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Un Royaume D'ombres . Морган РайсЧитать онлайн книгу.

Un Royaume D'ombres  - Морган Райс


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Feu avait coulé fumait encore. Il fit un grand sourire. Il avait réussi. L'Épée de Flammes n'était plus. Il avait dérobé à la Tour de Kos et à Escalon leur objet le plus précieux. Il avait définitivement baissé les Flammes.

      Vesuvius était radieux, étourdi par l'excitation. La main le brûlait encore à l'endroit où il avait saisi l'Épée de Flammes brûlante et, quand il regarda vers le bas, il vit que sa chair était marquée par son insigne. Il passa le doigt le long de ses nouvelles cicatrices en sachant qu'elles ne partiraient jamais et seraient la marque éternelle de sa réussite. La douleur était aveuglante mais il se força à ne plus y penser, la força à ne plus le préoccuper. En fait, il s'apprit à apprécier la douleur.

      Maintenant, après tout ces siècles, son peuple allait finir par avoir ce qu'il méritait. Ils ne seraient plus relégués à Marda, aux confins nord-est de l'empire, aux terres stériles. Maintenant, ils allaient se venger pour avoir été mis en quarantaine derrière un mur de flammes. Ils allaient envahir Escalon, le tailler en pièces.

      Son cœur s'arrêta de battre. Y penser l'étourdissait. Il était impatient de faire demi-tour, de traverser le Doigt du Diable, de revenir sur le continent et de rejoindre son peuple au milieu d'Escalon. Toute la nation des trolls convergerait sur Andros et, ensemble, centimètre carré par centimètre carré, ils détruiraient définitivement Escalon, qui deviendrait la nouvelle patrie des trolls.

      Pourtant, pendant que Vesuvius restait sur place en regardant l'endroit des vagues où l'épée avait coulé, quelque chose le tarabustait. Il regardait l'horizon, examinait les eaux noires de la Baie de la Mort, et il y avait quelque chose qui s'attardait, quelque chose qui rendait sa satisfaction incomplète. Alors qu'il scrutait l'horizon, loin au large, il repéra un seul petit navire aux voiles blanches qui longeait la Baie de la Mort. Il partait vers l'ouest, loin du Doigt du Diable et, alors qu'il le regardait partir, Vesuvius savait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

      Vesuvius se retourna et leva les yeux vers la Tour qui se dressait à côté de lui. Elle avait été vide. Ses portes avaient été ouvertes. L'Épée l'avait attendu. Ceux qui la gardaient l'avaient abandonnée. Tout ça avait été trop facile.

      Pourquoi ?

      Vesuvius savait que l'assassin Merk avait été en quête de l'Épée; il l'avait suivi tout le long du Doigt du Diable. Dans ce cas, pourquoi l'avait-il abandonnée ? Pourquoi s'éloignait-il d'ici et pourquoi traversait-il la Baie de la Mort? Qui était cette femme qui naviguait avec lui ? Est-ce qu'elle avait gardé cette tour ? Quels secrets cachait-elle ?

      Et où allaient-ils ?

      Vesuvius regarda la vapeur s'élever de l'océan puis regarda encore l'horizon et sentit brûler ses veines. Il ne pouvait s'empêcher de sentir que, d'une façon ou d'une autre, on l'avait dupé, privé d'une victoire complète.

      Plus Vesuvius y pensait, plus il se rendait compte qu'il y avait quelque chose de louche. Tout ça était trop commode. Il scruta les flots turbulents en dessous de lui, les vagues qui se jetaient sur les rochers, la vapeur qui s'élevait, et il se rendit compte qu'il ne connaîtrait jamais la vérité. Il ne saurait jamais si l'Épée de Flammes avait vraiment coulé jusqu'au fond de l'océan, s'il y avait ici une chose qui lui échappait, même pas si cela avait été la bonne épée, ni si les Flammes resteraient baissées.

      Bouillant d'indignation, Vesuvius arriva à une décision : il fallait qu'il les poursuive, ou il ne connaîtrait jamais la vérité. Y avait-il une autre tour secrète quelque part ? Une autre épée ?

      Même s'il n'y en avait pas, même s'il avait accompli tout ce dont il avait besoin, Vesuvius était connu pour ne jamais laisser aucune victime en vie. Il poursuivait toujours ses ennemis et les tuait tous jusqu'au dernier. Rester ici à regarder ces deux-là lui filer entre les doigts ne lui convenait pas. Il savait qu'il ne pouvait pas se contenter de les laisser partir.

      Vesuvius regarda les dizaines de navires encore amarrés à la rive. Abandonnés, ils tanguaient frénétiquement dans les vagues comme s'ils l'attendaient. Vesuvius se décida immédiatement.

      “Aux navires !” ordonna-t-il à son armée de trolls.

      Comme un seul homme, ils se dépêchèrent de lui obéir, se ruèrent vers la rive rocheuse et montèrent à bord des navires. Vesuvius les suivit et monta à la poupe du dernier navire.

      Il se tourna, leva haut sa hallebarde et trancha la corde.

      Un moment plus tard, Vesuvius partait, accompagné par tous les trolls. Tous entassés dans les navires, ils mirent le cap sur la légendaire Baie de la Mort. Quelque part à l'horizon naviguaient Merk et cette fille, et Vesuvius ne s'arrêterait que quand ils seraient morts tous les deux, même s'il lui fallait aller jusqu'au bout du monde pour cela.

      CHAPITRE HUIT

      Debout à la proue du petit navire avec la fille de l'ex-roi Tarnis à côté de lui, Merk serrait fortement la balustrade. Alors que les eaux tumultueuses de la Baie de la Mort les bousculaient dans tous les sens, ils étaient tous deux perdus dans leur propre monde. Merk regardait fixement les eaux noires et moutonneuses balayées par le vent et il ne pouvait s'empêcher de se poser des questions sur la femme qui se tenait à côté de lui. Le mystère qui l'entourait n'avait fait que s'approfondir depuis qu'ils avaient quitté la Tour de Kos et s'étaient embarqués sur ce navire pour une destination mystérieuse. Son esprit fourmillait de questions à lui poser.

      La fille de Tarnis. Merk avait peine à y croire. Qu'est-ce qu'elle faisait ici, à l'extrémité du Doigt du Diable, terrée dans la Tour de Kos ? Est-ce qu'elle se cachait ? Est-ce qu'elle était en exil ? Est-ce qu'on la protégeait ? De qui ?

      Merk sentait que cette femme aux yeux translucides, au teint trop pâle et à l'imperturbable maintien était d'une autre race. Mais si tel était le cas, alors, qui était sa mère ? Pourquoi l'avait-on laissée garder toute seule l'Épée de Flammes, la Tour de Kos ? Où étaient partis tous ses compatriotes ?

      Et, chose qu'il était plus urgent de savoir, où les emmenait-elle maintenant ?

      Une main sur le gouvernail, elle fit pénétrer le navire plus profondément dans la baie, vers une destination située à l'horizon que Merk ne pouvait qu'imaginer.

      “Vous ne m'avez toujours pas dit où nous allons”, dit-il en élevant la voix pour se faire entendre par-dessus le vent.

      Un long silence suivit, si long que Merk douta qu'elle répondrait un jour.

      “Dans ce cas, dites-moi au moins comment vous vous appelez”, ajouta-t-il en se rendant compte qu'elle ne le lui avait pas dit.

      “Lorna”, répondit-elle.

      Lorna. Il en aimait le son.

      “Les Trois Poignards”, ajouta-t-elle en se tournant vers lui. “C'est là notre destination.”

      Merk fronça les sourcils.

      “Les Trois Poignards ?” demanda-t-il, étonné.

      Elle se contenta de regarder droit devant.

      Cependant, Merk était stupéfait par ces nouvelles. Les Trois Poignards étaient les îles les plus lointaines de tout Escalon. Elles se trouvaient si loin dans la Baie de la Mort que Merk ne connaissait personne qui y soit vraiment allé. Évidemment, Knossos, la légendaire île fortifiée, en était la dernière et, selon la légende éternelle, elle hébergeait les guerriers les plus féroces d'Escalon. C'étaient des hommes qui vivaient sur une île désolée au large d'une péninsule désolée dans la plus dangereuse étendue d'eau qui soit. Selon la rumeur, c'étaient des hommes aussi rudes que la mer qui les entourait. Merk n'en avait jamais rencontré en chair et en os. Personne n'en avait jamais rencontré en chair et en os. Ils étaient plus légendaires que réels.

      “Est-ce que vos Gardiens se sont retirés là-bas ?” demanda-t-il.

      Lorna hocha la tête.

      “Ils nous attendent maintenant”, dit-elle.

      Merk se tourna et regarda par-dessus son épaule, car il voulait revoir la Tour de Kos avant qu'elle ne disparaisse. Quand il regarda,


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