Les mille et une nuits: contes choisis. AnonymeЧитать онлайн книгу.
ection>
Anonymous
Les mille et une nuits: contes choisis
Publié par Good Press, 2021
EAN 4064066074821
Table des matières
HISTOIRE DU PREMIER VIEILLARD ET DE LA BICHE
HISTOIRE DU SECOND VIEILLARD ET DES DEUX CHIENS NOIRS
HISTOIRE DU JEUNE ROI DES ILES NOIRES
HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROI, ET DE CINQ DAMES DE BAGDAD
HISTOIRE DU PREMIER CALENDER, FILS DE ROI.
HISTOIRE DU SECOND CALENDER, FILS DE ROI
HISTOIRE DU TROISIÈME CALENDER, FILS DE ROI.
HISTOIRE D'AMINE
PREMIER VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
SECOND VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
TROISIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
QUATRIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
CINQUIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
SIXIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
SEPTIÈME ET DERNIER VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN
HISTOIRE RACONTÉE PAR LE POURVOYEUR DU SULTAN DE CASGAR
HISTOIRE QUE RACONTA LE TAILLEUR
HISTOIRE D'ALADDIN, OU LA LAMPE MERVEILLEUSE
HISTOIRE D'ALI BABA ET DE QUARANTE VOLEURS EXTERMINÉS PAR UNE ESCLAVE
Les chroniques des Sassaniens, anciens rois de Perse, qui avaient étendu leur empire dans les Indes, dans les grandes et petites îles qui en dépendent, et bien loin au delà du Gange jusqu'à la Chine, rapportent qu'il y avait autrefois un roi de cette puissante maison, qui était le plus excellent prince de son temps. Il se faisait autant aimer de ses sujets par sa sagesse et sa prudence, qu'il s'était rendu redoutable à ses voisins par le bruit de sa valeur, et par la réputation de ses troupes belliqueuses et bien disciplinées. Il avait deux fils: l'aîné, appelé Schahriar, digne héritier de son père, en possédait toutes les vertus; et le cadet, nommé Schahzenan, n'avait pas moins de mérite que son frère.
Après un règne aussi long que glorieux, ce roi mourut, et Schahriar monta sur le trône. Schahzenan, exclu de tout partage par les lois de l'empire, et obligé de vivre comme un simple particulier, au lieu de souffrir impatiemment le bonheur de son aîné, mit toute son attention à lui plaire. Il eut peu de peine à y réussir: Schahriar, qui avait naturellement de l'inclination pour son frère, fut charmé de sa complaisance, et par un excès d'amitié, voulant partager avec lui ses États, il lui donna le royaume de la Grande-Tartarie. Schahzenan alla bientôt en prendre possession, et il établit son séjour à Samarcande, qui en était la capitale.
Il y avait déjà dix ans que Schahriar vivait heureux sans que rien troublât sa sécurité, quand une circonstance inattendue vint lui apprendre la déplorable conduite de la sultane son épouse, qu'il chérissait, et dont il se croyait tendrement aimé.
Schahriar conçut alors un projet de vengeance bizarre et cruel; ce fut de choisir chaque jour une nouvelle femme qu'il ferait étrangler le lendemain. Il jura sur le saint nom de Dieu, d'être fidèle à la loi barbare qu'il s'était imposée, et ne tint que trop bien sa parole. Ses officiers exécutaient ses ordres avec une obéissance aveugle; enfin chaque jour c'était une fille mariée et une femme morte.
Le bruit de cette inhumanité sans exemple causa une consternation générale dans la ville. On n'y entendait que des cris et des lamentations. Ici, c'était un père en pleurs qui se désespérait de la perte de sa fille; et là, c'étaient de tendres mères qui, craignant pour les leurs la même destinée, faisaient par avance retentir l'air de leurs gémissements. Ainsi, au lieu des louanges et des bénédictions que le sultan s'était attirées jusqu'alors, tous ses sujets ne faisaient plus que des imprécations contre lui.
Le grand vizir, qui, comme on l'a déjà dit, était malgré lui le ministre d'une si horrible injustice, avait deux filles, dont l'aînée s'appelait Scheherazade, et la cadette Dinarzade. Cette dernière ne manquait pas de mérite; mais l'autre avait un courage au-dessus de son sexe, de l'esprit infiniment, avec une pénétration admirable. Elle avait beaucoup de lecture et une mémoire si prodigieuse, que rien ne lui était échappé de tout ce qu'elle avait lu. Elle s'était heureusement appliquée à la philosophie, à la médecine, à l'histoire et aux arts; et elle faisait des vers mieux que les poëtes les plus célèbres de son temps. Outre cela, elle était d'une beauté extraordinaire, et une vertu très-solide couronnait toutes ces belles qualités.
Le vizir aimait passionnément une fille si digne de sa tendresse. Un jour qu'ils s'entretenaient tous deux ensemble, elle lui dit: Mon père, j'ai une grâce à vous demander; je vous supplie très-humblement de me l'accorder. Je ne vous la refuserai pas, répondit-il, pourvu qu'elle soit juste et raisonnable. Pour juste, répliqua Scheherazade, elle ne peut l'être davantage, et vous en pouvez juger par le motif qui m'oblige à vous la demander. J'ai dessein d'arrêter le cours de cette barbarie que le sultan exerce sur les familles de cette ville. Je veux dissiper la juste crainte que tant de mères ont de perdre leurs filles d'une manière si funeste. Votre intention est fort louable, ma fille, dit le vizir; mais le mal auquel vous voulez remédier me paraît sans remède. Comment prétendez-vous en venir à bout? Mon père, repartit Scheherazade, puisque par votre entremise le sultan célèbre chaque jour un nouveau mariage, je vous conjure, par la tendre affection que vous avez pour moi, de me procurer l'honneur d'être sa