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Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 3. Dozy Reinhart Pieter AnneЧитать онлайн книгу.

Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 3 - Dozy Reinhart Pieter Anne


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tout, n’était plus rien: le pouvoir royal l’avait écrasée. Abdérame la détestait; il ne comprenait pas qu’un monarque pût laisser aux grands une certaine influence et un certain pouvoir. «Votre roi est un prince sage et habile, j’en conviens volontiers, dit-il un jour à l’ambassadeur qu’Otton Ier lui avait envoyé; cependant il y a dans sa politique une chose qui ne me plaît pas: c’est qu’au lieu de retenir dans ses mains l’autorité tout entière, il en laisse une partie à ses vassaux. Il leur abandonne même ses provinces, croyant se les attacher par là. C’est une grande faute. La condescendance envers les grands ne peut avoir d’autre effet que d’alimenter leur orgueil et leur penchant pour la rébellion71».

      Le calife à coup sûr ne tomba point dans la faute qu’il reprochait au roi d’Allemagne, mais il tomba dans une autre non moins grave: il ne ménagea pas assez la susceptibilité des grands. Gouvernant par lui-même (depuis 932 il n’avait plus de hâdjib ou premier ministre72), il donna presque tous les emplois à des hommes de basse extraction, à des affranchis, à des étrangers, à des esclaves, à des hommes enfin qui dépendaient entièrement de lui et qui dans ses mains étaient des instruments souples et dociles. Ceux auxquels on donnait le nom de Slaves, jouissaient surtout de sa confiance; c’est de son règne que date l’influence de ce corps, qui était destiné à jouer un rôle important dans l’Espagne arabe et sur lequel nous devons entrer ici dans quelques détails.

      Dans l’origine, le nom de Slaves s’appliquait aux prisonniers que les peuples germaniques avaient faits dans leurs guerres contre les nations slaves, et qu’ils vendaient aux Sarrasins d’Espagne73; mais par laps de temps, quand on eut commencé à comprendre sous le nom de Slaves une foule de peuples qui appartenaient à d’autres races74, on donna ce nom à tous les étrangers qui servaient dans le harem ou dans l’armée, quelle que fût leur origine. D’après le témoignage formel d’un voyageur arabe du Xe siècle, les Slaves que le calife d’Espagne avait à son service, étaient des Galiciens, des Francs (des Français et des Allemands), des Lombards, des Calabrais et des personnes originaires de la côte septentrionale de la mer Noire75. Quelques-uns d’entre eux avaient été faits prisonniers par les pirates andalous; d’autres avaient été achetés dans les ports de l’Italie, car les juifs, spéculant sur la misère des peuples, se faisaient vendre des enfants de l’un et de l’autre sexe, et les conduisaient dans les ports de mer, où des navires grecs et vénitiens venaient les chercher, pour les transporter chez les Sarrasins. D’autres encore, à savoir les eunuques destinés au service du harem, arrivaient de France, où il y avait de grandes manufactures d’eunuques, dirigées par des juifs. Celle de Verdun était très-renommée76, et l’on en trouvait d’autres dans le Midi77.

      Comme la plupart de ces captifs étaient encore en bas âge quand ils arrivaient en Espagne, ils adoptaient facilement la religion, la langue et les mœurs de leurs maîtres. Plusieurs d’entre eux recevaient une éducation soignée, de sorte que plus tard ils aimaient à se former des bibliothèques et à composer des vers. Ces Slaves lettrés étaient même en si grand nombre, qu’un d’entre eux, un certain Habîb, put consacrer tout un livre à leurs poésies et à leurs aventures78.

      Les Slaves avaient toujours été nombreux à la cour ou dans l’armée des émirs de Cordoue; mais jamais ils ne l’avaient été autant que sous Abdérame III. Leur nombre s’élevait alors à 3750 selon les uns, à 6087 selon les autres; quelques-uns le portent même à 1375079. Peut-être ces chiffres se rapportent-ils à des époques différentes du règne d’Abdérame, car il est certain que ce prince augmentait sans cesse le nombre de ses Slaves. Esclaves eux-mêmes, ils avaient cependant d’autres esclaves à leur service, et possédaient des terres fort étendues. Abdérame les investit des fonctions militaires et civiles les plus importantes, et dans sa haine de l’aristocratie, il força les gens de haut parage, qui comptaient les héros du Désert parmi leurs ancêtres, à s’humilier devant ces parvenus qu’ils méprisaient souverainement.

      Les nobles étaient donc fort mécontents du calife, lorsque celui-ci conçut le projet d’entreprendre contre le roi de Léon une expédition plus importante encore que celles qu’il avait faites auparavant. Il fit à cet effet des frais immenses, appela cent mille hommes sous les drapeaux, et comme il se tenait assuré de remporter une victoire éclatante et décisive, il donna d’avance à l’expédition qu’il allait entreprendre le nom de campagne de la puissance suprême. Malheureusement pour lui, il nomma un Slave, Nadjda, général en chef de l’armée. Ce choix mit le comble à l’irritation des officiers arabes. Ils jurèrent dans leur fureur que le calife expierait par une honteuse déroute son mépris de la vieille noblesse.

      Dans l’année 939, l’armée se mit en campagne en prenant la route de Simancas. Ramire II et son alliée Tota, la reine régente de Navarre, vinrent à sa rencontre, et le 5 août le combat s’engagea. Les officiers arabes se laissèrent battre et se retirèrent; mais il arriva ce que probablement ils n’avaient pas prévu. Les Léonais se mirent à poursuivre les musulmans. Arrivés près de la ville d’Alhandega, au sud de Salamanque, sur les bords du Tormès, ces derniers se rallièrent et firent face à l’ennemi; mais ils furent complétement battus, et le calife lui-même échappa à peine aux épées des chrétiens. Après Alhandega, ce ne fut plus une retraite, ce fut une déroute. Plus d’ordre, de discipline; on quittait ses rangs, on criait sauve qui peut! Fantassins et cavaliers avançaient pêle-mêle; les soldats et les officiers jonchaient le chemin; des régiments entiers disparaissaient.

      La complète et éclatante victoire remportée par Ramire eut partout un grand retentissement. On en parla au fond de l’Allemagne aussi bien que dans les pays les plus reculés de l’Orient, mais avec des sensations bien différentes. Ici l’on s’en réjouissait, ailleurs on s’en affligeait; les uns y voyaient un sûr garant du triomphe de leur foi, les autres, une cause de sérieuses alarmes.

      Le calife lui-même était fort abattu. Son général Nadjda avait été tué80; le vice-roi de Saragosse, Mohammed ibn-Hâchim, qui avait été fait prisonnier dans la première bataille, celle de Simancas, gémissait dans un cachot de Léon81; son armée était anéantie; lui-même, enfin, n’avait échappé à la captivité ou à la mort que par miracle, et pendant sa fuite il n’avait eu autour de lui que quarante-neuf hommes. Tout cela avait fait une telle impression sur son esprit, que dans la suite il n’accompagna plus son armée quand elle se mettait en campagne82.

      Heureusement pour le calife, une guerre civile qui éclata parmi les chrétiens, empêcha Ramire de profiter de l’avantage qu’il avait remporté.

      La Castille aspirait à se séparer du royaume de Léon. Déjà sous le règne d’Ordoño II, le père de Ramire, elle s’était mise en rébellion ouverte. Le roi annonça alors qu’afin de terminer le différend à l’amiable, il tiendrait un plaid83 à Tejiare ou Teliare, sur les bords du Carrion, rivière qui séparait Léon de la Castille, et il invita les quatre comtes castillans à y assister. Ils vinrent, mais le roi les fit arrêter et décapiter. Les Léonais, tout en avouant que cette manière de se faire justice, était un peu irrégulière, admiraient la sagesse du roi84; mais les Castillans en jugeaient autrement. Privés de leurs chefs, ils étaient pour le moment réduits à l’impuissance; mais ils appelaient de tous leurs vœux l’heure où ils auraient à leur tête un homme qui fût en état de les venger des perfides Léonais.

      Cette heure si impatiemment attendue allait sonner enfin. La Castille trouverait un vengeur dans son comte Ferdinand Gonzalez, qui est devenu l’un des héros


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<p>71</p>

Vita Johannis Gorziensis, c. 136.

<p>72</p>

Ibn-al-Abbâr, p. 124, l. 8 et 9.

<p>73</p>

Maccarî, t. I, p. 92.

<p>74</p>

Voyez Ibn-Haucal, man. de Leyde, p. 39. Les chroniqueurs de Cordoue donnent à Otton Ier le titre de roi des Slaves; voyez Ibn-Adhârî, t. II, p. 234, Maccarî, t. I, p. 235.

<p>75</p>

Ibn-Haucal, p. 39.

<p>76</p>

Liudprand, Antapodosis, L. VI, c. 6.

<p>77</p>

Ibn-Haucal, p. 39; Maccarî, t. I, p. 92. Comparez Reinaud, Invasions des Sarrasins en France, p. 233 et suiv.

<p>78</p>

Maccarî, t. II, p. 57.

<p>79</p>

Maccarî, t. I, p. 372, 373.

<p>80</p>

Dans la suite, du moins, il n’est plus question de lui.

<p>81</p>

Le calife fit tout ce qu’il pouvait pour le faire relâcher, mais Mohammed ne recouvra la liberté qu’au bout de deux ans.

<p>82</p>

Voyez mes Recherches, t. I, p. 171-186.

<p>83</p>

Dans Sampiro (c. 19) il faut lire placitum au lieu de palatium, comme porte l’édition de Florez. La bonne leçon se trouve dans le man. de Leyde (fonds Vossius, nº 91). Lucas de Tuy (p. 92) emploie ici le mot juneta (aujourd’hui junta en espagnol), qui est à peu près l’équivalent de placitum. Cf. Esp. sagr., t. XIX, p. 383 med.

<p>84</p>

Voyez Sampiro, c. 19.

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