Actes et Paroles, Volume 3. Victor HugoЧитать онлайн книгу.
affluence pourrait occasionner une grande fatigue a ceux qui ne parviendraient a entrer qu'apres une longue attente, en meme temps qu'un plus grand nombre devraient se retirer desappointes apres avoir fait queue pendant plusieurs heures.
"Pour eviter ces inconvenients et assurer neanmoins aux plus diligents la satisfaction d'entendre reciter par d'eminents artistes les vers qui ont deja ete acclames dans plusieurs representations, la distribution des 2,400 billets, a raison de 120 par mairie, sera faite dans les vingt mairies de Paris, le dimanche 27, a midi, par les societaires delegues du comite des gens de lettres.
"Ces billets ne pourront etre l'objet d'aucune faveur et seront rigoureusement attribues a ceux qui viendront, les premiers, les prendre le dimanche aux mairies. Le lundi, jour de la solennite, il ne sera delivre aucun billet au theatre. La salle ne sera ouverte qu'aux seuls porteurs de billets pris la veille aux mairies; les places appartiendront, sans distinction, aux premiers occupants, porteurs de billets."
AUDITION GRATUITE DES Chatiments
Ouverture de la Muette, d'AUBER
Les Chatiments TONY REVILLON.
Pauline Rolland Mlle PERIGA.
Cette nuit-la M. DESRIEUX.
Aux Femmes Mlle ROUSSEIL.
Floreal Mlle SARAH BERNHARDT.
Hymne des transportes M. LAFONTAINE.
Le Manteau imperial Mme MARIE LAURENT.
La nuit du 4 Decembre M. FREDERICK-LEMAITRE.
Ouverture de Zampa, d'HEROLD
Stella Mlle FAVART.
Joyeuse vie M. DUMAINE.
Il faut qu'il vive Mme LIA FELIX.
Paroles d'un conservateur M. COQUELIN.
Chansons Mme V. LAFONTAINE.
Patria, musique de BEETHOVEN Mme UGALDE.
L'Expiation M. TAILLADE.
Lux Mme MARIE-LAURENT.
L'orchestre de l'Opera sera dirige par M. GEORGES HAINL
Pendant les entr'actes de la representation populaire, les belles et genereuses artistes qui y contribuaient ont fait la quete, comme Victor Hugo l'avait annonce, dans des casques pris aux prussiens. Les sous du peuple sont tombes dans ces casques et ont produit la somme de quatre cent soixante-huit francs cinquante centimes.
A la fin de la representation, il a ete jete sur la scene une couronne de laurier doree avec un papier portant cette inscription: A notre poete, qui a voulu donner aux pauvres le pain de l'esprit.
Seances des 18 et 19 novembre
Il est verse au Tresor, par les soins de la commission, 10,600 francs, somme indiquee par M. Dorian comme prix de deux canons. La commission informe le comite de la difficulte qui s'oppose a ce que le nom de Chateaudun soit donne a l'une de nos deux pieces, ce nom ayant ete anterieurement retenu par d'autres souscripteurs. Le comite decide que le nom Victor Hugo sera substitue a celui de Chateaudun, et qu'en outre les deux canons porteront pour exergue: Societe des gens de lettres.
En reponse a l'envoi fait au ministre des travaux publics du recu des 10,600 francs verses au Tresor, M. Dorian ecrit au comite:
Paris, 22 novembre 1870.
"Messieurs, par une lettre du 17 de ce mois, repondant a celle que j'ai eu l'honneur de vous ecrire le 14 novembre precedent, vous m'adressez le recepisse du versement, fait par vous a la caisse centrale du Tresor public, d'une somme de 10,600 francs destinee a la confection de deux canons offerts par la Societe des gens de lettres au gouvernement de la defense nationale; vous m'exprimez en meme temps le desir que sur l'un de ces canons soit grave le mot "Chatiment", sur l'autre "Victor Hugo", et sur tous les deux, en exergue, les mots "Societe des gens de "lettres".
"Je vous renouvelle, messieurs, au nom du gouvernement, l'expression de ses remerciments pour cette souscription patriotique.
"Des mesures vont etre prises pour que les canons dont il s'agit soient mis immediatement en fabrication, et je n'ai pas besoin d'ajouter que le desir de la Societe, en ce qui concerne les inscriptions a graver, sera ponctuellement suivi.
"Vous serez informes, ainsi que je vous l'ai promis, du jour ou auront lieu les essais, afin que la Societe puisse s'y faire representer si elle le desire.
"Enfin, j'aurai l'honneur de vous faire parvenir un duplicata de la facture du fondeur.
"Recevez, messieurs, l'assurance de ma consideration distinguee.
"Le ministre des travaux publics,
Paris, le 26 janvier 1871.
"Illustre et cher collegue,
"Le comite, deduction faite des frais et de la somme de 10,600 francs employee a la fabrication des deux canons le Victor Hugo et le Chatiment, offerts a la defense nationale, est depositaire de la somme de 3,470 francs, reliquat de la recette produite par les lectures publiques des Chatiments.
"Le comite a cherche, sans y reussir, l'application de ce reliquat a des engins de guerre.
"Il ne croit pas pouvoir conserver cette somme dans la caisse sociale. En consequence, il m'a charge de la remettre entre vos mains, parce que vous avez seul le droit d'en disposer.
"Veuillez agreer, cher et illustre collegue, l'expression respectueuse de notre cordiale affection.
"Pour le comite:
"Le president de la seance,
"Le delegue du comite,
1re, 2e et 3e seances 16,817 fr. 90
Depenses:
Frais generaux des representations, suivant detail 2,747 fr. 90} 13,347 90 Versement au Tresor pour deux canons, suivant recu 10,600 fr.} ______________ Solde 3,470 fr."
M. Victor Hugo a prie le comite de garder cette somme et de l'employer a secourir les victimes de la guerre, nombreuses parmi les gens de lettres que le comite represente.
Concurremment avec ces representations, le Theatre-Francais a donne, le 25 novembre, une matinee litteraire, dramatique et musicale, ou Mlle Favart a joue dona Sol (cinquieme acte d'Hernani), et Mme Laurent, Lucrece Borgia (cinquieme acte de Lucrece Borgia), ou Mme Ugalde a chante Patria. —Booz endormi (Legende des siecles); le Revenant (Contemplations), les Paroles d'un conservateur a propos d'un perturbateur (Chatiments) ont complete cette seance, qui a produit, au benefice des victimes de la guerre, une recette de 6,000 francs.
M. Victor Hugo n'a assiste a aucune de ces representations.
Independamment des representations et des lectures dont on vient de voir le detail et le resultat, les Chatiments et toutes les oeuvres de Victor Hugo furent pour les theatres, pendant le siege de Paris, une sorte de propriete publique. Quiconque voulait organiser une lecture pour une caisse de secours quelconque n'avait qu'a parler, et l'auteur abandonnait immediatement son droit. Les representations et les lectures des Chatiments, de Napoleon le Petit, des Contemplations, de la Legende des siecles, etc., au benefice des canons ou des ambulances, durerent sans interruption et tous les jours, sur tous les theatres a la fois, jusqu'au moment ou il ne fut plus possible d'eclairer et de chauffer les salles.
On n'a pu noter ces innombrables representations. Parmi celles dont le souvenir est reste, on peut citer le concert Pasdeloup, ou M. Taillade disait les Volontaires de l'an II (Chatiments); les Pauvres Gens (Legende