protubérants dans un regard foudroyant, il s’assit et continua à étrangler son fils.
Thor, à bout de souffle, voyait des étoiles, et perdait connaissance.
Enfin, lentement, l’emprise d’Andronicus se relâcha, tandis que ses bras retombaient sur le côté. Ses yeux roulèrent, et il arrêta de bouger.
Il resta là, immobile. Mort.
Thor prit une grande respiration tandis qu’il retirait la main inerte de son père de sa gorge, avec des haut-le-cœur et en toussant, se dégageant du cadavre de son père.
Son corps tout entier tremblait. Il venait à peine de tuer son père. Il n’avait pas pensé cela possible.
Thor laça un regard alentour et vit tous les guerriers, les deux armées, le fixant, choqués. Thor sentit une prodigieuse chaleur se propager à travers son corps, comme si un profond changement s’était tout juste produit en lui, comme s’il avait fait disparaître une part néfaste de lui-même. Il se sentit changé, plus léger.
Thor entendit un grand bruit dans le ciel, comme du tonnerre, il leva les yeux et vit un petit nuage noir apparaître au-dessus du corps d’Andronicus, et une cheminée de petites ombres noires, comme des démons, tourbillonner vers le sol. Elles tournoyèrent autour de son père, l’entourant, mugissant, puis soulevèrent son corps haut dans les airs, de plus en plus haut, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le nuage. Thor contempla la scène, pétrifié, et se demanda dans quel enfer l’âme de son père serait entrainée.
Thor leva le regard, et vit l’armée de l’Empire lui faisant face, des dizaines et des dizaines de milliers d’hommes, avec dans leur regard une brûlante envie de se venger. Le Grand Andronicus était mort. Toutefois, ses hommes demeuraient. Thor et les hommes de l’Anneau étaient encore en sous-nombre, à un contre cent. Ils avaient remporté la bataille, mais ils étaient sur le point de perdre la guerre.
Erec et Kendrick et Srog et Bronson marchèrent aux côtés de Thor, épées dégainées, alors qu’ils faisaient front à l’Empire tous ensemble. Des cors résonnèrent de bas en haut des rangs de l’Empire, et Thor se prépara à monter à l’assaut une dernière fois. Il savait qu’ils ne pouvaient pas gagner. Mais au moins ils trépasseraient tous ensemble, en un dernier grand combat glorieux.
CHAPITRE SEPT
Reece marchait aux côtés de Selese, Illepra, Elden, Indra, O’Connor, Conven, Krog et Serna, eux neuf se dirigeant vers l’ouest, comme ils l’avaient fait pendant des heures, depuis qu’ils avaient émergé du Canyon. Quelque part, Reece le savait, ses gens étaient à l’horizon et, morts ou vifs, il était déterminé à les trouver.
Reece avait été choqué, alors qu’ils parcouraient un paysage de destruction, des champs sans fin de corps, jonchés de charognards, carbonisés par le souffle des dragons. Des milliers de corps de soldats de l’Empire s’alignaient jusqu’à l’horizon, certains encore fumants. La fumée de leurs corps remplissait l’air, l’insupportable puanteur de la chair brûlée imprégnant la terre désolée. Quiconque n’avait pas été tué par le souffle des dragons l’avait été dans la bataille conventionnelle contre l’Empire, MacGil et McClouds gisant morts, eux aussi, des villes entières réduites à néant, des piles de décombres partout. Reece secoua la tête : cette terre, qui avait été autrefois si abondante, était maintenant ravagée par la guerre.
Depuis qu’ils étaient sortis du Canyon, Reece et les autres s’étaient résolus à retourner chez eux, à regagner le côté des MacGil de l’Anneau. Ne pouvant trouver de chevaux, ils avaient marché tout au long de la traversée du côté des McCloud, franchissant les Highlands, redescendant l’autre versant, et maintenant, enfin, ils progressaient à travers le territoire des MacGil, ne rencontrant que ruine et dévastation. De ce qu’ils pouvaient voir du pays, les dragons avaient aidé à détruire les troupes de l’Empire, et pour cela Reece leur était reconnaissant. Mais il ne savait toujours pas dans quel état il retrouverait son peuple. Est-ce que tout le monde était mort dans l’Anneau ? Jusqu’à présent, cela en avait l’air. Reece languissait de découvrir si tout le monde allait bien.
À chaque fois qu’ils atteignaient un champ de bataille recouvert de morts et de blessés, ceux qui n’avaient pas été touchés par le feu des dragons, Illepra et Selese allèrent de corps en corps, les retournant, les vérifiant. Non seulement elles étaient poussées à faire cela par leur profession, mais Illepra avait aussi un autre objectif en tête : trouver le frère de Reece. Godfrey. C’était un but que partageait Reece.
« Il n’est pas là », annonça Illepra une fois encore, quand finalement elle se redressa, après avoir retourné le dernier corps du terrain, la déception gravée sur son visage.
Reece pouvait voir à quel point Illepra se souciait de son frère, et il fut touché. Reece, lui aussi, espérait qu’il allait bien