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Le Rhin, Tome III. Victor HugoЧитать онлайн книгу.

Le Rhin, Tome III - Victor Hugo


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au cou, plaie rose et délicate qui ressemble à une bouche charmante et qu'on voudrait baiser à genoux. Il semble qu'on va entendre la voix de la sainte musicienne sortir et chanter por la boca de su herida. Au-dessous du cercueil ouvert, ceci est écrit en lettres d'or: En tibi sanctissimæ virginis Ceciliæ in sepulchro jacentis imaginem, prorsus eodem corporis situ expressam. En effet, au seizième siècle, un pape, Léon X, je crois, fit ouvrir la tombe de sainte Cécile, et cette ravissante peinture n'est, dit-on, qu'un portrait exact du miraculeux cadavre.

      C'est au centre de la collégiale, à l'entrée du chœur, au point d'intersection du transsept et de la nef, que, depuis Maximilien II, on couronnait les empereurs. J'ai vu dans un coin du transsept, enveloppée dans un sac de papier gris qui lui donne la forme d'un bourrelet d'enfant, l'immense couronne impériale en charpente plaquée d'or qu'on suspendait au-dessus de leur tête pendant la cérémonie, et je me suis souvenu qu'il y a un an j'avais vu le tapis fleurdelisé du sacre de Charles X, roulé, ficelé et oublié sur une brouette dans les combles de la cathédrale de Reims. A la droite même de la porte du chœur, précisément à côté de l'endroit où l'on couronnait l'empereur, la boiserie gothique étale complaisamment cette antithèse sculptée en chêne: saint Barthélemy écorché, portant sa peau sur son bras, et regardant avec dédain à sa gauche le diable juché sur une magnifique pyramide de mitres, de diadèmes, de cimiers, de tiares, de sceptres, d'épées et de couronnes. Un peu plus loin, le nouveau césar pouvait, sous les tapisseries dont on le cachait sans doute, entrevoir par instants debout dans l'ombre contre le mur, comme une apparition sinistre, le spectre de pierre de cet infortuné pseudo-empereur Gunther de Schwarzburg, la fatalité et la haine dans les yeux, tenant d'un bras son écu au lion rampant et de l'autre son morion impérial; fier et terrible tombeau, qui pendant deux cent trente ans a assisté à l'intronisation des empereurs, et dont la tristesse de granit a survécu à toutes ces fêtes de carton peint et de bois doré.

      J'ai voulu monter sur le clocher. Le glockner qui m'avait conduit dans l'église et qui ne sait pas un mot de français m'a abandonné aux premières marches de la vis, et je suis monté seul. Arrivé en haut, j'ai trouvé l'escalier obstrué par une barrière à pointes de fer; j'ai appelé, personne n'a répondu; sur quoi j'ai pris le parti d'enjamber la barrière. L'obstacle franchi, j'étais sur la plate-forme du Pfarthurm. Là, j'ai eu un charmant spectacle. Sur ma tête un beau soleil, à mes pieds toute la ville; à ma gauche la place du Rœmer, à ma droite la rue des Juifs, posée comme une longue et inflexible arête noire parmi les maisons blanches; çà et là quelques chevets d'antiques églises pas trop défaites, deux ou trois hauts beffrois flanqués de tourelles, sculptés à l'aigle de Francfort et répétés, comme par des échos, au fond de l'horizon, par les trois ou quatre vieilles tours-vigies qui marquaient autrefois les limites du petit Etat libre; derrière moi le Mein, nappe d'argent rayée d'or par le sillage des bateaux; le vieux pont avec les toits de Sachshausen et les murs rougeâtres de l'ancienne maison teutonique; autour de la ville, une épaisse ceinture d'arbres; au delà des arbres, une grande table ronde de plaines et de champs labourés, terminée par les croupes bleues du Taunus. Pendant que je rêvais je ne sais quelle rêverie, adossé au tronçon du clocher tronqué de 1509, des nuages sont venus et se sont mis à rouler dans le ciel, chassés par le vent, couvrant et découvrant à chaque instant de larges déchirures d'azur et laissant tomber partout sur la terre de grandes plaques d'ombre et de lumière. Cette ville et cet horizon étaient admirables ainsi. Le paysage n'est jamais plus beau que quand il revêt sa peau de tigre. – Je me croyais seul sur la tour, et j'y serais resté toute la journée. Tout à coup un petit bruit s'est fait entendre à côté de moi; j'ai tourné ta tête: c'était une toute jeune fille de quatorze ans environ, à demi sortie d'une lucarne, qui me regardait avec un sourire. J'ai risqué quelques pas, j'ai dépassé un angle du Pfarthurm que je n'avais pas encore franchi, et je me suis trouvé au milieu des habitants du clocher. Il y a là tout un petit monde doux et heureux. La jeune fille, qui tricote; une vieille femme, sa mère sans doute, qui file son rouet; des colombes qui roucoulent perchées sur les gargouilles du clocher; un singe hospitalier qui vous tend la main du fond de sa petite cabane; les poids de la grosse horloge qui montent et descendent avec un bruit sourd et s'amusent à faire mouvoir des marionnettes dans l'église où l'on a couronné des empereurs; ajoutez à cela cette paix profonde des lieux élevés, qui se compose du murmure du vent, des rayons du soleil et de la beauté du paysage, – n'est-ce pas que c'est un ensemble pur et charmant? – De la cage des anciennes cloches, la jeune fille a fait sa chambre; elle y a mis son lit dans l'ombre, et elle y chante comme chantaient les cloches, mais d'une voix plus douce, pour elle et pour Dieu seulement. De l'un des clochetons inachevés, la mère a fait la cheminée du petit feu de veuve où cuit sa pauvre marmite. Voilà le haut du clocher de Francfort. Comment et pourquoi cette colonie est-elle là, et qu'y fait-elle? Je l'ignore; mais j'ai admiré cela. Cette fière ville impériale, qui a soutenu tant de guerres, qui a reçu tant de boulets, qui a intronisé tant de césars, dont les murailles étaient comme une armure, dont l'aigle tenait dans ses deux serres les diadèmes que l'aigle d'Autriche posait sur ses deux têtes, est aujourd'hui dominée et couronnée par l'humble foyer d'une vieille femme, d'où sort un peu de fumée.

      LETTRE XXV

      LE RHIN

      D'où il sort. – La Suisse, le Rhin. – Aspects. – Qu'un fleuve est un arbre. – Le trajet de Mayence à Cologne. – Détails. – Où commence l'encaissement du fleuve. – Où il finit. – Tableaux. – Les vignes. – Les ruines. – Les hameaux. – Les villes. – Histoire et archéologie mêlées. – Bingen. – Oberwesel. – Saint-Goar. – Neuwied. – Andernach. – Linz. – Sinzig. – Boppart. – Caub. – Braubach. – Coblenz. – Ce qui a effrayé l'auteur à Coblenz. – Musées. – Quels sont les peintres que possède chaque ville. – Curiosités et bric-à-brac. – Paysages du Rhin. – Ce qu'a été le Rhin. Ce qu'il est. – Remontez-le. – Le bateau-flèche. – Le dampfschiff. – La barque à voile. – Le grand radeau. – Curieux détails sur les anciennes grandes flottaisons du Rhin. – Vingt-cinq bateaux à vapeur en route chaque jour. – Parallèle de l'ancienne navigation et de la nouvelle. – Quarante-neuf îles. – Souvenirs – Une jovialité de Schinderhannes rencontrant une bande de juifs. – Ce que firent, en 1400, dans une église de village, les quatre électeurs du Rhin. – Détails secrets et inconnus de la déposition de Wenceslas. – Le Kœnigsstühl. – L'auteur reconstruit le Kœnigsstühl aujourd'hui disparu. – De quelle manière et dans quelle forme s'y faisait l'élection des empereurs. – Ce que c'était que les sept électeurs du Saint-Empire. – L'élection dans le Rœmer de Francfort comparée avec l'élection sur le Kœnigsstühl. – Côtés inédits et ignorés de l'histoire. – La bannière impériale. – Ce qu'elle était avant Lothaire. – Ce que Lothaire y changea. – Ce qu'elle a été depuis. – L'aigle à deux têtes. – Sa première apparition. – Ce que le peuple concluait de la façon dont la bannière flottait. – Chute de la bannière. – Vue de Caub. – Etrange aspect du Pfalz. – Ce que c'est. – Les châteaux du Rhin. – Dénombrement. – Combien il y en a. – Quels sont leurs noms. – Leurs dates. – Leur histoire. – Qui les a bâtis. – Qui les a ruinés. – Destinée de tous. – Détail de chacun. – Coup d'œil sur les vallées. – Sept burgs dans le Wisperthal. – Une abbaye et six forteresses dans les Sept-Monts. – Trois citadelles dans la plaine de Mayence. – Le Godesberg dans la plaine de Cologne. – Hymne aux châteaux du Rhin.

Mayence, 1er octobre.

      Un ruisseau sort du lac de Toma, sur la pente orientale du Saint-Gothard; un autre ruisseau sort d'un autre lac au pied du mont Lukmanierberg; un troisième ruisseau suinte d'un glacier et descend à travers les rochers d'une hauteur de mille toises. A quinze lieues de leurs sources, ces ruisseaux viennent aboutir au même ravin près Reichenau. Là, ils se mêlent. N'admirez-vous pas, mon ami, de quelle façon puissante et simple la Providence produit les grandes choses? Trois pâtres se rencontrent, c'est un peuple; trois ruisseaux se rencontrent, c'est un fleuve.

      Le peuple naît le 17 novembre 1307, la nuit, au bord d'un lac où trois pasteurs viennent de


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