Mon Vicomte Pour Toujours. Dawn BrowerЧитать онлайн книгу.
la seule marque de rébellion de la part d’Estella.
Il s’approcha des demoiselles avant de s’incliner respectueusement.
« Lady Estella, Lady Annalise, les salua-t-il. Puis il se tourna vers Marrok pour le gratifier d’un hochement de tête : Sheffield. Je ne m’attendais guère à vous voir ici.
Marrok esquissa un sourire en coin.
— Ni moi, vous. Qu’est-ce qui vous amène à quelque chose d’aussi fade qu’un bal comme celui-ci ?
— Ils ne sont pas si terribles, répondit-il d’un ton goguenard. Une fois que vous y êtes habitué.
— Dites-moi que c’est faux, répliqua Marrok d’un air consterné. J’espère ne jamais avoir à en arriver au point de penser que ces divertissements ennuyeux sont assez bons pour y assister. Je ne serais pas là si Père ne m’avait pas transformé en chaperon.
— Cela ne vous ferait pas de mal de socialiser, intervint Lady Annalise. Peut-être trouverez-vous une femme qui acceptera de vous affronter.
Marrok leva les yeux au ciel.
— Nul besoin de me maudire, chère sœur. Je vous abandonnerais volontiers toutes les deux pour une partie de cartes.
— Faites donc, je vous en prie, répliqua-t-elle en repoussant une mèche de cheveux noirs derrière son oreille. Estella et moi nous en sortirons très bien toutes seules. Venez nous chercher lorsqu’il sera temps de rentrer.
— Très bien, accepta Marrok. Vous venez, Warwick ?
Pendant tout le temps que dura cet échange, Estella resta silencieuse. Cela ne lui ressemblait guère, et cela inquiéta Donovan. Quelque chose la contrariait-elle ? N’éprouvait-elle pas le désir de le voir ? Il devait trouver un moyen de la voir seule pour lui parler. Pas seulement parce qu’il voulait la demander en mariage, mais aussi parce qu’il était inquiet pour elle. Elle ne se comportait pas comme à son ordinaire.
— Pas maintenant, s’opposa Donovan. J’espérais que Lady Estella accepterait de danser avec moi.
Les premières mesures de la première valse retentirent.
— L’acceptez-vous ? insista-t-il en lui jetant un regard, dans l’attente de sa réponse...
Elle croisa son regard avant de détourner rapidement le sien.
— Je…
— Oh, allez danser avec lui, intervint Annalise en poussant Estella vers Donovan. Une danse ne vous fera pas de mal et vous pourrez bavarder agréablement.
Qu’est-ce que cela signifiait ? Qu’est-ce qu’il n’avait pas saisi ? Estella n’avait-elle pas envie de danser avec lui ? Il ne lui voulait aucun mal. Il aurait préféré se poignarder le cœur plutôt que de la rendre malheureuse d’une quelconque manière.
Estella lança un bref regard à Annalise, puis à lui. Elle lui tendit lentement une main avec un hochement la tête.
— Ce serait un plaisir, Monsieur.
Donovan la guida jusqu’à la piste de danse. La danse avait déjà commencé mais ils rejoignirent les autres danseurs sans aucun mal. Il attendit qu’ils soient complètement absorbés avant de parler. Il voulait qu’elle se sente à l’aise mais sa nervosité était exacerbée par la danse.
— Estella, l’appella-t-il tout bas. Que se passe-t-il ?
Elle ne leva pas les yeux vers lui. Il ne comprenait pas. Pourquoi était-elle aussi contrariée ?
— Ce n’est rien, Monsieur, répliqua-t-elle.
« Monsieur »? Depuis quand avait-elle cessé de l’appeler par son prénom ? Ils s’étaient courtisés en secret pendant des semaines. Elle savait ce qu’il ressentait et ce qu’il espérait pour eux deux. Il l’aimait...
— J’ai pris des mesures pour que nous puissions nous retrouver plus tard en privé. Un domestique vous indiquera le chemin.
Elle leva les yeux vers lui.
— Je crains de ne pouvoir satisfaire cette demande ce soir, Monsieur.
Quelque chose allait définitivement de travers.
— Pourquoi pas ?
Il désirait comprendre. En tout honnêteté il le souhaitait, mais rien dans les actes ou paroles de la jeune femme ne faisait le moindre sens à ses yeux. Ils s’étaient vus plusieurs fois par le passé et elle était tout à fait consciente du fait qu’elle pouvait lui faire confiance. Il s’était montré gentil... la plupart du temps. Il n’était qu’un homme après tout, et on ne pouvait attendre de lui qu’il vive comme un moine. Il s’était présenté quelques occasions où il lui avait volé un baiser ou deux, mais il l’avait laissée intacte. Il souhaitait qu’elle lui fasse confiance et réalise qu’il était sérieux dans son entreprise. Aucune autre femme ne lui conviendrait et Estella plus que quiconque devait savoir cela au plus profond de son âme.
Estella le fixa droit dans les yeux avant de répondre d’un ton résolu :
— Ce qu’il y a entre nous doit cesser.
Il manqua de s’arrêter au beau milieu de la piste de danse. C’était trop ancré en lui pour qu’il se laisse complètement aller, et il continua de les mener dans la danse alors que son cœur se serrait dans sa poitrine.
— Quoi ? fit-il. Il n’avait pas dû correctement saisir. Mais… Je… Je vous prie de m’en expliquer la raison, ajouta-t-il.
Ainsi pourrait-il tenter de lui faire changer d’avis .
— Cela ne marcherait pas, dit-elle d’un ton ferme. Nous sommes trop différents.
— Depuis quand cela empêcherait-il un mariage ?
— Je n’avais pas réalisé que nous avions prononcé des vœux ou que nous nous apprêtions à le faire ? répliqua-t-elle en haussant un sourcil perplexe. Quelque chose m’aurait-il échappé ?
— Vous le saviez sûrement, enfin. J’avais espéré attendre que nous soyons seuls. Je m’apprêtais à vous demander en mariage ce soir.
— Ce qui signifie que vous avez changé d’avis ? Estella pencha la tête tandis qu’il la faisait tourner sur la piste. Que cela ne se soit pas produit est totalement fortuit, alors.
— Je n’ai pas changé de cœur, répondit-il avec obstination. Je vous aime et veux passer le reste de ma vie à vos côtés. J’ai une bague…
— Gardez-la, lui dit-elle. Je ne veux rien de votre part.
Le cœur de Donovan explosa en mille morceaux à ses paroles. Rien de ce qu’elle avait dit n’avait aucun sens. Elle n’avait pas agi de cette façon la dernière fois qu’elle l’avait vu. Ils s’étaient embrassés et promis de s’aimer pour toujours. Qu’est-ce qui avait pu changer en aussi peu de temps ?
— Estella, mon aimée, lui dit-il tout bas. Je vous en prie.
Elle haussa un sourcil moqueur.
— Ce fut amusant le temps que ça a duré, mais vous ne vous attendiez pas sérieusement à ce que je finisse par vous épouser. Mon beau-père n’approuvera jamais une telle union. Vous êtes le rebelle de la haute société. Il a un meilleur parti pour moi en tête et je l’accepterai.
Il n’avait jamais autant haï sa réputation qu’en cet instant. Ainsi donc, il était un célibataire légendaire. Ne méritait-il pas une chance de montrer au monde qu’il pouvait changer ? Par l’Enfer. Il avait changé. Estella faisait de lui un homme meilleur.
La valse se termina. Il n’y avait aucune raison de poursuivre cette mascarade, et se il présentait une plus grande raison encore de partir. Rien dans ce bal ne saurait retenir son attention plus longtemps et il ferait aussi bien de trouver un lieu plus accueillant. Il conduisit