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Le Ciel De Nadira. Giovanni MongiovìЧитать онлайн книгу.

Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì


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car il croyait avec prétention, réussir dans ce que même Maniakès avait évité… et dans le combat il avait trouvé la mort.

      Avec l’armée régulière des provinces romées de l’Italie méridionale encore en Sicile, désorienté et battu, lombards et normands avaient alors décidés de contre-attaquer l’Empire en Calabre et dans les Pouilles, en prenant en contrepoint le nouvel ennemi.

      Ce fut durant ces jours, avant de passer définitivement le Détroit, que les hommes de William, dans la tentative de saisir le plus possible pour leur butin personnel, chassèrent de long en large les villages Siciliens. Ils se partagèrent en bandes de vingt et trente, et chacun d’eux se dirigea vers où il croyait pouvoir conquérir facilement, sans faire de distinction entre islamiques ou chrétiens quand la bouchée en valait la peine.

      Tancred proposa d’attaquer les villages dégarnis des sarrasins, installés depuis peu à est de Qasr Yanna. Il se dirigea vers le nombril de la Sicile avec l’armée de Abd-Allah éparpillée, forte de l’effet surprise, dépourvue de la pesante armature et avec l’intention de frapper en coup de foudre pour ensuite fuir vers est, Roul, Tancred, Geuffroi, le jeune Conrad et une autre trentaine de guerriers, se dirigèrent vers le nombril de la Sicile.

      Conrad n’avait jamais cessé d’encourager Roul à l’enseignement de la guerre, en obtenant de sa part une instruction que seul un habile guerrier normand pouvait donner. Ce que cependant Roul avait le plus touché était le cœur du jeune garçon, en l’enflammant de haine envers l’ennemi. Conrad désirait maintenant plus que jamais, se venger de son père et avait l’intention de le faire avec n’importe quelle personne qui aurait pu se trouver devant lui. Durant les semaines précédentes il avait demandé une licence à son maître, chaque fois qu’il s’était trouvé devant un sarrasin, toutefois Roul avait répété continuellement que sa colère devait être préservée uniquement pour la bataille, et que ne pas pouvoir maintenir la discipline dans des vêtements civils était stupide.

      Maintenant il restait là, étendu sur la crête d’une colline terreuse et regardait au delà. C’était l’après midi et le soleil bas commençait à dé-ranger les yeux. Un village était installé, justement sur les pentes de la montagne de Qasr Yanna. Un torrent descendait sur le côté du plateau, où il avait été construit et où certains norias hissaient l’eau pour la diriger vers les canaux des terrains supérieurs. Des dizaines de parcelles cultivées en potagers, entouraient le village dans chaque direction. En-core plus loin se trouvaient les terres réservées au blé, des milliers d’hectares qui se perdaient à l’horizon. Les soldats de la compagnie normande avaient maintenant des terrains de céréales à l’arrière et des potagers devant.

      “ Avec le soleil en pleine face ils y mettront peu pour se rendre compte de nous, dès que nous descendrons de la colline. ” fit remarquer Tancred.

      “ Regardez là haut ! ” invita Roul, en indiquant Qasr Yanna sur le sommet de la montagne.

      “ Il ne faudra pas longtemps pour que le soleil disparaisse derrière la crête de la montagne. Attaquons quand la visibilité devient difficile pour les sentinelles. ” précisa t’il.

      “ Je doute que cette poignée de villageois ait des sentinelles. ”commenta Geuffroi.

      “ Car ils n’ont rien à défendre… ” ajouta un autre.

      “ Non, cher ami, parce qu’ils se sentent en sécurité. Ils tiendront l’or dans leur église… dans cette mosquée là au fond. ” expliqua Roul

      “ Au coucher du soleil, les hommes rentreront de la campagne… nous devons les frapper avant ! ” proposa Tancred.

      “ Tu n’as pas peur des fourches, j’espère… ” plaisanta Roul.

      “ Je couvrirai vos épaules. ” s’exclama Conrad en parlant à l’oreille du plus grand et plus gros.

      Roul se mit à rire et tous les autres firent de même.

      “ Toi le morveux, tu restes et tu gardes les animaux ! ”

      Conrad regarda en arrière, les chevaux au pieds de la colline.

      “ cela fait des semaines que je vous demande la permission de pou-voir venger mon père. ”

      “ Quand ça sera le moment tu n’auras pas besoin de mon autorisation. Quelqu’un tentera peut-être de voler les chevaux et tu devras les défendre. ”

      “ Seul ? ”

      Roul rit avec encore plus d’élan qu’auparavant.

      “ Tu es mort de peur rien qu’en gardant les chevaux et tu voudrais piller un village ? ”

      Conrad attristé et humilié par les rires de l’homme envers lequel il avait confiance.

      “ Frères, le soleil s’éclipse, à vos armes ! ”

      Ils commencèrent à descendre la pente qui surplombait le village, silencieusement et rapidement. Conrad se retrouva vite seul, dans le silence des instants qui précèdent le coucher du soleil. D’un coup, après quelques minutes, le chant du muezzin se leva dans la vallée; Roul et ses compagnons s’arrêtèrent à l’instant, en se cachant près d’une formation rocheuse. Ils repartirent immédiatement après avec l’intention d’at-taquer ce peuple durant la prière, quand les habitants auraient penché leurs têtes et les hommes en rentrant des campagnes se seraient arrêtés, le long de la route du retour. Ils reprirent donc leur chemin quand le muezzin n’avait pas encore terminé.

      Conrad suivait du regard les épaules de Roul qui était le plus visible et il rongeait ses ongles, pris par l’impatience provoquée par cette longue attente.

      Un hurlement retentit parmi les collines à est ; un loup chantait à la lune qui doucement apparaissait dans le ciel. Conrad n’y pensa pas deux fois, il se jeta à une vitesse vertigineuse dans la descente, vers la vallée et le plateau juste en face. Il tenait son épée dégainée à main levée devant lui, du moment que s’il l’avait tenue dans sa gaine la pointe aurait touché le terrain.

      Bien avant de joindre l’entrée du village il entendit les premiers hurlements des femmes ; il savait qu’en suivant leur provenance il aurait trouvé les amis de son père. Une fois parmi les ruelles de ce bourg, il plongea dans la fuite générale des femmes terrorisées qui se réfugiaient dans les maisons. Il vit Geuffroi enfoncer une porte d’un coup de pied, et faire sortir un vieil homme édenté. Il se remit à courir sans but, certain de rencontrer Roul. Il rencontra certains cadavres d’hommes, certainement des paysans qui s’étaient opposés aux assaillants de leurs femmes. Conrad était là pour soutenir cette bataille, il rencontra plu-sieurs sarrasins en fugue mais n’eut pas le courage de les affronter. Il se persuada qu’il l’aurait fait après avoir retrouvé Roul.

      Au travers d’ une fenêtre, les cris d’une jeune fille dominaient tout le reste ; il était terrorisé par ses hurlements, Il voyait près de la mosquée certaines jeunes filles en larmes, les cheveux découverts et dénudées ailleurs. Tancred à côté, se faisait livrer les boucles d’oreilles, les bracelets, les bracelets de chevilles et les colliers. Conrad avait déjà vu des femmes dans cet état, chargées comme des bêtes sur des chars destinés au marché, et quand il se rendit compte qu’ils leur liait les pouls, il imagina que Tancred et ses compagnons étaient en train de les emporter pour devenir des prisonnières. Entre temps, de la fumée commençait à s’élever du toit de la mosquée, tandis qu’un homme à l’intérieur de la cour était égorgé et jeté à plat ventre dans la source des ablutions.

      Les étroites ruelles s’ouvrirent enfin sur une large place, délimitée par un muret sur l’entrée d’une grande maison qui occupait la scène dans le fond. La maison avait été pillée et un soldat en sortait en portant sur les épaules une espèce de ballot qui résonnait d’objets métalliques à chaque pas. Un autre portait sur les bras une grande quantité d’étoffes et d’habits d’un certain valeur. Chacun jetait ensuite son butin à l’intérieur d’un char garé à l’entrée.

      Enfin Conrad vit Roul tourner à l’arrière de la maison.

      “


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