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Le Cabinet des Fées. AnonymeЧитать онлайн книгу.

Le Cabinet des Fées - Anonyme


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       Table des matières

      Il était une fois un gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur, et qui lui ressemblaient en toutes choses. Le mari avait de son côté une jeune fille, mais d'une douceur et d'une bonté sans exemple: elle tenait cela de sa mère, qui était la meilleure personne du monde.

      Il arriva que le fils du roi donna un bal, et qu'il en pria toutes les personnes de qualité. Nos deux demoiselles en furent aussi priées, car elles faisaient grande figure dans le pays. Les voilà bien aises, et bien occupées à choisir les habits et les coiffures qui leur siéraient le mieux. Nouvelle peine pour Cendrillon; car c'était elle qui repassait le linge de ses soeurs, et qui godronnait leurs manchettes. On ne parlait que de la manière dont on s'habillerait.

      --Moi, dit l'aînée, je mettrai mon habit de velours rouge et ma garniture d'Angleterre.

      --Moi, dit la cadette, je n'aurai que ma jupe ordinaire; mais en récompense je mettrai mon manteau à fleurs d'or, qui n'est pas des plus indifférent.

      En les coiffant, elles lui disaient:

      --Cendrillon, serais-tu bien aise d'aller au bal?

      --Hélas! mesdemoiselles, vous vous moquez de moi; ce n'est pas là ce qu'il me faut.

      --Tu as raison, on rirait bien si on voyait un Cendron aller au bal.

      Une autre que Cendrillon les aurait coiffées de travers; mais elle était bonne, et elle les coiffa parfaitement bien. Elles furent près de deux jours sans manger, tant elles étaient transportées de joie. On rompit plus de douze lacets à force de les serrer, pour leur rendre la taille plus menue; et elles étaient toujours devant leur miroir.

      Enfin l'heureux jour arriva: on partit, et Cendrillon les suivit des yeux le plus longtemps qu'elle put. Lorsqu'elle ne les vit plus, elle se mit à pleurer.

      Sa marraine, qui la vit tout en pleurs, lui demanda ce qu'elle avait.

      --Je voudrais bien.... je voudrais bien... Elle pleurait si fort, qu'elle ne put achever. Sa marraine, qui était Fée, lui dit:

      --Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas?

      --Hélas! oui, dit Cendrillon en soupirant.

      --Eh bien, seras-tu bonne fille? dit sa marraine; je t'y ferai aller.

      Elle la mena dans sa chambre, et lui dit:

      --Va dans le jardin, et apporte-moi une citrouille.

      Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu'elle put trouver, et la porta à sa marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille la pourrait faire aller au bal.

      Ensuite elle alla regarder dans sa souricière, où elle trouva six souris toutes en vie.

      Elle dit à Cendrillon de lever un peu la trappe de la souricière, et à chaque souris qui sortait, elle lui donnait un coup de sa baguette, et la souris était aussitôt changée en un beau cheval; ce qui fit un bel attelage de six chevaux d'un beau gris de souris pommelé.

      --Je vais voir, dit Cendrillon, s'il n'y a point quelque rat dans la ratière, nous en ferons un cocher.

      --Tu as raison, dit sa marraine; va voir.

      Cendrillon lui apporta la ratière, où il y avait trois gros rats.

      La Fée en prit un d'entre les trois, à cause de sa maîtresse barbe; et, l'ayant touché, il fut changé en un gros cocher, qui avait une des plus belles moustaches qu'on ait jamais vues.

      Ensuite elle lui dit:

      --Va dans le jardin, tu y trouveras six lézards derrière l'arrosoir; apporte-les-moi.

      Elle ne les eut pas plus tôt apportés, que la marraine les changea en six laquais, qui montèrent aussitôt derrière le carrosse, avec leurs habits chamarrés, et qui s'y tenaient attachés comme s'ils n'eussent fait autre chose de toute leur vie.

      La Fée dit alors à Cendrillon:

      --Eh bien, voilà de quoi aller au bal; n'es-tu pas bien aise?

      --Oui, mais est-ce que j'irai comme cela, avec mes vilains habits?

      Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changes en des habits de drap d'or et d'argent, tout chamarrés de pierreries: elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde.

      Quand elle fut ainsi parée, elle monta en carrosse; mais sa marraine lui recommanda sur toutes choses de ne pas passer minuit, l'avertissant que, si elle demeurait au bal


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