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Le Réveil des Dragons . Морган РайсЧитать онлайн книгу.

Le Réveil des Dragons  - Морган Райс


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en ce lieu, son endroit préféré sur les hauteurs du plateau surplombant le fort aux vieux murs de pierre, où elle trouvait de bons arbres, de petits arbres fins difficiles à atteindre. Le bruit de l’impact de ses flèches était devenu un son omniprésent dont l’écho se répercutait dans le village. Aucun arbre n’ayant été épargné par ses flèches, leurs troncs étaient marqués et certains d’entre eux commençaient même à pencher.

      Kyra savait que la plupart des archers de son père s’entraînaient sur les souris, faciles à trouver dans les plaines. Au tout début, elle s’était également entraînée dessus mais elle avait trouvé que les tuer était relativement facile. Cela l’avait aussi rendue malade. Elle était courageuse mais également sensible et elle ne trouvait aucun plaisir à tuer un être vivant sans raison valable. Elle s’était alors fait le serment de ne jamais plus tuer d’être vivant à moins qu’il ne s’agisse de quelque chose de dangereux ou la mettant en danger, comme ces Wolfbats qui sortaient à la nuit tombée et s’approchaient bien trop près du fort de son père. Elle n’avait aucun scrupule de les abattre en particulier depuis que son plus jeune frère Aidan s’était fait mordre par un de ces Wolfbats, ce qui l’avait rendu malade pendant une demi-lune. C’étaient également les créatures les plus rapides connues. Elle savait donc que si elle était capable de les tirer, qui plus est de nuit, alors elle était capable de toucher n’importe quelle cible. Il lui était arrivé une fois par un soir de pleine lune, de passer la nuit entière à leur tirer dessus depuis la tour de son père. Au petit matin elle s’était précipitée avec impatience pour dénombrer les Wolfbats qui recouvraient le sol, ravie de les voir encore empalés sur ses flèches. Les villageois s’étaient attroupés et avaient observé la scène avec surprise.

      Kyra se força à rester concentrée. Elle essaya de visualiser le tir dans son esprit, se voyant positionner son arc, tendre rapidement la corde vers son menton et relâcher la tension sans aucune hésitation. Elle savait qu’un tir se jouait avant même de tirer. Elle avait vu trop d’archers de son âge, aux alentours de quatorze ans, tirer sur la corde et hésiter. Elle savait alors d’avance que le tir serait raté. Elle inspira profondément, mit son arc en position, tira sur la corde et lâcha. Elle n’avait même pas besoin de regarder pour savoir qu’elle allait atteindre l’arbre.

      Un bref instant plus tard elle entendit le bruit de l’impact, mais elle avait déjà tourné les talons à la recherche d’une autre cible encore plus éloignée.

      Kyra entendit un gémissement à ses pieds et baissa les yeux. Léo, son loup la suivait en se frottant contre ses jambes comme à son habitude. Ayant atteint à sa taille adulte et lui arrivant presque à la taille, Léo était aussi protecteur envers Kyra qu’elle ne l’était envers lui. Ils étaient sans cesse ensemble. Kyra ne pouvait aller nulle part sans Léo sur ses talons. Il se tenait en permanence à ses côtés à moins qu’un écureuil ou un lapin ne lui passe sous le nez. Il pouvait alors se lancer dans une chasse qui pouvait durer des heures.

      “Je ne t’ai pas oublié mon gars,” dit Kyra en plongeant la main dans sa poche et lui tendant un os des restes du repas. Léo s’en empara aussitôt et se mit à trotter joyeusement à ses côtés.

      Alors que Kyra marchait dans le froid, son souffle se matérialisant en une brume, elle mit son arc en bandoulière et souffla dans ses mains froides et humides. Elle traversa le grand plateau froid et observa la vue qui s’offrait à elle. De ce point d’observation elle voyait toute la campagne, les collines de Volis d’habitude verdoyantes étaient recouvertes d’un manteau de neige, le bastion de son père, cette province nichée au nord-est du royaume d’Escalon. Depuis son perchoir, Kyra avait une vue plongeante sur toutes les activités qui se déroulaient dans le fort de son père, les allées et venues des villageois et des guerriers. C’était également une des raisons qui faisait qu’elle aimait être ici. Elle aimait pouvoir observer les formes du vieux fort en pierre de son père, la forme des remparts et des tours qui s’élevaient de façon impressionnante au milieu des collines qui semblaient s’étendre à l’infini. Volis était la construction la plus élevée des environs, certains de ses bâtiments faisaient quatre étages et ils étaient protégés par diverses rangées de remparts impressionnants. De l’autre côté, une tour circulaire complétait l’ensemble, une chapelle pour les gens du peuple mais pour elle il s’agissait avant tout d’un endroit où grimper, un bon point d’observation sur la campagne alentour et où elle savait qu’elle pouvait être tranquille. Le complexe de pierre était encerclé par des douves et relié à la route principale par un pont de pierre. Tout autour des digues, monticules, fossés et murs rendaient cet endroit encore plus impressionnant, à la hauteur de ce qu’un des meilleurs guerriers du Roi – son père – pouvait espérer.

      Dernier bastion avant Les Flammes, Volis se trouvait à quelques jours de chevauchée d’Andros, la capitale d’Escalon et nombres d’anciens guerriers célèbres du Roi y avaient élu résidence. C’était également devenu un point de repère, des centaines de villageois et de fermiers vivant dans ou en dehors des murs étaient venus y chercher une certaine protection.

      Kyra baissa les yeux sur les dizaines de petites habitations en glaise logées aux pieds des collines à la périphérie du fort. La fumée s’élevait des cheminées et les fermiers se hâtaient de se préparer en vue de l’hiver prochain et des festivités prévues pour le soir-même. Kyra savait que le fait que les villageois se sentent suffisamment en sécurité pour vivre en dehors des murs du fort (chose qui ne pouvait être observée nulle part ailleurs dans Escalon) était une grande marque de respect envers la puissance de son père. Après tout ils vivaient à portée de son du cor protecteur qui sonnerait instantanément le ralliement de tous les hommes de son père en cas de danger.

      Kyra regarda vers le pont levis qui était toujours envahi par une foule de gens – fermiers, cordonniers, bouchers, forgerons et bien sûr guerriers – tous s’empressant d’aller et venir entre la campagne et le fort. Les gens non seulement vivaient et s’entraînaient à l’intérieur des murs, mais les nombreuses cours pavées s’étaient transformées en lieux d’échange pour les commerçants. Tous les jours ils montaient leurs stands et vendaient leurs marchandises, faisaient du troc, exposaient les prises ou la chasse du jour ou des habits, épices ou confiseries troqués dans des contrées situées de l’autre côté de la mer. Les petites cours du fort étaient toujours emplies de senteurs exotiques, que ce soit un thé étrange ou ragoût en train de mijoter et elle adorait s’y perdre des heures durant. Et juste au-delà des murs, un peu plus loin, son cœur s’accéléra à la vue du terrain d’entraînement circulaire des hommes de son père, la Porte du Combattant, et du petit mur de pierre l’entourant. Elle regarda avec enthousiasme ses hommes charger à cheval en lignes organisées, essayant d’atteindre les cibles – des boucliers suspendus à des arbres. Elle avait terriblement envie de s’entraîner avec eux.

      Kyra entendit soudain un cri, d’une voix qui lui était très familière et qui provenait de la porte d’accès principale. Tous les sens en alerte, elle se tourna vers le lieu d’où provenaient les cris. La foule était agitée. En observant la scène, elle vit son plus jeune frère Aidan émerger de la foule et se diriger vers la route principale. Il était accompagné par leurs frères aînés, Brandon et Braxton. Kyra était tendue. D’après la détresse qu’elle percevait dans la voix de son petit frère, elle pouvait immédiatement dire que les aînés n’avaient pas de bonnes intentions.

      Kyra plissa des yeux et les observa, sentant cette colère familière monter en elle. Inconsciemment, ses mains serrèrent son arc de plus en plus fort. Aidan marchait entre ses deux frères. Ces derniers faisaient tous deux une tête de plus que lui et l’avaient empoigné par le bras, le traînant sans ménagement à l’écart du fort. Aidan était un petit garçon sensible et maigrelet d’une dizaine d’années. Il avait l’air extrêmement vulnérable ainsi entouré de ses deux frères, des brutes démesurées de dix-sept et dix-huit ans. Ils avaient tous les mêmes caractéristiques physiques, une mâchoire prononcée, des mentons fiers, des yeux marron et des cheveux châtain et bouclés – Brandon et Braxton les portaient courts alors que ceux d’Aidan retombaient dans ses yeux de façon indisciplinée. Ils se ressemblaient mais elle ne leur ressemblait pas, elle avec ses


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