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Le renard. Johann Wolfgang von GoetheЧитать онлайн книгу.

Le renard - Johann Wolfgang von Goethe


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elle était volée: ce qui vient de la flûte retourne au tambour; et qui peut faire un crime à mon oncle d'avoir pris au voleur un bien volé? Il faut que les gentilshommes de haute naissance corrigent les voleurs et s'en fassent craindre. Oui, il l'eût pendu alors, qu'il eut été pardonnable; mais il lui laissa la liberté par respect pour le roi; car au roi seul appartient le droit de vie et de mort. Mais mon oncle ne doit compter que sur peu de reconnaissance, quelle que soit son exactitude à faire le bien et à s'abstenir du mal. Depuis que la paix du roi a été proclamée, personne ne l'observe comme lui. Il a changé sa vie, ne mange qu'une fois par jour, vit comme un ermite, se mortifie, porte une haire sur la peau et se prive depuis longtemps de viande et de gibier, comme me le racontait encore hier quelqu'un qui venait de le voir. Il a quitté Malpertuis, son château fort; il se bâtit un ermitage pour y demeurer. Vous verrez vous-même comme il est maigre et pâle par suite de l'abstinence, et des autres pénitences que son repentir lui a imposées. Peu lui importe que chacun lui jette la pierre. Il n'a qu'à venir, il se défendra et confondra tous ses accusateurs.»

      Lorsque Grimbert eut fini, parut Henning le coq, entouré de toute sa famille, au grand étonnement de l'assemblée. Sur une bière en deuil, derrière lui, on portait une poule sans tête. C'était Gratte-Pied la meilleure des couveuses. Hélas! son sang coulait et c'était Reineke qui l'avait répandu. Maintenant, il s'agissait de le faire savoir au roi. Le brave Henning parut donc devant le roi, la douleur peinte dans tout son être; il était accompagné de deux coqs également en deuil: l'un s'appelait Kreyant, il n'y avait pas de meilleur coq entre la Hollande et la France; l'autre ne lui cédait en rien, il avait nom Kantart; c'était un fier et honnête compagnon; tous deux portaient un cierge allumé; c'étaient les frères de la victime. Ils appelèrent la vengeance du ciel sur l'assassin. Deux coqs plus jeunes portaient la bière et l'on entendait de loin leurs gémissements. Henning prit la parole: «Très-gracieux seigneur et roi! nous déplorons une perte irréparable. Prenez pitié du mal qui m'est fait, à moi et à mes enfants. Vous voyez l'œuvre de Reineke! Lorsque l'hiver fut passé, que les feuilles et les fleurs nous invitaient à la joie, je m'enorgueillissais de ma famille, qui passait si gaiement les beaux jours avec moi; dix jeunes fils et quatorze filles, tous pleins de vie! ma femme, cette poule excellente, les avait élevés en un été. Tous étaient forts et contents; ils trouvaient chaque jour leur nourriture dans une place bien abritée. C'était la cour d'un riche monastère; un mur élevé nous défendait; et six grands chiens, les vaillants gardiens de la maison, aimaient mes enfants et protégeaient leur vie. Mais Reineke le voleur était désolé de nous voir passer, en paix, d'heureux jours à l'abri de ses ruses. Il rôdait toujours la nuit au pied du mur et écoutait aux portes; mais les chiens le flairaient et alors il n'avait qu'à courir! Enfin, une fois ils l'attrapèrent et le houspillèrent rudement; mais il put s'échapper et nous laissa quelque temps en repos. Maintenant, écoutez bien! Quelques jours après, le voilà qui arrive en ermite, et me remet une lettre ornée d'un cachet. Je le reconnus: c'était votre cachet et je lus dans la lettre que vous aviez ordonné la paix aux animaux et aux oiseaux. Il m'apprit qu'il était devenu un ermite, et qu'il avait fait vœu d'expier des péchés dont il confessait l'énormité. Personne ne devait donc plus se défier de lui; il avait promis devant Dieu de ne plus manger de viande. Il me fit examiner son froc, toucher son scapulaire. Il me montra, de plus, un certificat donné par le prieur, et, pour m'inspirer plus de confiance encore, la haire qu'il portait sous son froc. Puis il partit en disant: «Que la bénédiction du ciel soit avec vous! il me reste encore beaucoup à faire aujourd'hui; j'ai encore à lire None et Vêpres.» Il lisait en marchant. Mais il ne pensait qu'au mal: il méditait notre perte. Le cœur joyeux, j'allai bien vite raconter à mes enfants la bonne nouvelle que contenait votre lettre; ils se réjouirent tous. Puisque Reineke était devenu ermite, nous n'avions plus de soucis, plus de crainte. Je sortis avec eux de l'autre côté du mur. Nous jouissions tous de notre liberté. Mais bien mal nous en prît. Reineke était tapi en embuscade dans un buisson; il en sort d'un bond et nous barre la porte; il saute sur le plus beau de mes fils et l'emporte avec lui, et, une fois qu'il en eut tâté, il n'y eut plus rien à faire; à toute heure, le jour, la nuit, il renouvela ses tentatives, et ni chiens ni chasseurs ne purent nous préserver de ses ruses. C'est ainsi qu'il m'enleva presque tous mes enfants. De plus de vingt, il m'en reste cinq; il m'a pris tous les autres. Oh! prenez pitié de ma douleur amère! hier encore, il m'a tué ma fille; les chiens ont sauvé son cadavre. Regardez, la voilà! c'est lui qui a fait le crime. Que ce spectacle vous touche le cœur!»

      Alors le roi dit: «Approche, Grimbert, et regarde. Voilà donc comment l'ermite pratique le jeûne et comme il fait pénitence! Si je vis encore une année, je promets qu'il s'en repentira! Mais à quoi servent les paroles? Écoutez, malheureux Henning! Votre fille recevra tous les honneurs qui sont dus aux morts. Je lui ferai chanter Vigile et la ferai ensevelir en grande pompe: puis nous discuterons avec ces seigneurs le châtiment que mérite le meurtrier.»

      Alors le roi ordonna de chanter Vigile. Le même peuple entonna: Domino placebo. On en chanta tous les versets. Je pourrais vous raconter qui a chanté la Leçon et qui les Réponses; mais cela durerait trop longtemps et nous nous en tiendrons là. Le corps fut déposé dans un tombeau; l'on éleva dessus un beau marbre, poli comme du verre, taillé à quatre faces en pyramide, et l'on pouvait y lire en grosses lettres: «Gratte-Pied, fille de Henning le coq, la meilleure des poules couveuses: personne ne sut mieux pondre et gratter plus habilement la terre. Hélas! elle repose ci-dessous. Le meurtrier Reineke l'a ravie à la tendresse des siens. Que tout le monde apprenne sa perfidie et sa méchanceté et pleure le sort de la défunte.» – Telle était son épitaphe.

      Après la cérémonie, le roi convoqua les plus sages pour tenir conseil avec eux sur le moyen de punir le méfait dont on leur avait mis des preuves si claires devant les yeux. Ils décidèrent qu'il fallait envoyer un messager au rusé criminel, et que sous peine de vie il eût à comparaître à la cour du roi le premier dimanche qu'elle se rassemblerait; on nomma pour messager Brun l'ours. Le roi dit à l'ours: «Votre roi vous recommande d'accomplir votre message diligemment. Mais soyez prudent; car Reineke est faux et malin. Il n'est sorte de ruse qu'il n'emploiera. Il vous flattera, il vous mentira; pour vous duper, tout lui sera bon. – Oh! pas du tout, répliqua l'ours avec assurance, soyez tranquille! Si jamais il a l'impudence de tenter rien de pareil avec moi, je jure de par Dieu que je le lui ferai payer si cher, qu'il n'aura garde de ne pas venir!»

      DEUXIÈME CHANT

      C'est ainsi que Brun l'ours s'en alla fièrement à la recherche de Reineke. Il rencontra d'abord un désert sablonneux qui n'en finissait pas. Quand il l'eut traversé, il arriva dans les montagnes où Reineke avait coutume de chasser; la veille encore, il s'y était livré à ce divertissement. Mais il lui fallut aller jusqu'à Malpertuis, résidence magnifique de Reineke. De tous les châteaux, de toutes les forteresses qui lui appartenaient, Malpertuis était le plus sûr donjon. Reineke s'y retirait aussitôt qu'il avait à craindre quelque attaque. Brun monta au château et trouva la porte d'entrée fermée à triples verrous. Il se recula un peu et se prit à réfléchir; enfin, il se mit à crier: «Mon neveu, êtes-vous à la maison? C'est Brun l'ours qui vient comme messager du roi. Car le roi a donné sa parole de vous faire comparaître en jugement à la cour; c'est moi qui dois venir vous chercher afin que justice soit faite à tous; sinon, il vous en coûtera la vie; car, si vous ne bougez pas, vous êtes menacé de la roue et de la potence. C'est pourquoi prenez le meilleur parti, venez et suivez-moi; autrement, il pourrait vous en repentir.»

      Reineke entendit tout ce beau discours du commencement jusqu'à la fin sans broncher ni donner signe de vie. Il se disait: «N'y aurait-il pas moyen de faire payer cher à ce lourdaud son orgueilleuse éloquence? Songeons-y un peu.» Il descendit dans les caves du château, dont les fondements avaient été bâtis avec beaucoup d'art. Il s'y trouvait des trous et des cavernes avec des corridors longs et étroits et quantité de portes qu'on ouvrait et fermait suivant les nécessités du moment. Apprenait-il qu'on le recherchât pour quelque méfait, il trouvait là le meilleur asile. Souvent aussi de pauvres animaux s'étaient laissé prendre dans ces méandres, et étaient devenus la proie du brigand. Reineke avait bien entendu le discours de l'ours; mais, avec sa prudence habituelle, il craignit qu'il n'y eût quelque embuscade derrière le messager. Mais, quand il se fut assuré que l'ours était bien


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