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Un Joyau pour la Cour . Морган РайсЧитать онлайн книгу.

Un Joyau pour la Cour  - Морган Райс


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jouer un rôle. “Si vous ne voulez pas d'argent, alors, pourquoi ne pas être décent ? Je ne suis qu'une jeune femme prisonnière d'un jeu dont je n'ai jamais voulu. Je vous en prie, aidez-moi.”

      Le garde la traîna sur le toit, qui était plat et doté de créneaux purement décoratifs. Le vent fouetta les cheveux à Angelica.

      “Et tu t'imagines que je vais te croire ?” demanda le garde. “Tu ne serais qu'une petite créature innocente ? Tu connais les histoires qu'on raconte sur toi dans le palais, milady ?”

      Angelica en connaissait la plupart. Elle tenait à savoir ce que les gens disaient sur elle pour pouvoir se venger de leurs affronts par la suite.

      “On dit que tu es cruelle et prétentieuse, que tu as ruiné la vie de certaines personnes seulement parce qu'elles t'avaient parlé sur un mauvais ton et que tu t'es arrangée pour faire tatouer une marque de contrat synallagmatique à tes rivales et à les faire exiler. Tu t'imagines que tu mérites qu'on ait pitié de toi ?”

      “Ce sont des mensonges”, dit Angelica. “Elles —”

      “Ça m'est égal.” Il la traîna vers le parapet. “La Douairière m'a donné mes ordres.”

      “Et que fera-t-elle quand vous y aurez obéi ?” demanda Angelica. “Pensez-vous qu'elle vous laissera la vie sauve ? Si l'Assemblée découvrait qu'elle a assassiné une femme noble, elle serait détrônée.”

      Le grand homme haussa les épaules. “J'ai déjà tué pour elle.”

      Il le dit comme si c'était une chose ordinaire et, alors, Angelica comprit qu'elle allait mourir. Elle se dit que, quoi qu'elle tente de lui dire, cet homme allait l'assassiner et que, vu son attitude, il allait aussi y prendre du plaisir.

      Il repoussa Angelica vers le bord et elle comprit qu'elle tomberait dans quelques moments. Pour une raison inexplicable, elle se mit à penser à Sebastian et ses pensées ne furent pas haineuses comme elles auraient dû l'être vu la façon dont il l'avait abandonnée. Angelica ne comprenait pas pourquoi. Sebastian était seulement l'homme qu'elle avait prévu d'épouser pour consolider sa position à la cour, un homme qu'elle s'était préparé à attirer dans son lit avec un somnifère …

      Une idée lui vint. Elle était désespérée mais, en ce moment-là, tout était désespéré.

      “Je pourrais vous offrir quelque chose de plus précieux que l'argent”, dit Angelica. “Quelque chose de meilleur.”

      Le garde rit mais s'interrompit quand même. “C'est quoi ?”

      Angelica baissa la main vers sa ceinture, en tira la petite blague à tabac de sédatif et la leva comme si c'était la chose la plus précieuse du monde. Le garde la laissa faire et la regarda fixement, sous le charme, en essayant de déterminer ce que c'était. Avec beaucoup de délicatesse, Angelica ouvrit la boîte.

      “Qu'est-ce que c'est ?” demanda le garde. “On dirait —”

      Angelica souffla brusquement et envoya une nuée de poudre au visage du garde, qui était bouche bée. Quand il tenta de la saisir, elle se détourna vers la gauche en espérant se libérer de son emprise pendant qu'il avait encore de la poudre dans les yeux. Une grosse main se referma sur le bras d'Angelica et ils reculèrent tous les deux vers le bord du toit du palais.

      Angelica ne savait pas quel effet le sédatif aurait. Il avait fonctionné rapidement quand elle l'avait utilisé mais, en temps normal, il se prenait en petites doses et avait un effet modéré. Quel effet aurait une dose aussi grosse sur un homme de cette taille et lui laisserait-elle le temps d'agir ? Angelica sentait déjà le bord du toit contre son dos et elle voyait le ciel pendant que le grand homme poussait contre elle.

      “Je vais te tuer !” hurla le garde et Angelica constata que, dans le meilleur des cas, son élocution lui parut légèrement déformée. Est-ce que son étreinte faiblissait ? Est-ce que la pression que l'homme exerçait était en train de diminuer ?

      A présent, elle était tellement pressée contre le bord du toit qu'elle voyait le sol sous elle, ainsi que quelques domestiques et quelques nobles. Dans une seconde, elle tomberait et s'écraserait sur les pavés de la cour, où elle se briserait en morceaux aussi sûrement qu’un verre qu'on aurait laissé tomber.

      A cette seconde, Angelica sentit l'étreinte du garde faiblir, pas de beaucoup mais assez pour qu'elle se contorsionne et se faufile à côté de lui, le positionnant ainsi dos au ciel.

      “Vous auriez dû accepter l'argent”, dit-elle. Alors, elle fonça en avant et le repoussa de toutes ses forces. L'espace d'un instant, le garde se balança sur le bord puis il tomba en arrière en fouettant l'air des bras.

      Pas seulement l'air. Un bras réussit à saisir Angelica, qui se retrouva tirée en avant, jusqu'au bord et au-delà. Elle cria et tenta de s'accrocher là où elle le pouvait. Ses doigts trouvèrent un morceau de maçonnerie, le lâchèrent puis le retrouvèrent pendant que le garde continuait à tomber sous elle. Angelica regarda vers le bas juste assez longtemps pour le voir chuter vers le sol. Elle sentit un bref moment de satisfaction quand il le heurta mais cette satisfaction céda vite la place à la terreur. Elle était suspendue à la façade du château.

      Angelica essaya de trouver une chose à laquelle se raccrocher. Ses pieds pendirent dans le vide un instant puis réussirent à trouver une prise sur les flancs rugueux d'un bouclier héraldique en pierre sculptée. Avec un léger amusement, Angelica comprit que c'était les armes royales mais, en même temps, elle ne put s'empêcher de se sentir soulagée que ce bouclier soit ici. Sans lui, maintenant, elle serait forcément aussi morte que la Douairière voulait qu'elle soit.

      Remonter sur le toit sembla lui prendre une éternité et les muscles d'Angelica souffrirent de cet effort inattendu. En dessous, elle entendait maintenant des cris et les gens se rassembler autour du corps du garde. Elle savait que certaines personnes lèveraient les yeux et la verraient remonter sur le toit, s'y effondrer et y rester immobile, la respiration lourde.

      “Debout”, se dit-elle. “Si tu restes ici, tu es morte. Debout.”

      Elle se força à se relever en essayant de réfléchir. La Douairière avait essayé de la tuer. La chose la plus évidente à faire, c'était de fuir, car qui pouvait tenir tête à la Douairière ? Il fallait qu'elle trouve le moyen de sortir du palais, peut-être d'aller jusqu'aux quais et de partir pour les terres de sa famille, au-delà des mers. Ou alors, elle pourrait quitter la ville par une des petites routes en évitant tous les gardes et partir à la campagne. Sa famille était puissante et elle avait la sorte d'amis qui pouvait demander des comptes à l'Assemblée des Nobles, qui —

      “Les nobles feront ce que la Douairière leur ordonnera”, se dit Angelica, et même s'ils faisaient quelque chose d'autre, ce serait si lent qu'elle serait forcément assassinée entre-temps. Ce qu'elle pouvait espérer de mieux, c'était fuir sans s'arrêter, ne jamais être en sécurité, ne plus jamais se retrouver au cœur des choses. C'était une solution inacceptable.

      Cette idée la ramena à sa question précédente : qui pouvait tenir tête à la Douairière ?

      Angelica s'épousseta soigneusement, se recoiffa aussi bien que possible puis hocha la tête. Ce plan était … dangereux, certes, et presque certainement déplaisant. Cela dit, c'était sa meilleure chance de survie.

      Pendant que les gens criaient en dessous, elle repartit dans le palais en courant.

      CHAPITRE SEPT

      Les yeux de Sebastian commençaient à s'habituer à la quasi-obscurité de sa cellule, à son humidité, même à sa puanteur. Il commençait à s'habituer au faible gargouillis d'eau qu'il entendait quelque part au loin et au son du va-et-vient des gens au-delà. C'était probablement un mauvais signe. Il y avait des endroits auxquels personne ne devrait s'habituer.

      La cellule était petite, un carré de guère plus de quelques mètres de côté avec, à l'entrée, des barreaux de fer


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