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Hors De L'Ordinaire. Naomi BellinaЧитать онлайн книгу.

Hors De L'Ordinaire - Naomi Bellina


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contrôles changeaient le mode d’enseignement des enseignants, et non en bien, à son humble avis.

      Chaque année, elle réfléchissait sur son avenir et cette année paraissait particulièrement sombre. Elle ignorait dans quelle classe elle donnerait cours l’année prochaine, voire pas du tout. Les rumeurs de licenciements couraient extrêmement vite. Star jeta un dernier regard tout autour puis marcha jusqu’à la porte, tout en ramassant son sac à main et la boîte qui contenait les derniers restes d’ordures de bureau. Elle était à mi-chemin de la salle lorsque la porte s’ouvrit.

      Un vieil homme se tint dans le couloir. Il était grand, mince et pâle. En outre, sa chemise et son pantalon tombaient sur son corps comme des vêtements sur une corde à linge. Sa peau était du blanc pur, presque transparent. Star essaya en vain de le prendre pour un parent. Elle ouvrit le sac à main, tout en visant instinctivement le gaz poivré. Il y avait d’autres personnes dans le bâtiment et il n’y avait aucune raison de soupçonner un danger, mais vaut mieux prévenir que guérir. L’étranger pénétra dans la salle de classe.

      « Mme Lite ? » demanda-t-il d’une voix étonnamment grave.

      Star s’était attendue plus à un chuchotement sec émanant de son corps squelettique.

      « Oui, c’est moi, que puis-je faire pour vous ? »

      « Puis-je m’entretenir avec vous un instant ? Au sujet de mon fils. »

      Eh bien, bon Dieu ! Star eut très envie de refuser et de rentrer chez elle. Elle était convaincue que cet homme n’était pas le père de l’un de ses enfants présents et si son fils devait rester avec elle le semestre prochain, elle préfèrerait attendre jusqu’à ce moment pour commencer les discussions parents-élèves.

      « J’ai un autre rendez-vous à honorer », mentit-elle. « Est-ce possible de gérer ça par email ? »

      « Je ne prendrai qu’un instant de votre temps. Pouvons-nous nous asseoir ? »

      Star déposa sa boîte d’ordures au sol dans un bruit sourd. Elle prit place sur le pupitre de l’élève et fit signe à l’homme d’en faire autant. Ce pupitre n’était pas adapté aux adultes, certainement non adapté à quelqu’un de sa taille, et elle espérait que la sensation de gêne que ça procurerait à cet homme abrégerait la conversation.

      « Je suis le père de Curtis Smith », dit-il, lui tendant la main pour la saluer. « Il était dans votre classe l’année passée. Il parlait beaucoup de vous. »

      « Et comment se porte Curtis ? » Demanda Star, qui se creusait la cervelle pour se rappeler de l’élève qui portait ce nom.

      « Il se porte bien. Il vit avec sa mère maintenant. Je l’ai rencontré récemment et il m’a demandé de vous donner ceci. » L’homme présenta une petite boîte à couvercle scintillante. « Curtis disait que vous l’avez beaucoup aidé dans ses études et il ne vous a jamais remercié comme il se doit. Il tenait à ce que vous preniez ceci en signe de gratitude. » L’homme se mit debout. « Merci de m’avoir accordé votre temps, Mme Lite. » Il lui afficha un sourire pâle et sortit de la salle.

      Star s’assit pendant un instant, ne comprenant pas vraiment ce qui s’était passé. Elle se rendit compte que l’homme ne lui avait pas donné son nom, juste celui de son fils, Curtis Smith qui lui disait quelque chose, mais elle ne parvenait pas à se faire une représentation de l’enfant. Il n’a sûrement pas été un fauteur de troubles ou un élève exceptionnel. Elle a beau essayé suivre les traces de tous ces élèves, elle n’y parvenait pas.

      Elle saisit sa boîte d’ordures une fois de plus et se dirigea vers la porte étant soulagée parce que la rencontre avait été brève. Bizarre mais brève. Elle passerait voir Curtis Smith à son retour à la maison, mais pour l’instant, sa priorité était de sortir de ce bâtiment avant que quelqu’un d’autre la retienne.

       * * * *

      Une fois chez elle, Star jeta son sac à main sur la table de la cuisine et jeta la boîte des déchets de la salle de classe dans un coin. Le désordre serait plus susceptible de rester là pendant l’été. Elle fouillerait donc rapidement dans cette pagaille et retirerait ce dont elle avait besoin au début de l’année scolaire suivante. Pour l’instant, une douce liberté régnait.

      Ouvrant le frigo d’un coup sec, elle était déçue —mais pas surprise — de constater que les rayons étaient terriblement vides. Il est temps de faire ses emplettes. Star fouilla son sac à main pour prendre une cigarette. Elle mit alors un tiroir de cuisine sens dessus dessous avant de chercher dans sa chambre et la salle de séjour. Si elle ne parvenait pas à manger, elle aurait aussi bien pu fumer bien qu’elle ait, en principe, abandonné la cigarette. Rien à manger, rien à fumer. Était-ce trop tôt pour boire ? Ah-ha—trésor ! Il reste une cigarette dans un paquet caché.

      La sonnerie discordante du téléphone rompit le silence. Elle vérifia l’identité de la personne qui appelait et grogna. Sa cousine Betty. Elle savait exactement ce que cet appel impliquerait. Elle était aussi tentée d’ignorer l’appel mais Betty insisterait jusqu’à obtenir une réponse. Elle aurait bien pu mettre un terme à cette conversation avec elle.

      « Allô ? » Star marmonna dans le téléphone, tout en posant l’appareil en équilibre sur son épaule. Elle posa l’attirail pour fumeurs, tout en refusant de gâcher ce petit plaisir malgré cet appel.

      « Allô, est-ce Star à l’appareil ? » demanda la voix à l’autre bout du fil.

      Qui d’autre décrocherait à un appel chez moi. D’ailleurs, ne reconnais-tu pas ma voix après toutes ces années ? Juste une fois, Star brûlait d’envie d’envoyer une réplique brusque à Betty mais le sarcasme était inutile sur sa gentille et innocente cousine.

      « Oui, Betty, c’est Star à l’appareil. Quoi de neuf ? » Demanda-t-elle, tout en espérant entrer rapidement dans le vif du sujet.

      « Tu es actuellement en vacances, n’est-ce pas ? Es-tu enthousiaste à l’idée de te reposer pendant l’été ?

      « Oui, je suis très enthousiaste. Je suis plutôt prise en ce moment. Avais-tu besoin de quelque chose ? »

      « Oh, je voulais simplement me rassurer que tu te prépares pour notre fête du 4 juillet. On devrait vite commencer à s’organiser. »

      « Betty, nous sommes le premier juin. Avons-nous vraiment besoin de penser à juillet si tôt ? »

      « Bien sûr ! Il y a tellement beaucoup de choses à faire. Alors, tu veux t’occuper de quoi? La décoration ? Les desserts ? Ou peut-être du plateau des boissons. Ça alors ! Je suis emballée juste à l’idée d’y penser ! »

      Star avait envie de gerber juste à l’idée d’y penser, mais elle s’est forcée à respirer profondément et expirer lentement. Betty avait un bon cœur, elle ne pouvait pas aider mais elle était parfois trop excitée.

      « Et si je te rappelais dans une semaine ? Je dois déballer mes matériels scolaires et effectuer quelques travaux. »

      « Oh, chérie, es-tu encore triste ? Je te trouve triste. Ça alors, j’en voudrais aussi à ce sale type après ce qu’il t’a fait. Tu es une si bonne partenaire, tant pis pour lui, tu sais. »

      « Je ne suis pas triste, je vais bien, » disait-elle, tout en refusant de penser à son ex-fiancé et à cet horrible jour. « Il ne me mérite pas. Tu as raison, tant pis pour lui. C’est du passé. »

      « C’est ça ! Ne perds même plus ton temps à penser à lui. Tu dois juste te ressaisir, terminer ce que tu as à faire et m’appeler. Toutefois, ne traîne pas trop. Nous avons beaucoup de choses à préparer ! »

      Star lui dit au revoir et raccrocha. Elle essaya de susciter une petite indignation auprès de Betty. Maudite soit-elle pour avoir voulu la mêler aux travaux relatifs à la fête à laquelle elle ne voulait


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