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Les enfants du capitaine Grant. Jules VerneЧитать онлайн книгу.

Les enfants du capitaine Grant - Jules Verne


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difficultés; le surlendemain, nouvelle lettre, dans laquelle lord Glenarvan ne cachait pas son mécontentement à l’égard de l’amirauté.

      Ce jour-là, lady Helena commença à être inquiète.

      Le soir, elle se trouvait seule dans sa chambre, quand l’intendant du château, Mr Halbert, vint lui demander si elle voulait recevoir une jeune fille et un jeune garçon qui désiraient parler à lord Glenarvan.

      «Des gens du pays? dit lady Helena.

      —Non, madame, répondit l’intendant, car je ne les connais pas.

       Ils viennent d’arriver par le chemin de fer de Balloch, et de

       Balloch à Luss, ils ont fait la route à pied.

      —Priez-les de monter, Halbert,» dit lady Glenarvan.

      L’intendant sortit. Quelques instants après, la jeune fille et le jeune garçon furent introduits dans la chambre de lady Helena. C’étaient une sœur et un frère. À leur ressemblance on ne pouvait en douter.

      La sœur avait seize ans. Sa jolie figure un peu fatiguée, ses yeux qui avaient dû pleurer souvent, sa physionomie résignée, mais courageuse, sa mise pauvre, mais propre, prévenaient en sa faveur. Elle tenait par la main un garçon de douze ans à l’air décidé, et qui semblait prendre sa sœur sous sa protection. Vraiment! Quiconque eût manqué à la jeune fille aurait eu affaire à ce petit bonhomme! La sœur demeura un peu interdite en se trouvant devant lady Helena. Celle-ci se hâta de prendre la parole.

      «Vous désirez me parler? dit-elle en encourageant la jeune fille du regard.

      —Non, répondit le jeune garçon d’un ton déterminé, pas à vous, mais à lord Glenarvan lui-même.

      —Excusez-le, madame, dit alors la sœur en regardant son frère.

      —Lord Glenarvan n’est pas au château, reprit lady Helena; mais je suis sa femme, et si je puis le remplacer auprès de vous…

      —Vous êtes lady Glenarvan? dit la jeune fille.

      —Oui, miss.

      —La femme de lord Glenarvan de Malcolm-Castle, qui a publié dans le Times une note relative au naufrage du Britannia?

      —Oui! oui! répondit lady Helena avec empressement, et vous?…

      —Je suis miss Grant, madame, et voici mon frère.

      —Miss Grant! Miss Grant! s’écria lady Helena en attirant la jeune fille près d’elle, en lui prenant les mains, en baisant les bonnes joues du petit bonhomme.

      —Madame, reprit la jeune fille, que savez-vous du naufrage de mon père? Est-il vivant? Le reverrons-nous jamais? Parlez, je vous en supplie!

      —Ma chère enfant, dit lady Helena, Dieu me garde de vous répondre légèrement dans une semblable circonstance; je ne voudrais pas vous donner une espérance illusoire…

      —Parlez, madame, parlez! Je suis forte contre la douleur, et je puis tout entendre.

      —Ma chère enfant, répondit lady Helena, l’espoir est bien faible; mais, avec l’aide de Dieu qui peut tout, il est possible que vous revoyiez un jour votre père.

      —Mon Dieu! Mon Dieu!» s’écria miss Grant, qui ne put contenir ses larmes, tandis que Robert couvrait de baisers les mains de lady Glenarvan.

      Lorsque le premier accès de cette joie douloureuse fut passé, la jeune fille se laissa aller à faire des questions sans nombre; lady Helena lui raconta l’histoire du document, comment le Britannia s’était perdu sur les côtes de la Patagonie; de quelle manière, après le naufrage, le capitaine et deux matelots, seuls survivants, devaient avoir gagné le continent; enfin, comment ils imploraient le secours du monde entier dans ce document écrit en trois langues et abandonné aux caprices de l’océan.

      Pendant ce récit, Robert Grant dévorait des yeux lady Helena; sa vie était suspendue à ses lèvres; son imagination d’enfant lui retraçait les scènes terribles dont son père avait dû être la victime; il le voyait sur le pont du Britannia; il le suivait au sein des flots; il s’accrochait avec lui aux rochers de la côte; il se traînait haletant sur le sable et hors de la portée des vagues. Plusieurs fois, pendant cette histoire, des paroles s’échappèrent de sa bouche.

      «Oh! papa! Mon pauvre papa!» s’écria-t-il en se pressant contre sa sœur.

      Quant à miss Grant, elle écoutait, joignant les mains, et ne prononça pas une seule parole, jusqu’au moment où, le récit terminé, elle dit:

      «Oh! madame! Le document! Le document!

      —Je ne l’ai plus, ma chère enfant, répondit lady Helena.

      —Vous ne l’avez plus?

      —Non; dans l’intérêt même de votre père, il a dû être porté à Londres par lord Glenarvan; mais je vous ai dit tout ce qu’il contenait mot pour mot, et comment nous sommes parvenus à en retrouver le sens exact; parmi ces lambeaux de phrases presque effacés, les flots ont respecté quelques chiffres; malheureusement, la longitude…

      —On s’en passera! s’écria le jeune garçon.

      —Oui, Monsieur Robert, répondit Helena en souriant à le voir si déterminé. Ainsi, vous le voyez, miss Grant, les moindres détails de ce document vous sont connus comme à moi.

      —Oui, madame, répondit la jeune fille, mais j’aurais voulu voir l’écriture de mon père.

      —Eh bien, demain, demain peut-être, lord Glenarvan sera de retour. Mon mari, muni de ce document incontestable, a voulu le soumettre aux commissaires de l’amirauté, afin de provoquer l’envoi immédiat d’un navire à la recherche du capitaine Grant.

      —Est-il possible, madame! s’écria la jeune fille; vous avez fait cela pour nous?

      —Oui, ma chère miss, et j’attends lord Glenarvan d’un instant à l’autre.

      —Madame, dit la jeune fille avec un profond accent de reconnaissance et une religieuse ardeur, lord Glenarvan et vous, soyez bénis du ciel!

      —Chère enfant, répondit lady Helena, nous ne méritons aucun remerciement; toute autre personne à notre place eût fait ce que nous avons fait. Puissent se réaliser les espérances que je vous ai laissé concevoir! Jusqu’au retour de lord Glenarvan, vous demeurez au château…

      —Madame, répondit la jeune fille, je ne voudrais pas abuser de la sympathie que vous témoignez à des étrangers.

      —Étrangers! Chère enfant; ni votre frère ni vous, vous n’êtes des étrangers dans cette maison, et je veux qu’à son arrivée lord Glenarvan apprenne aux enfants du capitaine Grant ce que l’on va tenter pour sauver leur père.»

      Il n’y avait pas à refuser une offre faite avec tant de cœur. Il fut donc convenu que miss Grant et son frère attendraient à Malcolm-Castle le retour de lord Glenarvan.

      Chapitre IV Une proposition de lady Glenarvan

      Pendant cette conversation, lady Helena n’avait point parlé des craintes exprimées dans les lettres de lord Glenarvan sur l’accueil fait à sa demande par les commissaires de l’amirauté. Pas un mot non plus ne fut dit touchant la captivité probable du capitaine Grant chez les indiens de l’Amérique méridionale. À quoi bon attrister ces pauvres enfants sur la situation de leur père et diminuer l’espérance qu’ils venaient de concevoir? Cela ne changeait rien aux choses. Lady Helena s’était donc tue à cet égard, et, après avoir satisfait à toutes les questions de miss Grant, elle l’interrogea à son tour sur sa vie, sur sa situation dans ce monde où elle semblait être la seule protectrice de son frère.

      Ce fut une touchante et simple histoire qui accrut encore la sympathie de lady Glenarvan pour la jeune fille.

      Miss


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