La Pluie De Sang. Amy BlankenshipЧитать онлайн книгу.
secoua la tête en ne voulant pas avoir la responsabilité d'être la raison de qui que ce soit pour quoi que ce soit. Elle avait placé tant de murs autour d'elle que le seul qui s'était approché d'eux était Zachary… et même, pour être honnête, c'était plutôt l’alter ego de Zach qui s'était frayé un chemin jusqu'à eux sans pitié. Elle fut attristée un moment par ce détail parce que son amitié et ses conseils lui manquaient maintenant.
Les yeux de Syn s’étrécirent en l'entendant pleurer la proximité qu'elle avait eue avec le Phénix. C'était regrettable qu'elle ait oublié le fait que Syn était un homme très possessif et qu'il ne l'avait jamais facilement partagée avec les autres. Il avait même tué pour la garder et il recommencerait certainement sans hésitation.
Il tira son pouvoir vers l'intérieur en essayant d'atteindre sa mémoire, et il se rendit compte qu'il était parvenu à la limite de ses capacités. Comment l'avait-elle réduit à cet état d'impatience si rapidement ?
– Tu n'es pas venu ici pour moi. Angelica fronça les sourcils, puis elle souligna ce qu'elle pensait être évident. Tu es venu parce que tes fils sont ici. Et d’ailleurs, j’aimerais rajouter qu’on dirait qu’ils ont le même âge que toi… un peu comme tes frères… mais pas comme tes enfants. Et maintenant tu restes là pour aider Storm à combattre les démons.
Sa voix vacilla lorsque son dos heurta le mur et ses paumes de mains la bloquèrent de chaque côté d'elle… la piégeant efficacement contre le rocher du château.
– C'est ma partenaire qui aide Storm… pas moi, grogna Syn. Je ne suis là que pour la protéger et qu’elle ne se fasse pas tuer à nouveau !
– On ne m’a jamais tuée, nia Angelica. Elle trembla quand le mur se fissura, remontant en lignes irrégulières sous ses paumes jusqu’à sa tête et ses épaules.
– Arrête ! chuchota-t-elle en respirant à peine.
Quelque chose n'allait vraiment pas chez lui, mais bizarrement, ça ne lui faisait pas peur. Non, tout à coup, elle eut le sentiment d’avoir le cœur brisé. Elle respira de manière plus ralentie, voulant être prudente en ce moment, parce qu'elle sentait que si elle ne l'était pas, l’homme puissant qui était devant elle allait exploser… et une peur profonde risquerait de l’envahir.
– Laisse-moi te prendre dans mes bras jusqu'à ce que je me calme, lui dit Syn, juste au moment où il se pencha en avant et la traîna contre lui.
Comme Angelica ne résistait pas, Syn sentit qu’une partie du chagrin qui l’écrasait lui quittait les épaules. Elle ne se souvenait peut-être pas de sa mort, mais c'était un souvenir qu'il avait encore du mal à garder enfoui au plus profond de lui-même… sinon il risquait de devenir fou. Maintenant son emprise, il s'abaissa lentement au niveau de ses genoux, la tirant avec lui le long du mur. Il laissa une main tremblante courir sur ses cheveux sombres et soyeux, puis il pressa sa joue dans l'arc de son cou, en posant ses lèvres contre sa tempe.
Angelica cligna des yeux lorsqu'elle sentit son corps trembler contre le sien et entendit son souffle dans son oreille. C'était comme s'il luttait contre quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir. Trouvant qu’il s’agissait là d’un bon prétexte pour s’abandonner à lui, elle se détendit lentement contre lui et le laissa faire. Elle se sentit étonnée de la chaleur et de la protection qu'elle ressentait lorsqu'il la tenait dans ses bras. Il était si grand et si fort qu'elle pouvait même sentir sa retenue quand il l’étreignait.
Comptant sur son courage pour apaiser sa curiosité, elle garda un ton calme et doux :
– Je ne comprends pas ce que j'ai fait pour attirer son attention.
– En effet… je suis sûr que tu ne comprendrais pas, admit Syn en embrassant doucement ses cheveux noirs avant de poser sa joue contre elle.
Une partie de lui ne voulait pas lui rappeler leur passé houleux… ni voir les éclairs de haine dans ses yeux pour ce qu'il avait fait. Surtout qu’il n'avait pas l'intention de lui demander pardon. Ils méritaient tous de mourir.
– Tu ne m’es pas très utile, ajouta Angelica, se sentant légèrement épuisée par toutes les poussées d'adrénaline qu'elle avait pu subir au cours de ces deux dernières heures.
Elle ne lui avait pas menti… elle n'avait pas peur de lui… pas du tout. Elle l'avait presque vu se suicider pour ramener à la vie un endroit plein d'enfants assassinés. Comment pouvait-elle vraiment le craindre alors que c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour ne pas lui tendre la main ? Il fallait qu’elle trouve un moyen de s'éloigner de lui définitivement.
– Tu es cruelle envers moi, Angelica, chuchota Syn après avoir entendu ses pensées les plus profondes. Si tu gardes ton âme enfermée, tu sauras à quel point tu m'as rendu cruel.
Sa peur s’accrut à ses paroles et Angelica essaya de la repousser. Mais en vain. Voulait-il prendre son âme à elle aussi ? Était-ce la raison pour laquelle il la harcelait ?
– Tu n'as aucun droit sur mon âme et tu n'en auras jamais, insista-t-elle alors que son instinct de lutte s'emparait d'elle, la poussant à intensifier sa lutte.
– Et pourquoi ? grogna Syn en sentant sa santé mentale défaillir. Dois-je détruire un autre monde juste pour te le prouver ?
Les yeux d'Angelica s'élargirent et elle s'immobilisa. Que voulait-il dire par détruire un autre monde ? Elle décida de ne pas le lui demander, parce que, sérieusement, qui voudrait savoir ce genre de choses ? Elle ressentit une peur non désirée s'accrocher à elle-même après avoir repoussé les questions qui la dérangeaient dans le coin le plus sombre de son esprit.
Il sentait son souffle s'accélérer, se plaçant contre son cou dans des bouffées douces et chaleureuses. Même si cette sensation était apaisante, elle lui chauffait le sang, ce qui n'était pas bon pour sa maîtrise de lui-même. Ce monde l'avait gardé à distance assez longtemps. Il serra son emprise et courba son corps autour d'elle pour la protéger lorsque les petites ampoules du grand lustre du centre de la pièce se mirent à exploser, envoyant des étincelles qui s’éteignait peu à peu en atteignant le sol.
Angelica commença à regarder le plafond, mais Syn ne la laissa pas lever la tête. Du coup, elle resta pressée contre lui en se demandant que faire. L'aube était en train de se lever, baignant la pièce dans une légère pénombre.
– On serait pas en train de nous disputer, là ? demanda-t-elle en chuchotant.
Parce que si c'était le cas, elle savait déjà que c’est elle qui allait perdre.
– Non, grogna-t-il d'un ton dur.
Il fixa le miroir ovale de la coiffeuse qui se mit à craquer assez fort.
– Et si tu me disais ce qui ne va pas avant d’encore complètement détruire ma chambre ? lâcha Angelica.
Syn se figea lorsqu’il l'entendit dire « encore ». Se souvenait-elle enfin de choses qui ne s'étaient pas produites dans cette vie ? Ni dans ce monde, d'ailleurs ? Son âme était-elle assez forte pour enfin secouer la cage de sa prison mortelle ? Il pointa doucement sa main dans les cheveux noirs dans lesquels ses doigts étaient emmêlés pour qu'il puisse se pencher en arrière d'elle et aller chercher la vérité dans ses yeux.
– Encore ?
Sa voix tremblotait, comme hantée, même à ses propres oreilles.
– Quoi… demanda Angelica, confuse.
Alors ça… c’est comme s’il était partout, ce qui l'empêchait de suivre. C'était vraiment épuisant.
– Tu m'avais dit de te dire ce qu’il n'allait pas avant que je détruise ta chambre… encore une fois, répéta-t-il en insistant sur le mot « encore ».
– C’est bien ce que j'ai fait, chuchota Angelica en sentant des frissons glacés effleurer ses bras. Sa bouche s’entrouvrit pour le nier, mais elle avait dit « encore » et elle ne pouvait pas revenir en arrière maintenant, parce que cela ressemblait vraiment à la vérité.
Syn