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Les invisibles de Paris. Gustave AimardЧитать онлайн книгу.

Les invisibles de Paris - Gustave Aimard


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qu’elle se perdit au milieu des rires et des calembours.

      — Tiens! qu’est-ce qui grouille sous la porte cochère d’en face? Regarde donc, Arthur.

      — La Pomme, appelle-moi Jean, ou je ne te réponds plus, dit en titubant sur ses jambes un tout jeune étudiant de première année, qui cherchait à se faire passer pour un viveur, un cynique, un blasé, lui qui arrivait la veille de Bernay, avec deux malles pleines de linge, des illusions plein la tête, et des mains plus rouges que celles d’une Javotte de village.

      La mère mit un baiser au front pâle de son enfant.

      La Pomme mit un soufflet sur la joue de son cavalier, et lui riant au nez:

      — Je ne connais que des Arthurs. Tu t’appelleras Arthur comme les autres. Voilà !

      En ce moment ses regards tombèrent sur la mendiante, qui s’était avancée jusque sous la fenêtre, et qui tendait la main.

      — La charité ? J’ai faim, mon fils aussi!

      — Oh! pauvre femme! s’écria la Pomme. Tiens! sans cœur d’Arthur, regarde, la voilà, ta Malibran! Vite la main à la poche.

      — Ah! plus souvent! répondit celui-ci en se retirant de la fenêtre... On la connaît; c’est toujours la même chose! Voilà dix ans que cette coquine-là fait les mêmes grimaces! Tu ne vois donc pas qu’elle a bu? Elle ne peut même pas se tenir sur ses jambes.

      Et le malheureux, qui était ivre, se laissa aller et retomba lourdement sur un canapé.

      — Ivre, moi! pensa la pauvre femme.

      Et, joignant les mains, elle tomba agenouillée sur le pavé.

      — Allons, descendons, et plus vite que ça, fit la Pomme, une belle brune aux joues brillantes de santé. Ohé ! les autres!... L’addition est payée, mais c’est égal, voilà mon bonnet de police qui servira d’aumônière. Allons-y gaiement!

      Chacun des étudiants mit une pièce de monnaie dans le bonnet de titi que tendait la jeune fille. Arthur ou Jean lui-même fut obligé de s’exécuter.

      — Maintenant, nos paletots, nos manteaux, et en route pour l’Opéra! Je me charge de faire accepter la chose par la pauvre femme.

      On descendit, et le produit de la collecte, qui s’élevait à une trentaine de francs, fut déposé par la Pomme entre les mains de la mendiante.

      — Voilà de quoi vous nourrir et vous couvrir cette nuit, la mère, vous et votre petiot.

      — Merci! oh! merci! sanglota la femme

      — Ne nous remerciez pas... Ça commence bien notre nuit... nous sommes sûrs de nous amuser. Allons, Arthur, prends mon bras et marche droit.

      Arthur obéit tout en murmurant:

      — Sapristi! qu’il fait froid! On me fait marcher contre le vent. Je n’aime pas ça.

      Les chansons et les cris recommencèrent.

      La bande joyeuse s’éloigna sans faire plus attention à la mendiante ni à l’enfant, qu’elle s’était empressée de reprendre dans ses bras.

      En ce moment, deux hommes qui avaient eu soin de laisser s’éloigner les étudiants masqués, s’approchèrent vivement de la mère et de l’enfant.

      Puis, sur un signe du premier, le second, donnant une brusque secousse au bras de la malheureuse qui tenait l’aumône des jeunes gens, fit tomber à terre cinq ou six pièces d’argent, sur lesquelles il se précipita.

      Après les avoir ramassées et mises dans sa poche, il prit la fuite à toutes jambes.

      La femme, qui n’avait songé qu’à préserver son enfant de ce choc brutal, demeura un instant sans comprendre, puis elle s’arrêta froide, inerte, atterrée.

      Le second inconnu l’examinait froidement.

      — Monsieur! monsieur! s’écria-t-elle, on vole le pain, la vie de mon fils! Au secours! au secours!

      L’homme ne bougea pas. Il n’eut même pas l’air de l’entendre.

      Alors, se relevant, effarée, les yeux démesurément ouverts, agitée d’un tremblement irrésistible, elle poussa deux ou trois cris inarticulés semblables à des rugissements.

      L’homme resta de pierre.

      La pauvre femme vit qu’elle n’avait plus de pitié à attendre de personne, et serrant avec violence contre son sein son fils qui pleurait et criait:

      — Maman, j’ai froid, j’ai faim! elle bondit et s’élança en courant vers le quai voisin.

      L’homme suivit.

      N’écoutant ni les plaintes, ni les cris d’effroi de l’enfant, elle courait laissant échapper de ses lèvres crispées ces seuls mots, qu’elle avait essayé de chanter peu d’instants auparavant:

      — La mort!... la mort!

      Au loin, les pierrots, les sauvages et les débardeurs qui étaient venus à son secours traversaient en ce moment le pont des Arts en chantant.

      Sans ralentir sa course affolée, la pauvre désespérée tourna le quai de gauche, s’engagea sur le pont du Carrousel, et arrivée au milieu à peu près, elle s’arrêta, puis se pencha sur le parapet.

      Sous ses yeux, les eaux de la Seine déroulaient leur ruban blafard, large et moutonneux. Elles semblaient lui dire:

      — Viens, nous te recevrons comme une amie, tu te reposeras dans notre sein. Ici est le repos, ici la fin de tes douleurs. Viens!

      Ses lèvres murmurèrent une dernière oraison, un muet adieu à la vie.

      Puis, couvrant de baisers frénétiques les joues de son enfant, elle sanglota:

      — Mon Dieu! mourir à vingt-cinq ans! Mon Dieu! pardonnez-moi... mais j’aime mieux l’emmener avec moi! La route serait trop rude pour lui! je ne veux pas qu’il reste seul dans ce monde.... D’ailleurs une bonne mère ne quitte pas son enfant!... Viens, mon fils, viens avec moi!

      Elle fit le signe de la croix et monta sur le parapet.

      Une main puissante la saisit par la ceinture et l’attira en arrière.

      Elle retomba à genoux sur le pont.

      — Vous! s’écria-t-elle avec une indicible terreur, en reconnaissant l’homme qui avait fait signe de la voler. Vous!

      — Mauvaise mère, lui répondit une voix ferme et imposante.

      — Mauvaise mère!... moi!...

      — Quel est donc le Dieu qui autorise une mère à tuer son enfant?

      — Oh! mon fils! mon cher fils!

      Et elle éclata en sanglots, trop longtemps contenus.

      — Pleurez! reprit l’inconnu, pleurez et repentez-vous!

      Elle releva la tête et le regardant fixement:

      — Qui êtes-vous? que me voulez-vous?

      — Je suis votre ami... je veux votre enfant.

      — Mon enfant!.,. Ah! cria-t-elle au comble de l’exaspération, tout à l’heure on m’a volé mon pain... maintenant on veut me voler mon enfant! Oh! non! non!... Eh bien! venez donc me le prendre...

      Et l’infortunée, qui allait entraîner son fils dans la mort avec elle, se tordait d’épouvante en supposant qu’on pouvait le lui prendre.

      — Pauvre folle! fit l’inconnu, qui s’approcha d’elle.

      — Ne me touchez pas, cria la mère épouvantée, j’appelle, je crie... On viendra... Vous ne me volerez pas mon chérubin,


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