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Le Réveil des Dragons . Морган РайсЧитать онлайн книгу.

Le Réveil des Dragons  - Морган Райс


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avait commencé à gagner leur respect aux rares occasions où elle avait été autorisée à se joindre à eux. Á présent, deux ans plus tard, ils savaient tous qu’elle était capable d’atteindre des cibles qu’eux même rataient et leur tolérance à sa présence s’était transformée en autre chose: du respect. Bien sûr, elle n’avait jamais participé à une bataille, ce que tous ces hommes avaient fait. Elle n’avait jamais tué un homme ou prit de tour de garde aux Flammes ni même rencontré de troll lors d’une patrouille. Elle ne savait pas manier une épée, ni une hache de guerre ou une hallebarde, ni même lutter contre un homme. Elle n’avait pas le quart de leur force physique, ce qu’elle regrettait très amèrement.

      Toutefois Kyra avait découvert qu’elle avait un don naturel pour deux armes et qui malgré sa taille et son sexe faisaient d’elle une redoutable adversaire: son arc et son bâton. Le premier lui était venu naturellement alors qu’elle avait découvert le deuxième par hasard il y a de cela des lunes alors qu’elle n’était pas capable de lever une épée à deux mains. Á l’époque les hommes s’étaient moqués de son incapacité à lever l’épée et comme insulte, l’un deux lui avait jeté un bâton pour rigoler.

      “Á la place essaie de lever ce bâton pour voir!” lui avait-il crié tandis que les autres éclataient de rire. Kyra n’avait jamais oublié de moment de honte.

      Au début, les hommes de son père avaient considéré son bâton comme une blague. Après tout, ils ne s’en servaient que comme arme d’entraînement, eux ces hommes courageux qui maniaient de lourdes épées, des hachettes et des hallebardes et qui étaient capables de couper un arbre en un seul coup. Ce bâton n’était pour eux qu’un jouet et du coup ils lui accordaient encore moins de respect qu’auparavant.

      Mais elle avait transformé cette blague en instrument inattendu de vengeance, une arme inspirant la crainte. Une arme contre laquelle la plupart des hommes de son père n’étaient désormais plus en mesure de se défendre. Kyra avait été surprise par son poids léger et elle avait été encore plus surprise de sentir à quel point cela lui semblait naturel. Elle était tellement rapide qu’elle pouvait assener des coups alors que les soldats en étaient encore à essayer de lever leurs épées. Plus d’un homme avec lequel elle s’était entraînée s’était retrouvé avec des bleus. Coup après coups elle avait gagné leur respect.

      Á force de nuits entières passées à s’entraîner seule, Kyra avait réussi à apprendre par elle-même, à maîtriser les mouvements qui impressionnaient ces hommes, des mouvements qu’aucun d’entre eux n’arrivait à comprendre. Leur intérêt pour son bâton s’était développé et elle leur avait enseigné ce qu’elle avait appris seule. Pour Kyra, son arc et son bâton étaient complémentaires et d’utilité équivalente: elle avait besoin de son arc pour combattre à distance, alors que son bâton lui servait pour des combats rapprochés.

      Kyra découvrit également qu’elle avait un don inné faisant défaut à ces hommes: elle était agile. Elle était comme un petit poisson au milieu d’une mer de requins lents et bien que ces hommes soient très forts, Kyra pouvait danser autour d’eux, sauter dans les airs et pouvait même leur passer par-dessus en une roulade parfaite et retomber sur ses pieds. Son agilité et son maniement expert du bâton faisaient d’elle une force létale.

      “Que fait-elle ici?” tonna une voix bourrue.

      Kyra, debout sur le côté du terrain d’entraînement aux côtés d’Anvin et Vidar, entendit les chevaux approcher et se retourna pour découvrir Maltren accompagné de ses amis soldats. Il respirait bruyamment. Il la regarda avec dédain et son estomac se noua. De tous les hommes de son père, Maltren était le seul qui ne l’aimait pas. Pour une raison inconnue, il la détestait depuis la première fois qu’il avait porté les yeux sur elle.

      Maltren assis sur son cheval fulminait. Avec son nez aplati et son visage laid, c’était un homme qui aimait la haine et Kyra était sa cible. Il s’était toujours opposé à sa présence en ces lieux, probablement parce qu’elle était une fille.

      “Tu devrais être au fort de ton père, fille,” dit-il, “à préparer le festin avec toutes les autres jeunes filles ignorantes.”

      Á côté de Kyra, Léo se mit à grogner à l’intention de Maltren et elle mit une main rassurante sur sa tête pour le retenir.

      “Et que fait ce loup sur notre terrain d’entraînement?” ajouta Maltren.

      Anvin et Vidar jetèrent un regard glacial à Maltren, se rangeant clairement du côté de Kyra. Cette dernière lui fit face en souriant, se sachant sous leur protection et que seul, il ne pouvait pas la forcer à partir.

      “Peut-être devrais-tu retourner t’entraîner,” riposta-t-elle d’une voix moqueuse, “et ne pas te préoccuper des allées et venues d’une jeune fille ignorante.”

      Maltren devint rouge de rage, ne sachant que répondre. Il tourna les talons, prêt à partir mais non sans lui lancer une dernière pique.

      “C’est la journée des lances aujourd’hui,” ajouta-t-il. “Tu ferais mieux de ne pas rester sur le chemin des vrais hommes jetant de vraies armes.”

      Il se retourna et s’éloigna accompagné des autres. Le regardant s’éloigner, elle sentit que sa joie d’être parmi eux venait d’être entachée par la présence de ce dernier.

      Anvin lui lança un regard réconfortant et posa sa main sur son épaule.

      “La première leçon d’un guerrier,” dit-il, “est d’apprendre à vivre avec ceux qui te méprisent. Que tu le veuilles ou non, tu te retrouveras à combattre aux côtés de ces personnes et tu devras remettre ta vie entre leurs mains. Bien souvent, tes pires ennemis ne viendront pas de l’extérieur, mais de l’intérieur.”

      “Et ceux qui ne combattent pas, utilisent leur bouche,” dit une voix.

      Kyra se retourna et vit qu’Arthfael s’approchait d’eux en souriant, toujours prêt à prendre sa défense comme il l’avait toujours fait. Tout comme Anvin et Vidar, Arthfael était un guerrier fier et grand avec une tête chauve mystérieuse et une grande barbe noire et droite, qui avait un faible pour elle. C’était un des meilleurs hommes d’épée, rarement défait. Elle se sentait à l’aise en sa présence.

      “Ce ne sont que des mots,” ajouta Arthfael. “Si Maltren était meilleur guerrier, il se préoccuperait plus de lui-même que des autres.”

      Anvin, Vidar et Arthfael enfourchèrent leurs chevaux et rejoignirent les autres. Kyra les regarda, pensive. Pourquoi certaines personnes portaient-elles tant de haine en elles? Se demanda-t-elle. Elle ne savait pas si elle arriverait à comprendre cela un jour.

      Alors qu’ils chargeaient sur le terrain en formant de grands cercles, Kyra observa avec émerveillement les grands chevaux de guerre, impatiente d’en posséder un jour. Elle regarda les hommes décrire de grands cercles en suivant le mur de pierre, leurs montures trébuchant parfois dans la neige. Les hommes s’emparèrent des lances que leur tendaient leurs écuyers et tout en finissant leur cercle, ils visèrent les cibles distantes: des boucliers suspendus à des branches. Lorsqu’ils atteignaient leur cible, un bruit métallique caractéristique se faisait entendre.

      L’exercice semblait plus difficile que cela en avait l’air: arriver à jeter la lance tout en étant à dos de cheval. Plus d’un homme rata sa cible en particulier lorsqu’ils essayèrent de viser les plus petits boucliers. Et parmi ceux qui réussirent à toucher les cibles, très peu atteignirent le centre – à l’exception d’Anvin, Vidar, Arthfael et de quelques autres. Elle remarqua que Maltren rata sa cible à plusieurs reprises, jurant dans sa barbe et lui jetant de mauvais regards comme si cela était sa faute.

      Kyra ne voulait pas se refroidir, elle voulait sortir son bâton et commencer à le faire tourner dans tous les sens avec ses mains, au-dessus de sa tête, au-dessus d’elle, encore et encore comme s’il s’agissait d’une chose vivante. Elle se battait contre un ennemi imaginaire et parait des coups imaginaires. Changeant de main, passant derrière


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