Menace Principale. Джек МарсЧитать онлайн книгу.
pour une seule incursion démente en mode kamikaze.
Il était propulsé par deux grands moteurs diesel jumeaux de 440 chevaux au frein. La coque était en aluminium blindé. Les anodes étaient en mousse à alvéole à forte résistance. Ici, les remous d’eau glacée frappaient très fort la proue. Murphy faisait brutalement passer le bateau au travers de gros morceaux de glace et, à chaque fois, la coque produisait des bruits de déchirure violents. Le vent lui hurlait dans les oreilles.
Il était dans le cockpit, derrière une paroi blindée. Un lance-grenades fumigènes et une grande mitrailleuse à chaîne de calibre 50 étaient installés dans la proue, trois mètres devant lui. La mitrailleuse à chaîne pouvait déchiqueter un véhicule blindé, mais Murphy ne savait pas si elle fonctionnerait, car il faisait un froid polaire, ici, et de l’eau salée et gelée giclait partout. De plus, ce n’était pas un bateau prévu pour un seul homme : il faudrait qu’il quitte le cockpit pour accéder à l’arme.
Il circulait tous feux éteints et traversait une obscurité absolue. Il portait des lunettes de vision nocturne, mais le monde vert qu’elles lui montraient était inintéressant. Encerclé par des vagues monstrueuses, une eau noire glaciale et une écume blanche sur fond de ciel noir, il fonçait à l’aveuglette dans la fureur de la tempête.
Il glissa dans un remous et le bateau s’écrasa sur l’eau du fond comme s’il avait été dans une glissoire hydraulique pour bûches. Parfois, certains bateaux descendaient dans des remous profonds, plongeaient directement sous l’eau et on ne les revoyait jamais. Murphy le savait. Il ne voulait pas y penser.
— Swann ! hurla-t-il dans l’obscurité. Où suis-je ?
Cette embarcation était équipée d’un radar, d’un sondeur, d’un GPS, d’une radio tactique VHF et de quantités d’autres capteurs et systèmes de traitement des données, mais Murphy avait déjà beaucoup de mal à diriger le bateau, donc, il ne pouvait se soucier de toutes les données qu’il affichait. Swann était censé le suivre à la trace et repérer où il se trouvait par rapport à la plate-forme pétrolière.
Une voix crépita dans son casque-micro.
— Swann !
— Va vers le nord ! entendit-il crier la voix. Nord nord-est. Le vent te pousse vers le sud.
Murphy consulta la boussole. Il la voyait à peine. Il tourna un peu la barre vers la gauche pour mieux s’aligner sur le nord. Il n’avait aucune idée de sa direction. Si quelque chose apparaissait juste devant lui, il pourrait foncer dedans sans jamais le voir venir.
Il n’avait pas de plan. Personne ne savait qu’il venait, même pas ses propres hommes. Swann et Trudy étaient les seuls à savoir qu’il avait pris ce bateau. Ils étaient les seuls à savoir qu’il avait rapidement enfilé un gilet pare-balles avant de charger le bateau d’armes et de munitions. Ils étaient les seuls à savoir où il était alors qu’il ne le savait pas lui-même.
Et ça lui était presque égal.
Peu lui importait de quel côté il était.
Il était vide, creux.
C’était à cause de la Dexedrine et de l’adrénaline.
Il y avait des terroristes là-bas, des mauvais gars, et il était le bon gars. Il était le cow-boy et ils étaient les Indiens. Il était le flic et ils étaient les voleurs. Ils étaient le FBI et il était John Dillinger. Ils étaient Batman et il était le Joker. Il était Superman et ils étaient … les autres.
Peu importait qui était qui ou quoi.
Ils étaient les autres et il allait leur enfoncer ce bateau au fond de la gorge. S’il survivait, il survivrait. S’il mourait, il mourrait. Au combat, ça s’était toujours passé comme ça et il y avait toujours survécu. Confiance totale.
Il n’accordait pas grande importance à la vie, que ce soit la sienne ou celle des autres.
Il était mort à l’intérieur.
Ce moment, ces moments, c’était là qu’il était en vie.
— Vers l’est ! cria Swann. Droit vers l’est !
Murphy tourna doucement la barre vers la droite.
— C’est encore loin ? cria-t-il.
— Une minute !
Un frisson étrange traversa Murphy. Il avait très froid. Purée, il était quasiment congelé. Même avec sa combinaison de travail, une grosse parka, des gants épais, un chapeau et le visage couvert, il avait très froid. Ses vêtements étaient trempés. Il frissonnait, peut-être de froid, peut-être à cause de sa dernière poussée d’adrénaline.
C’était la règle du jeu. C’était comme ça.
La station était là. Il arrivait.
Il accéléra encore plus. Il scruta la pénombre. La tempête se déchaîna autour de lui. Le bateau fut bousculé de tous les côtés et il se cala les jambes en agrippant la barre.
Maintenant, il voyait tout juste des lumières devant lui et il entendait quelque chose.
Pan ! Pan ! Pan !
On lui tirait dessus.
— Ralentis ! hurla Swann. Tu vas t’échouer !
Devant Murphy, des lumières éclatantes apparurent soudain.
Il avançait vite. Trop vite. Swann avait raison. Le littoral était juste devant.
Cependant, ce bateau était conçu pour accoster sur des plages.
De toute façon, il n’y avait aucun moyen de l’arrêter. Murphy accéléra au maximum et se prépara à l’impact.
* * *
Un homme mort flottait dans l’eau, au-dessus de la tête de Luke.
Luke regardait fixement l’homme. C’était un membre des Marines entièrement équipé et il avait été abattu quand il avait essayé de sortir de l’eau. Il dérivait çà et là, tournant sur lui-même comme une algue emportée par les courants déferlants. Ses bras et ses jambes s’agitaient au hasard, comme des spaghettis trop cuits.
Il coulait vers Luke.
Du sang coulait du corps de l’homme par plusieurs trous et rougissait l’eau des alentours. Luke savait qu’il ne saignerait pas longtemps. Maintenant que la combinaison étanche de l’homme était déchirée et qu’il était exposé au froid, il allait geler très rapidement.
Une lumière blanche aveuglante tombait du dessus. Un moment auparavant, des projecteurs installés sur la terre ferme s’étaient allumés et avaient illuminé l’eau. Les Marines étaient exposés et il ne semblait pas que qui que ce soit ait encore réussi à sortir de l’eau.
Ils ne pouvaient même plus enlever leurs combinaisons étanches, ni sortir les armes de leurs poches imperméables, ni s’orienter et prendre l’initiative et encore moins mener une attaque surprise.
Les ennemis n’étaient pas du tout surpris. Ils étaient stationnés là-haut et ils tiraient dans l’eau.
Ils savaient que les Marines arrivaient. Ils avaient prévu l’assaut sous-marin. Soudain, Luke se souvint du robot à caméra intégrée, qui avait dégagé une lumière verte dans l’eau sombre.
C’était une embuscade. Ils étaient des cibles faciles.
À vingt mètres au-dessous de la surface, Luke vit des balles pénétrer l’eau glacée au-dessus de sa tête, puis perdre leur élan en approchant.
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