Le Fichier Zéro. Джек МарсЧитать онлайн книгу.
un instant était impressionnante. Ce savoir avait toujours été là, ancré à la suite d’une somme insensée de gestes répétés et d’études, enfermé dans les tréfonds de son système limbique en attendant l’occasion de surgir à nouveau. La vitesse moyenne de réaction humaine allait d’une demi-seconde à trois-quarts de seconde. Même un professionnel comme Baker avait besoin d’au moins un quart de seconde entre deux tirs sur un pistolet semi-automatique comme le Sig Sauer. Et Zéro était une cible mobile.
Le costaud, Stevens, n’était pas rapide. Il avait à peine libéré son pistolet de son étui, les yeux involontairement écarquillés de surprise à cause de la vitesse à laquelle Zéro fondait sur lui. La lame de son couteau était déjà déployée. Zéro se pencha en avant sur les deux derniers mètres et sauta sur Stevens, enfonçant la pointe de son couteau dans sa gorge d’un mouvement net.
De sa main droite bandée, il prit appui sur la puissante épaule de Stevens et, alors que la lame du couteau ressortait, Zéro se propulsa pour contourner le corps massif du type. Deux coups de feu furent tirés derrière lui, thwip-thwip avec le pistolet équipé du silencieux, et atteignirent Stevens à la poitrine alors que Zéro atterrissait derrière lui. Une horrible douleur vive s’empara de sa main blessée, mais l’adrénaline était là à présent, coulant en lui tandis qu’il laissait tomber le couteau pour récupérer le pistolet de Stevens avant que ce dernier ne s’écroule à terre. Il le lui arracha de son gros poing et, à l’abri derrière son large bouclier humain, tira deux fois sur Baker.
Il était bon tireur de la main gauche, même s’il n’était pas aussi doué qu’avec la droite. L’un des tirs manqua sa cible. Une vitre éclata quelque part, au-delà de la ruelle. Le deuxième tir retentissant (le Beretta de Stevens n’était pas équipé d’un silencieux) s’enfonça dans le front de Baker.
La tête du mercenaire partit en arrière et son corps suivit le mouvement.
Zéro ne demanda pas son reste et ne s’arrêta même pas pour reprendre son souffle. Il se mit à courir de nouveau, récupéra la clé USB au sol, puis partit au pas de course dans la direction opposée pour quitter la ruelle. Il la mit dans sa poche avec le couteau ensanglanté et il emporta aussi le Beretta de Stevens. Il y avait ses empreintes dessus.
Quelque part, retentit une alarme automobile. Les éclats de verre qu’il avait entendus devaient provenir d’une vitre de voiture. Il espéra que personne n’avait été blessé.
La poitrine du mercenaire massif se levait et s’abaissait. Il était encore en vie. Mais Zéro ne pouvait pas se payer le luxe de l’achever ou d’attendre qu’il trépasse. De plus, avec le coup de couteau à la gorge et les deux balles dans la poitrine, il serait mort dans quelques secondes.
Non loin de là, des gens se mirent à crier d’effroi tandis que Zéro sprintait pour atteindre le bout de l’allée, fourrant le flingue dans son pantalon en même temps. Il tourna à l’angle et regarda autour de lui avec un air confus, tentant d’arborer une mine aussi choquée que tous les autres passants.
Alors qu’il se dépêchait de quitter le secteur, il entendit le cri d’une femme qui venait certainement de découvrir les deux corps dans l’étroite ruelle, puis une forte voix masculine cria, “Que quelqu’un appelle le neuf-cent-onze !”
Ils devaient mourir. Il n’y avait pas d’autre solution. Il l’avait su dès l’instant où il avait accidentellement prononcé le nom de Baker et dévoilé ainsi son jeu. Il l’avait su quand il leur avait montré la clé USB récupérée à la banque.
Étrangement, il n’avait aucun remord. Il n’y avait pas de “et si ?” il aurait pu ou pas les dissuader de prendre la clé USB ou leur expliquer son point de vue. C’était eux ou lui et il avait décidé que ce ne serait pas lui. Ils avaient choisi leur camp et c’était le mauvais.
Toute la scène, du lancer de la clé USB jusqu’à sa fuite de la ruelle s’était déroulée en l’espace de quelques secondes. Mais il pouvait visualiser clairement chaque instant comme une vidéo en slow-motion dans son esprit. Le plus étrange avait été quand Baker avait tiré tout près de sa tête et que la balle avait atteint le mur en brique. Zéro ne s’était pas dit que la balle l’avait raté de peu et que Baker aurait bien pu le tuer. Il n’avait pas pensé à ses filles. Au lieu de ça, il avait été parfaitement conscient de la nature dichotomique de son esprit savant face à ses souvenirs redécouverts. Zéro était cool, calme et pensait, peut-être par orgueil, par expérience ou un mix entre les deux, qu’il avait encore le contrôle de la situation.
C’était une sensation bizarre. Et le pire, c’était à quel point c’était effrayant et excitant en même temps. Est-ce vraiment qui je suis ? Reid Lawson était-il un mensonge ? Ou ai-je vécu ma vie pendant deux ans avec seulement les parties les plus faibles de ma psyché ?
Zéro marcha à pas rapides jusqu’à l’immeuble suivant, traversa la rue en direction de la boutique du fleuriste, puis retourna directement à sa voiture. Il vit qu’une foule de voyeurs s’était rassemblée à l’angle de la ruelle, beaucoup choqués ou même en pleurs à la vue des deux corps morts.
Personne ne faisait attention à lui.
Il conduisait tranquillement en respectant les limitations de vitesse et en faisant bien attention de ne pas griller de stop ou de feu. La police était très certainement déjà en route et la CIA saurait dans un moment que des coups de feu avaient été tirés et que deux hommes avaient été abattus à quelques mètres de la banque où s’était rendu Zéro selon le rapport de la Division.
La question était de savoir ce qu’ils allaient faire ensuite. Il n’y avait rien sur la scène du crime qui pouvait réellement le lier à ça. Et la personne qui avait envoyé la Division à ses trousses, Riker présumait-il, ne pourrait pas l’admettre ouvertement. Toutefois, il avait besoin d’une aide, et plus grande que celle qu’il pouvait demander à ses amis agents. Ils étaient certainement surveillés eux aussi. Si la chasse était ouverte sur l’Agent Zéro, alors il allait avoir besoin d’alliés. Et des puissants.
Mais d’abord, il devait mettre ses filles en sécurité.
Dès qu’il se sentit à une distance sûre de la scène macabre dans la ruelle, il s’arrêta à l’arrière d’une station-service. Il balança le pistolet, le couteau et la clé du coffre-fort dans une benne à ordure à l’odeur infame, puis il retourna à la voiture et passa un appel. Il n’y eut que deux sonneries avant que Mitch réponde en marmonnant.
“J’ai besoin d’une extraction tout de suite, Mitch. Il faut qu’on se retrouve quelque part.”
“Meadow Field,” dit immédiatement le mécanicien. “Tu connais ?”
“Oui.” Meadow Field était un aéroport abandonné à environ trente kilomètres au sud. “J’y serai.”
CHAPITRE SIX
Maya écarta les stores vénitiens de la fenêtre près de la porte d’entrée pour la vingtième fois au moins depuis que leur père était parti. Dehors, la rue était vide. Des voitures passaient de temps en temps, mais elles ne ralentissaient pas, ni ne s’arrêtaient.
Elle était morte de trouille en se demandant dans quoi son père s’était fourré cette fois.
Juste par acquis de conscience, elle traversa l’entrée pour se rendre à la cuisine et vérifier une nouvelle fois le téléphone de son père. Il l’avait laissé à la maison, sur silencieux, mais l’écran montrait qu’il avait manqué trois appels depuis son départ.
Apparemment, Maria essayait désespérément de le joindre. Maya avait envie de la rappeler pour lui dire qu’il se passait un truc, mais elle se retint. Si son père avait voulu mettre Maria au courant, il l’aurait contactée directement.
Elle trouva Sara dans la même position qu’une demi-heure plus tôt, assise dans le canapé du