Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition. AnonymeЧитать онлайн книгу.
laisser parler la raison et faire preuve d’une indulgence affectueuse, décident d’oublier le passé. Chacun pourrait prier en pensant surtout au bonheur de l’autre. N’oubliez jamais que vous traitez avec le plus terrible des sentiments humains, la jalousie. En général, il vaut mieux attaquer stratégiquement le problème et éviter l’affrontement.
Même si nous ne connaissons pas ces complications chez nous, il y a beaucoup à faire dans nos relations familiales. Parfois, un alcoolique vous dira que la seule chose qu’il a à faire est de ne pas boire ; de toute façon, s’il buvait, il n’aurait pas de foyer. Mais il doit faire beaucoup plus encore pour réparer ses torts envers sa femme ou ses parents qu’il a tant malmenés pendant des années. La patience de certaines mères et de certaines femmes d’alcooliques dépasse tout entendement. Sans elles, un grand nombre d’entre nous seraient aujourd’hui sans famille et peut-être morts.
L’alcoolique est comme un ouragan qui ravage la vie des autres sur son passage. Il brise des cœurs, détruit de tendres relations, déracine des affections. Son égoïsme et son manque d’égard constants maintiennent le foyer dans le tumulte. À notre avis, celui qui prétend qu’il suffit de ne pas boire n’a pas assez réfléchi à la question. Il est comme le fermier qui, en sortant de son abri après le passage du cyclone qui a démoli sa maison, se tourne vers sa femme pour lui dire : « Je ne vois aucun problème ici, m’man. N’est-ce pas merveilleux, le vent est tombé. »
Oui nous avons un long travail de reconstruction devant nous. Et nous devons en prendre l’initiative. Marmonner des excuses contrites ne suffit pas. Nous devons nous asseoir avec notre famille et analyser le passé franchement, tel que nous le voyons maintenant, en prenant bien soin de ne critiquer personne. Les défauts des autres peuvent être flagrants, mais il y a de bonnes chances que nos façons d’agir soient partiellement la cause des difficultés. Nous mettons donc de l’ordre dans nos relations familiales. Chaque matin au cours de notre méditation, nous demandons à notre Créateur de nous enseigner la patience, la tolérance, la bienveillance et l’amour.
La vie spirituelle n’est pas une théorie. Nous devons la vivre. À moins que notre famille n’exprime le désir de vivre selon des principes spirituels, nous croyons qu’il ne faut pas pousser les nôtres sur ce point. Nous devons éviter de leur parler constamment de spiritualité. Ils y viendront à leur heure. Nous prêcherons mieux par notre façon d’agir que par nos paroles. Nous devons nous rappeler que dix ou même vingt années d’alcoolisme actif peuvent rendre sceptique à peu près n’importe qui.
Certains torts peuvent être impossibles à redresser complètement. Dans ce cas, si nous sommes vraiment sincères dans nos intentions, nous ne devons pas en faire un problème. Lorsque, par exemple, nous ne pouvons entrer en contact direct avec les personnes en cause, nous leur écrivons une lettre. Il peut arriver aussi que nous ayons une raison valable de remettre nos excuses à plus tard ; mais si cela est possible, nous ne prenons pas de retard. Sans tomber dans la servilité ni nous montrer grincheux, nous tâchons d’agir avec empathie, tact, bienveillance et humilité. À titre d’agents de Dieu, nous nous tenons debout ; et nous ne rampons devant personne.
Si nous sommes sérieux et appliqués dans les efforts que demande cette phase de notre évolution, nous serons étonnés des résultats, même après n’avoir parcouru que la moitié du chemin. Nous connaîtrons une nouvelle liberté et un nouveau bonheur. Nous ne regretterons pas plus le passé que nous ne voudrons l’oublier. Nous comprendrons le sens du mot sérénité et nous connaîtrons la paix. Si profonde qu’ait été notre déchéance, nous verrons comment notre expérience peut profiter aux autres. Nous perdrons le sentiment d’être inutiles et cesserons de nous apitoyer sur notre sort. Mettant nos propres intérêts de côté, nous nous intéresserons davantage à nos semblables. Nous ne serons plus tournés exclusivement vers nous-mêmes. Désormais nous envisagerons la vie d’une façon différente. La crainte des gens et de l’insécurité financière disparaîtra. Notre intuition nous dictera notre conduite dans des situations qui, auparavant, nous déroutaient. Soudain, nous constaterons que Dieu fait pour nous ce que nous ne pouvions pas faire pour nous-mêmes.
Est-ce que ce sont là des promesses extravagantes ? Nous ne le croyons pas. Ces promesses se réalisent parmi nous parfois rapidement, parfois lentement. Mais elles se matérialisent toujours si nous travaillons dans ce sens.
Cette réflexion nous amène à la Dixième Étape qui demande de poursuivre notre inventaire personnel et de continuer de redresser toute nouvelle erreur commise en cours de route. En mettant de l’ordre dans notre passé, nous étions vigoureusement entrés dans ce genre de vie. Nous sommes entrés dans le monde de l’Esprit. Notre prochaine tâche est de grandir en compréhension et en efficacité. Cela ne se fait pas en un jour, mais doit durer toute la vie. Nous devons toujours être vigilants pour éviter l’égoïsme, la malhonnêteté, le ressentiment et la peur. Lorsque ces tendances veulent se manifester, nous demandons à Dieu de nous en délivrer tout de suite. Nous en discutons immédiatement avec quelqu’un et présentons nos excuses le plus vite possible si nous avons causé du tort à quiconque. Puis, résolument, nous pensons à une personne que nous pourrions aller aider. L’amour et la tolérance envers les autres, voilà notre code.
Et nous avons cessé de combattre qui que ce soit ou quoi que ce soit, même l’alcool. Cette fois, la raison nous est revenue. Nous sommes rarement intéressés par l’alcool. Si nous sommes tentés, nous le fuyons comme la peste. Nous réagissons sainement et normalement, et nous constatons que cela arrive automatiquement. Notre nouvelle attitude devant l’alcool nous est venue sans effort ou réflexion de notre part. Cela se fait tout seul ! C’est là le miracle. Nous ne combattons pas, mais nous n’évitons pas non plus la tentation. C’est comme si nous avions été mis dans une position de neutralité, en sécurité et à l’abri. Nous n’avons même pas eu à jurer de ne plus recommencer. Au contraire, le problème nous a été enlevé. Il n’existe pas pour nous. Nous ne nous sentons ni effrayés ni suffisants. Voilà ce que nous vivons, et il en est ainsi tant que nous restons spirituellement en forme.
Il est facile de commencer à négliger le programme spirituel et de se reposer sur ses lauriers. Si nous le faisons, nous nous préparons de sérieux ennuis, car l’alcool est un ennemi subtil. Nous ne sommes pas guéris de l’alcoolisme ; nous bénéficions seulement d’un sursis quotidien, lequel dépend du maintien de notre forme spirituelle. Chaque jour, le souci de la volonté de Dieu doit être présent dans notre esprit et se manifester dans toute notre conduite. « Que dois-je faire pour Vous servir le mieux possible, pour que Votre volonté soit faite et non la mienne ? » Cette pensée doit nous accompagner constamment. Nous pouvons exercer notre propre volonté de cette façon autant que nous le voulons. C’est cela la bonne façon de se servir de la volonté.
Nous avons déjà beaucoup dit de la force, de l’inspiration et des directives qui nous viennent de Celui qui est toute connaissance et toute puissance. Si nous avons très sérieusement suivi Ses conseils, nous avons commencé à nous sentir pénétrés de Son Esprit. Nous sommes en quelque sorte devenus conscients de la présence de Dieu. Nous avons commencé à développer ce sixième sens, d’une importance vitale. Mais nous devons aller plus loin encore, et cela signifie plus d’action.
La Onzième Étape suggère la prière et la méditation. La question de la prière ne devrait pas nous rendre timides. Des hommes meilleurs que nous s’en servent constamment. Si nous adoptons la bonne attitude ou que nous essayons de l’adopter, la prière donne des résultats. Il serait facile de traiter cette question d’une manière vague. Mais nous croyons pouvoir vous faire des suggestions claires et utiles.
Avant de nous mettre au lit le soir, nous passons notre journée en revue de façon constructive. Avons-nous été égoïstes ou malhonnêtes ? Avons-nous éprouvé du ressentiment, de la peur ? Devons-nous des excuses à quelqu’un ? Avons-nous gardé pour nous-mêmes quelque chose dont nous aurions dû discuter tout de suite avec une autre personne ? Avons-nous été bons et bienveillants avec chacun ? Y a-t-il quelque chose que nous aurions pu mieux faire ? Avons-nous pensé à nous-mêmes la plupart du temps ? Avons-nous cherché à être utiles aux autres, à apporter quelque chose dans la vie ? Toutefois nous devons