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Gunnar et Nial scènes et moeurs de la vieille Islande. AnonymeЧитать онлайн книгу.

Gunnar et Nial scènes et moeurs de la vieille Islande - Anonyme


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de loi était assis au fond de la cabane. Au salut des arrivants, il se leva, prit la main d'Hogi, et le fit placer à côté de lui sur le banc ainsi que son frère.

      Après un échange de propos divers, Hogi prit la parole en ces termes:

      «Mord, j'ai à vous toucher deux mots d'une affaire. Rut, que voici, désirerait devenir votre gendre. Je suis décidé, en ce qui me regarde, à ne pas lésiner dans cette occurrence.

      —Je sais, répliqua le légiste, que vous êtes un homme riche et puissant; mais votre frère m'est inconnu.

      —Je suis sa caution, fit vivement Hogi.

      —Il faudra donc que vous lui donniez une grosse dot, car tous mes biens reviennent après moi à ma fille.»

      Pour toute réponse, l'autre dit de quelle quantité d'argent et de terre il comptait avantager Rut. Mord parut satisfait, et il établit nettement, à son tour, le compte de l'avoir présent et futur d'Unne; puis, ces préliminaires achevés, Rut, qui avait tout écouté en silence, se leva et dit:

      «Appelons des témoins.»

      Les témoins présents, Mord et Rut se donnèrent la main; puis l'homme de loi fit venir sa fille, et la déclara, sans plus d'ambages, fiancée au jeune frère d'Hogi. Le mariage était fixé à un mois.

      La cour avait été brève, et bref aussi était le délai; mais, que le lecteur le sache une bonne fois, ces barbares du Nord ne s'attardaient pas à ce que, nous autres civilisés, nous nommons les bagatelles de la porte. Unne, prise au dépourvu, hasarda cependant après coup quelques respectueuses et timides objections; mais son père lui repartit froidement:

      «Pour une chose qui doit se faire, le plus tôt n'en vaut que mieux.» Parole décisive, que la mère corrobora de son côté en ajoutant devant son mari:

      «Sachez, ma fille, que lorsque je fus fiancée à votre père, on ne me demanda pas si cela m'agréait.»

      *

       * *

      Quelques semaines après, au bœr de Valli,—ainsi s'appelait la ferme que Mord habitait dans la vallée de la Ranga,—eut lieu la cérémonie de l'hyménée. On omettra d'en parler ici en détail, la chose n'important point au récit, et l'on gardera pour une autre occasion le tableau d'une de ces «mangeries» scandinaves, doublées de «buveries» à l'avenant, par lesquelles les sectateurs d'Odin et de Thor semblaient se préparer de leur vivant aux festins encore plus gigantesques réservés aux élus dans la Walhalla[10]. Une chose pourtant doit être notée, c'est que le banquet se passa fort bien; les cornes d'hydromel et de bière furent vidées gaillardement à la ronde; seulement il n'y eut personne, au moins parmi ceux des convives à qui lesdites libations n'ôtaient pas le pouvoir de rien remarquer, qui ne fût frappé, pendant le repas, de l'air attristé de la nouvelle épouse.

      *

       * *

      Une fois à la Rutstad, Unne, selon l'usage du pays, fut investie du gouvernement intérieur du logis, et elle n'avait point un désir que son mari ne s'empressât de satisfaire. Cependant, loin de se dissiper, sa mélancolie ne fit qu'augmenter, et bientôt il devint évident qu'une incompatibilité absolue d'humeur séparait les époux. De querelles ouvertes, pas la moindre; mais un beau jour, au bout de deux ans, Rut s'étant absenté, comme il avait coutume de le faire au printemps, pour visiter les fiords de l'ouest, où étaient ses pêcheries, Unne s'enfuit du domicile conjugal, et, comparaissant à l'alting, elle y déclara son divorce dans les formes consacrées par la loi; après quoi elle rentra au bœr de son père.

      Il s'ensuivit un procès; car l'âpre Mord, qui dans toute cette affaire avait paru de connivence avec Unne, réclama la dot qu'il avait versée, et de plus un dédommagement pécuniaire. Rut ne voulut ni rendre la dot, ni payer aucune sorte d'indemnité. Finalement le gendre proposa au beau-père de trancher la question conformément aux habitudes scandinaves, c'est-à-dire en un combat singulier dans l'île de Holm, champ clos désigné par l'usage afin qu'aucun des antagonistes ne pût avoir le recours de la fuite; mais l'homme de loi déclina l'épreuve, de sorte que le gendre garda l'argent.

      *

       * *

      Rut et son frère Hogi s'en revinrent donc triomphants de l'alting. En route, ils entrèrent chez un paysan pour y passer la nuit. Trempés jusqu'aux os par la pluie, qui n'avait cessé de tomber tout le jour, ils s'étaient assis près d'un grand feu dans une pièce où deux petits garçons et une fillette s'amusaient en babillant sans rime ni raison, comme c'est le propre de cet âge. Tout à coup l'un des enfants dit à l'autre:

      «Écoute, je vais faire Mord; toi, tu seras Rut; et je te reprendrai ta femme, parce que tu n'as pas été un bon mari.

      —C'est cela; moi, je suis Rut, et toi tu n'auras pas l'argent que tu demandes si tu ne te bats point contre moi.»

      Ils recommencèrent ce jeu plusieurs fois aux grands éclats de rire des gens de la maison, si bien qu'Hogi se mit en colère et frappa brutalement de son bâton le petit qui faisait le personnage de Mord.

      «Va-t'en d'ici, lui cria-t-il, et cesse de te moquer de nous.»

      Rut, lui, appela l'enfant qui pleurait, et, ôtant de son doigt une bague en or, il la lui donna en disant:

      «Tiens, et dorénavant tâche de ne plus faire de peine à personne.»

      Le marmot, tout rouge de plaisir, prit la bague et partit en courant.

      Bientôt après les deux frères eurent regagné leurs bœrs respectifs, et il ne fut plus question jusqu'à nouvel ordre du débat de Rut et de Mord... Mais sous la cendre couvait, je le répète, l'invincible étincelle destinée à produire un embrasement qui devait dévorer des générations.

       Table des matières

      nial conseille et gunnar agit

      À la partie sud-ouest de l'Islande se trouve un district hérissé de hautes montagnes éternellement couvertes de neiges et de glaces, et sillonné par un grand nombre de torrents dont le plus méridional s'appelle la Markar. À un certain endroit, cette rivière se divise; l'un de ses bras court au midi, toujours sous le nom de Markar; l'autre, appelé la Quéran, infléchit à l'ouest, grossi par le double affluent des Ranga.

      C'était dans une espèce de delta, au pied du versant tourné vers les eaux, qu'était situé le bœr de Lidarende, demeure de Gunnar, fils d'Hamund.

      Si vous eussiez demandé à la ronde: Quel est l'homme le plus valeureux de l'Islande? Tout le monde vous eût répondu: C'est Gunnar.—Le plus robuste et le plus redouté? Gunnar.—Le plus intrépide nageur, le meilleur buveur? Gunnar encore.

      Haut comme le frêne sacré d'Ygdrasil, superbe de visage, l'œil bleu clair, la chevelure blonde et ruisselante, vif de langage et skalde[11] excellent, il n'avait point son pareil de la Terre-de-Glace au pays des Wendes, qui est la Poméranie actuelle. Nul ne l'égalait au maniement de l'arc, de l'épée ou de la hache. Avec son arc il était capable, tant que durait sa provision de flèches, de tenir en respect une armée entière. D'un coup de son épée il faisait voler ses ennemis en morceaux, le tronc d'un côté et la tête de l'autre; et Thor lui-même, le plus fort des dieux Scandinaves, n'était pas plus terrible avec sa massue que le fils d'Hamund, la hache ou la hallebarde à la main.

      Avec cela, et malgré sa promptitude à l'action, le plus loyal des hommes, le plus généreux, le plus sûr aussi dans ses amitiés, et ayant le goût de la magnificence, ce qui ne lui était point défendu, car il était extrêmement riche, grâce surtout, disait-on, au butin gagné par son père dans ses expéditions de viking avant qu'il eût émigré en Islande. Tel était Gunnar, le nouveau personnage qui entre en scène dans notre récit.

      Sa mère était une nièce de Mord, le jurisconsulte


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