Notre Honneur Sacré. Джек МарсЧитать онлайн книгу.
en Syrie, en Irak et en Iran. Une poignée a pu se diriger vers le sud, en Afrique. Et certains sont restés en Israël.
« Au fil du temps, l’Empire romain a périclité et la région a été conquise au milieu des années 600 par les Arabes, qui avaient eux-mêmes récemment adopté la nouvelle religion de l’Islam. Malgré les fréquentes attaques des Croisés chrétiens, la région est restée pour l’essentiel sous le contrôle des sultans musulmans pendant les neuf siècles suivants. En 1516, elle fut à nouveau conquise, cette fois par l’Empire ottoman. Sur les cartes ottomanes, dès 1600, la région que nous considérons comme Israël était dénommée Palestine. Lorsque l’Empire ottoman fut détruit pendant la Première Guerre mondiale, la Palestine passa sous le contrôle de ses nouveaux dirigeants, les Britanniques.
– Ce qui nous a créé les problèmes actuels, remarqua Ed.
– Naturellement, acquiesça Trudy. Tout au long de l’histoire, quelques Juifs sont restés sur place et, au fil des siècles, il y a eu de nombreuses tentatives idéalistes pour faire revenir les Juifs d’autres parties du monde. Au début des années 1900, ces efforts se sont intensifiés. La montée du nazisme a entraîné une augmentation considérable du nombre de Juifs quittant l’Europe. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la population de la Palestine était composée d’environ un tiers de Juifs. Après la guerre, un afflux massif de Juifs, survivants de l’Holocauste, quittèrent leurs communautés détruites à travers l’Europe et se rendirent en Palestine.
« En 1948 a été instauré l’État d’Israël. Ça a déclenché une série de conflits violents entre Juifs et Musulmans, qui se poursuivent encore aujourd’hui. Au cours des premiers combats, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et l’Irak ont envahi le pays, rejoints par des contingents d’irréguliers venus du Yémen, du Maroc, de l’Arabie Saoudite et du Soudan. Les Israéliens les ont repoussés. Au moins sept cent mille Arabes ont fui ou ont été expulsés par l’avancée des forces israéliennes vers les zones aujourd’hui connues sous le nom de Territoires palestiniens : la Cisjordanie et la bande de Gaza.
– Attends, là je pige pas, intervint Ed Newsam. 1948, c’est vieux. Et maintenant on a tous ces Palestiniens coincés à Gaza et en Cisjordanie. Pourquoi pas simplement leur donner leur liberté et les laisser avoir leur propre pays ? Ou à défaut, pourquoi pas leur donner à tous la citoyenneté et les intégrer à Israël ? L’un ou l’autre pourrait mettre un frein à tous ces combats.
– C’est plus compliqué que ça, dit Swann.
– Compliqué, pour le moins, ajouta Trudy. Impossible serait plus juste. D’abord, Israël s’est constitué en tant qu’État juif – la patrie de tous les Juifs du monde. C’est un projet en gestation depuis près de deux mille ans.
« Si Israël veut rester un État juif, il ne peut pas simplement intégrer les Palestiniens dans le pays en tant que citoyens. Ça enclencherait le compte à rebours d’une bombe à retardement démographique, qui exploserait tôt ou tard. Le pays dispose du suffrage universel : chaque citoyen a le droit de vote. Il y a environ six millions et demi de Juifs en Israël, et près de deux millions d’Arabes israéliens, dont la grande majorité sont musulmans. Il y a environ quatre millions et demi de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
« Si les Palestiniens devenaient tous citoyens, la société serait soudain quasi coupée en deux entre Juifs et Musulmans, à part une petite poignée de Chrétiens et autres. Tout d’un coup, les Juifs ne seraient plus majoritaires. De plus, les Arabes israéliens et les Palestiniens ont un taux de natalité plus élevé que les Juifs israéliens, en général. En quelques décennies, les musulmans auraient une majorité nette et croissante. Voteraient-ils pour qu’Israël reste la patrie des Juifs ?
– J’en doute, émit Swann.
– Alors donnons leur liberté aux Palestiniens, argua Ed. Accordons-leur une nationalité. Ouvrons leurs routes, laissons-les contrôler leur propre espace aérien et maritime, laissons-les commercer avec les autres pays.
Trudy secoua la tête.
– Impossible aussi. Je fais rarement des déclarations absolues sur des événements futurs, mais j’ai examiné ces scénarios sous tous les angles. Peu importe qui dit quoi lors des négociations internationales, peu importe combien de fois l’assemblée générale des Nations unies vote une condamnation, jette un œil sur la nation palestinienne. Elle n’est jamais en voie de se réaliser. Pourquoi ? Parce qu’Israël ne le permettra jamais volontairement. L’idée même est absurde. C’est du suicide.
« Regarde, Israël existe dans un état de conflit parfois désespéré avec les pays qui l’entourent. La survie est toujours une question en suspens. La sécurité est la chose la plus importante dans la société israélienne, et l’assurer est un objectif majeur de l’État. Israël est un tout petit pays, tel qu’il est. Si la Cisjordanie n’était pas là comme zone tampon, et devenait de fait un pays étranger, la situation passerait instantanément de difficile à très, très dangereuse. Intenable. La plaine côtière du centre d’Israël est une étroite bande de terre, de la Cisjordanie à la mer, qui varie sur une grande partie de sa longueur de quinze à dix-huit kilomètres de large. N’importe qui pourrait parcourir cette distance à vélo en moins d’une heure.
« La majorité de la population civile, ainsi que les secteurs industriels et technologiques du pays, y sont installés. Pour aggraver les choses, les terres de Cisjordanie sont des collines qui surplombent la plaine – il y a des endroits en Cisjordanie où l’on peut facilement distinguer la Méditerranée. Quand les extrémistes des pays arabes parlent de jeter les Israéliens à la mer, il ne faut pas oublier que le trajet est très court.
« Les Palestiniens sont alliés à l’Iran, et beaucoup d’entre eux sont hostiles à l’existence même d’Israël. Si on accorde aux Palestiniens le statut de nation, qu’est-ce qui empêchera les chars, les avions de chasse, les batteries de missiles et les troupes iraniennes de s’amasser à la frontière ? Et pas seulement à la frontière, mais aussi dans les hauteurs ? C’est un scénario cauchemardesque. De plus, les hauts plateaux de Cisjordanie abritent les sources des aquifères d’eau douce de la côte israélienne. Qu’est-ce qui empêcherait une Palestine souveraine de bloquer cette ressource en eau ?
« De plus, bien qu’Israël ne reconnaisse pas ses capacités nucléaires, il est largement admis qu’il possède entre cinquante et quatre-vingts armes nucléaires. La plupart d’entre elles seraient entreposées dans la base de missiles de Zachariah, au sud-est de Tel-Aviv, et d’autres dans le désert du sud. Mais certaines – peut-être jusqu’à vingt ou même trente pour cent – sont déployées dans des silos de missiles souterrains en Cisjordanie, à l’est de Jérusalem. Ce sont des armes datant des années 70-80, de la Guerre froide, qui sont probablement encore opérationnelles.
« Les dépenses, la logistique de transport et le tollé général rendraient presque impossible le retour de ces silos en Israël, et il est hors de question que les Israéliens permettent aux Palestiniens de gérer ces armes. Comme je l’ai dit, Israël n’en reconnaît même pas l’existence.
– Qu’est-ce que tu essaies de dire ? releva Luke.
– Je dis qu’Israël est confronté à une crise existentielle, où qu’il se tourne. S’ils accordent la citoyenneté aux Palestiniens, le concept même d’Israël est anéanti. S’ils laissent la Cisjordanie devenir une Palestine souveraine, le pays d’Israël est bombardé et anéanti. Ils suivent donc une troisième voie, pleine de dangers mais qui offre une certaine chance de succès. C’est la voie des tensions et conflits sans fin avec les Palestiniens, le Hezbollah, l’Iran et quiconque décide de les rejoindre. Vu de l’extérieur, ça peut sembler extrême, déséquilibré et très éprouvant, mais il s’agit en fait d’une décision simple, pragmatique et rationnelle. Développer et maintenir à tout prix la supériorité technologique, mobiliser militairement toute la population, et ne jamais baisser sa garde une seconde.
– Mais ça ne fonctionne que tant que t’as la supériorité technologique,