Absolution Providentielle. Pamela Fagan HutchinsЧитать онлайн книгу.
la pièce à le remarquer.
Il remarqua ma présence.
- Salut, Helen.
- Salut, Paris, répondis-je.
Il renifla.
- Oh, je ne suis absolument pas ton Paris. Paris était une mauviette.
- Hmmmmm. Ménélas, alors ?
- Um, bière.
- Je suis presque sûre qu’il n’y avait pas de Bière dans l’histoire d’Hélène de Troie, dis-je en reniflant d’un faux-air supérieur.
Nick s’adressa au barman.
- Une St. Pauli Girl.
Il m’adressa finalement le « sourire Nick », et la tension de notre dernier trajet en ascenseur disparut.
- Qu’est-ce que tu prends ?
J’avais besoin d’avaler un peu plus que de l’air pour avoir du courage.
- Une Amstel Light.
Nick passa la commande. Le barman tendit deux verres de bières perlés de condensation à Nick, puis secoua l’eau de ses mains. Nick me tendit le mien que j’enroulai dans une serviette en papier, alignant les bords avec la précision militaire que j’adorais. Nick fredonnait « Honky-tonk Women », sa tête oscillant d’un côté à l’autre.
- Je crois que je te préfère à Shreveport qu’à Dallas, lui dis-je.
- Merci pour le compliment. Et j’aime te voir heureuse. Je suppose que ça a été une année difficile pour toi, la perte de tes parents et tout ça. À ton sourire, dit-il en brandissant sa bière vers moi.
Le toast me pris par surprise. Il avait raison pour la partie difficile, surtout au sujet de mes parent. Je trinquai avec lui mais sans pouvoir soutenir son regard.
- Merci, Nick, vraiment.
- Tu veux faire un billard ? demanda-t-il.
- Pourquoi pas.
J’étais étourdie, comme une fille de seconde sortant avec le gars populaire de terminale. Nous aimions tous les deux la musique, alors nous discutâmes des genres, des groupes (son ancien groupe, Stingray, et les « vrais » groupes), mon sujet d’étude en classe de musique à Baylor et du LSD, alias la maladie du chanteur. Autour d’un tonneau de bières, nous échangeâmes des histoires sur le lycée, et il me raconta qu’il avait une fois sauvé un fou blessé.
- Un fou blessé ? Demandais-je. Sociopathe ou psychopathe ? Boule de huit dans le coin. Je la coulai.
Il récupéra les boules et les plaça dans le triangle pendant que j’enfonçais le bout de ma queue dans la craie bleue et que je soufflais l’excédent.
- Tu es tellement terre à terre. Un fou est un oiseau, Katie.
Je fis tourner son utilisation de mon vrai nom dans mon cerveau, en appréciant la sensation.
- Je surfais, et j’ai trouvé un fou de bassan qui ne pouvait pas voler. Je l’ai ramené à la maison et j’en ai pris soin jusqu’à ce que je puisse le relâcher.
- Oh, mon Dieu ! Est-ce qu’il sentait mauvais ? Il t’a donné des coups de bec ? Je parie que ta mère était ravie ! Je parlais vite, avec des points d’exclamation interminables. Embarrassant. J’étais une fille de la vallée sous acide, comme Oh Mon Dieu.
- Il était en état de choc, donc il était calme, mais il devenait plus énergique chaque jour. J’avais quatorze ans, et ma mère était contente que je ne sois pas dans ma chambre à feuilleter des magazines porno, donc ça ne la dérangeait pas. C’est vrai qu’après quelques jours, il sentait vraiment mauvais.
Je cassai. Les boules claquèrent et ricochèrent dans toutes les directions, et une boule rayée tomba dans un trou latéral.
- Rayées, annonçais-je. Alors, ta mère t’a déjà surpris avec des revues porno, hein ?
- Hum, je n’ai pas dit ça... dit-il, et il s’arrêta en bégayant.
J’étais plus amoureuse que jamais.
« Damn, I Wish I Was Your Lover » passait en fond sonore. Je n’avais pas entendu cette chanson depuis des années. Ça me fit réfléchir. Pendant des mois, j’avais lutté contre l’envie de passer mes bras autour du cou de Nick et de mordiller sa nuque, mais je savais que la plupart des gens considéreraient cela comme inapproprié au travail. Plutôt étroit d’esprit de leur part, si vous voulez mon avis. Je regardais le grand balcon à l’extérieur du bar et je pensai que si je pouvais juste manœuvrer Nick dans cette direction, peut-être que je pourrais faire en sorte que ça arrive.
Mes chances semblaient bonnes jusqu’à ce qu’un de nos collègues n’entre dans le bar. Tim était un conseiller juridique de la société. « Conseiller » signifiait qu’il était trop vieux pour être appelé un associé, mais il n’était pas un faiseur de pluie. En plus, il portait son pantalon remonté à la taille et trop court de cinq centimètres. Le cabinet n’en ferait jamais un associé. Nick accrocha son regard au mien. Jusqu’à présent, nous avions été deux radios à ondes courtes sur le même canal, le signal crépitant entre nous. Mais maintenant, le cadran était devenu statique et ses yeux s’assombrirent. Il se raidit et s’éloigna subtilement de moi.
Il appela Tim.
- Hé, Tim, par ici.
Tim nous fit un signe de la main et traversa le bar enfumé. Tout bougeait au ralenti alors qu’il s’approchait, un pas après l’autre. Ses pieds résonnaient dans ma tête en touchant le sol, non… non… non… Ou peut-être que je le disais à haute voix. Je n’aurai pu l’affirmer, mais ça ne faisait aucune différence.
- Hé, Tim, c’est génial. Prends une bière, viens faire un billard.
Oh, s’il te plaît, dis-moi que Nick ne vient pas juste d’inviter Tim à se joindre à nous.
Il aurait pu lui donner un petit « Hé, comment ça va, passe une bonne nuit, j’allais partir », ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs, mais non, il avait demandé à Tim de jouer avec nous.
Tim et Nick me regardèrent pour confirmation.
J’eus une pensée fugace dans laquelle j’envoyais un coup de pied latéral parfait dans l’intestin de Tim et qu’il se roulait par terre avec des haut-le-cœur. À quoi servaient les treize années de cours de karaté que mon père m’avait forcé à prendre si je ne pouvais pas les utiliser dans des moments comme celui-ci ? « Chaque femme devrait être capable de se défendre, Katie », disait papa en me déposant au dojo.
Ce n’était peut-être pas techniquement un moment d’autodéfense physique, mais l’arrivée de Tim avait anéanti mes espoirs de morsure de cou, et de tout ce qui aurait pu suivre. N’était-ce pas une raison suffisante ?
Je rejetai cette pensée.
- En fait, Tim, pourquoi tu ne me remplaces pas ? J’ai passé toute la semaine au tribunal, et je suis épuisée. Nous commençons tôt demain. C’est le dernier jour de notre congé, la grande finale pour l’équipe de Hailey & Hart. Je tendis ma queue de billard à Tim.
Tim pensa que c’était une bonne idée. Il était clair que les femmes lui faisaient peur. Si j’avais espéré un argument de la part de Nick, rien ne vint. Il était retourné à son numéro de « Katie qui ? » en dehors du travail.
Tout ce qu’il me dit fut un « Bonne nuit », sans Helen ni Katie.
J’attrapai une autre Amstel Light au bar avant de retourner dans ma chambre.
Chapitre 2
L’Eldorado, Shreveport,