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Ndura. Fils De La Forêt. Javier Salazar CalleЧитать онлайн книгу.

Ndura. Fils De La Forêt - Javier Salazar Calle


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mais elle me fit également comprendre que je me trouvais dans des zones fréquentées par des braconniers, sûrement peu amicaux avec les étrangers.

      Tout ce qui se passait m’affectait grandement. Je ressentis à moment donné une forte crampe dans le mollet droit, ce qui m’obligea à m’arrêter pour l’étirer, pinçant fortement les lèvres à cause de la douleur et me tordant de douleur au sol. Je dus rester assis un bon moment avant de pouvoir me remettre en mouvement et je sentis une gêne constante tout le reste de la journée. Je crus plusieurs fois que la crampe revenait et je dus m’arrêter pour étirer la jambe. J’étais complètement épuisé à la tombée du jour. Je n’avais pas beaucoup avancé étant donné le rythme peu soutenu que j’avais dû prendre. J’avais surtout les jambes fatiguées après avoir autant marché, le genou et le mollet me faisaient mal et mes pieds étaient comme endormis. Je regardais le côté positif: si je m’en sortais, j’en aurais fini avec ce ventre naissant de buveur de bière que j’étais en train de mettre. C’était toujours ça. Je ne devais pas perdre le sens de l’humour, c’était ce qui pourrait me sauver. C’était tout ce qui me restait, ça et mon envie de vivre. Elena, je donnerais tout, tout de suite pour que tu me prennes dans tes bras, pour ton sourire! Ou pour un de ces bons petits plats que tu préparais!

      Je m’assis sur un tronc déraciné, mangeai toute la pâte de coings qui restait et bus une grande gorgée d’eau. Il ne me restait qu’un fond de bouteille et je n’avais plus aucune nourriture. Je passerais ma troisième nuit dans un arbre, une nouvelle fois. Je ne pensais pas arriver à m’endormir après l’expérience des fourmis, bien qu’elles soient aussi bien sur le sol que dans les arbres. Mais j’avais encore moins envie de me faire attraper pendant mon sommeil par les canailles des coups de feu. Comme je le fis la première nuit, je cherchai un arbre adéquat et, après l’avoir trouvé, j’eus l’idée de me hisser jusqu’à la branche choisie à l’aide d’une plante grimpante. Dès que je posai ma main sur la plante je dus la retirer car je sentis une piqûre aigüe. Elle avait des épines. Je frottai la paume endolorie et cherchai un autre arbre auquel grimper. Après l’avoir trouvé, je montai en faisant très attention et me disposai à passer une nouvelle nuit dans cet enfer. J’ôtai mes baskets et mes chaussettes et priai pour que tout soit sec le lendemain, j’en doutais car l’air était humide presque en permanence. J’avais les pieds fripés et de couleur vert-brun clair. Je les séchai du mieux possible, mais la sensation de mal-être persista malgré tout. J’essayai de me réchauffer mais je n’y parvins pas, pas même avec la couverture, ni en me frottant le corps. J’étais constamment dérangé par les piqûres de moustiques et de fourmis mais je ne pouvais rien y faire. La seule chose qui me soulageait était la boue humide que j’appliquais sur mon corps pour éviter d’être piqué. La démangeaison permanente était alors remplacée par une sensation réconfortante que je ne saurais décrire. Je sentais une douleur diffuse et continue dans les jambes, de même que dans le dos. J’avais le bras droit endormi de fatigue à force de donner, toute la journée, ce qui ressemblait à des coups de machette à l’aide du bâton.

      J’étais tellement épuisé que je m’endormis de suite. Ma dernière pensée fut l’espoir de pouvoir savourer au réveil un petit déjeuner composé d’un grand bol de lait au miel et d’une ou deux tartines avec beaucoup de beurre et de confiture de fraises ou de mûres.

      

      Un bruit très proche me réveilla et je tombai presque sur le coup de la peur. Maintenant oui, ils m’avaient trouvé, c’était fini. Tant d’efforts pour rien, je m’étais laissé prendre par surprise, par inattention et maintenant j’allais le payer cher. Je m’accrochai fortement à la branche et regardai tout autour, terrorisé, cherchant les rebelles en criant « Ne tirez pas, ne tirez pas! » Mais je ne vis rien. Si ça avait été eux, ils auraient tiré ou, du moins, m’auraient obligé à descendre de l’arbre. C’était donc une fausse alerte. Allez savoir quelle sorte d’animal était passé par là, c’était un peu mon idée fixe.

      – Je ne peux pas me réveiller un seul jour tranquillement?, – rouspétai-je à haute voix – Vous ne pouvez pas me laisser tranquille un moment?

      A vrai dire, ça m’était égal. Je descendis et m’étirai en baillant. J’avais dormi une bonne poignée d’heures à la suite, mais le dos me faisait extrêmement mal. De plus, lorsque je fus un peu plus réveillé, je recommençai à sentir les piqûres continuelles aux bras et aux jambes, là où fourmis et moustiques avaient planté la dent. Dormir sur une branche ne devait pas être si bon que cela pour le corps, mais parfois je préférais cela au sol où l’on était à portée de toute personne ou animal de passage. J’auscultai mes bras et mes jambes et je vis que certaines plaies étaient infectées, surtout celles dues au contact avec les plantes. Il ne me manquait que ça. Je perçus un gargouillis croissant, c’était mon estomac. J’avais une faim de loup et il ne me restait rien à manger. Ma priorité du jour était de trouver de la nourriture, l’eau n’étant plus un problème pour le moment puisque j’avais retrouvé la trace du fleuve. J’aurais aimé avoir Alex à mes côtés, toujours raisonnable, pour pouvoir entendre ses conseils sages et réfléchis. Mais j’étais seul, Alex était mort, Juan était mort et j’étais tout seul. Par ma faute. Tout était ma faute.

      Je m’approchai du fleuve pour me débarbouiller et pour boire. Je remplis aussi la bouteille. Je bus tellement que j’arrivai à étancher ma soif, mais cela durerait peu. Je m’assis sur une pierre et méditai au meilleur moyen d’obtenir de la nourriture. Tandis que j’essayais de trouver une solution, mon regard se posa sur un arbre proche de moi et me rappela quelque chose. Je l’observai avec attention. Je savais qu’un détail m’échappait, je l’avais sur le bout de la langue et je ne savais pas ce que c’était. C’est alors que je me souvins. C’était sur un arbre comme celui-ci que j’avais vu le perroquet manger les fruits. L’ampoule s’alluma, l’idée brisa les barrières de l’oubli, la nécessité anéantit l’ankylose de mon esprit. Si les animaux mangeaient ces fruits je le pourrais sûrement moi aussi. J’avais lu que certains avaient un métabolisme leur permettant de digérer les fruits vénéneux mais la majorité de ce qu’ils mangeaient devait forcément être comestible aussi pour moi, surtout si un singe le mangeait : c’était l’animal habitant ces lieux le plus proche de l’homme.

      Je me levai et marchai jusqu’à l’arbre. J’y grimpai ensuite en passant entre les branches et cueillis deux ou trois fruits, ceux qui me parurent le plus appétissant. Je descendis ensuite en les tenant et ouvris le premier par la moitié à l’aide du couteau. L’intérieur me rappelait les cheveux d’ange de par sa forme et sa texture, mais rouge. Je pelai une moitié et mordit légèrement dedans. Je mastiquai lentement, comme si je suçais le morceau. Le goût était étrange, mais c’était bon. Je mangeai voracement les deux moitiés et pelai un deuxième fruit que je mangeai aussi. En coupant le troisième par la moitié, je vis qu’il était rempli de petites bestioles et je le jetai. Je grimpai à nouveau à l’arbre et en cueillis une demi-douzaine de plus. Cinq plus durs que les autres, pensant les mettre dans mon sac pour les manger les jours suivants. L’autre serait mangé sur l’instant.

      Je finis mon petit-déjeuner et me sentis pleinement satisfait, aussi bien d’avoir pu manger que par le fait même d’avoir pu trouver de la nourriture. Je me fixai comme objectif de rester très attentif à partir de maintenant pour pouvoir trouver d’autres sources de nourriture, qu’il s’agisse d’autres fruits ou de tout autre chose puisque je ne pouvais pas me nourrir uniquement de ce fruit. Je décidai de prêter attention aux oiseaux et aux singes. De plus, je devais penser à une façon de manger de la viande sans la faire cuire: bien que j’aie un briquet, je ne pouvais pas me risquer à allumer un feu par peur des rebelles, à moins que je ne trouve le moyen de faire du feu sans fumée. Peut-être qu’en mangeant la viande en tout petits morceaux ce serait moins difficile. Quelque chose ressemblant au carpaccio des restaurants italiens.

      En regardant


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