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Moll Flanders. Daniel DefoeЧитать онлайн книгу.

Moll Flanders - Daniel Defoe


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à aller au fond des choses, avant que je pusse avoir la moindre occasion de faire connaître à son fils ce qui s'était passé, résolut aussi de parler à son fils sur-le-champ, et le fit chercher, car il n'était allé qu'à la maison d'un avocat, en ville, et, sur le message, revint aussitôt.

      Dès qu'il arriva, car elles étaient toutes ensemble:

      —Assieds-toi, Robin, dit la vieille dame, il faut que je cause un peu avec toi.

      —De tout mon cœur, madame, dit Robin, l'air très gai; j'espère qu'il s'agit d'une honnête femme pour moi, car je suis bien en peine là-dessus.

      —Comment cela peut-il être? dit sa mère: n'as-tu pas dit que tu étais résolu à prendre Mme Betty?

      —Tout juste, madame, dit Robin, mais il y a quelqu'un qui interdit les bans.

      —Interdit les bans? qui cela peut-il être?

      —Point d'autre que Mme Betty elle-même, dit Robin.

      —Comment, dit sa mère, lui as-tu donc posé la question?

      —Oui vraiment, madame, dit Robin, je l'ai attaquée en forme cinq fois depuis qu'elle a été malade, et j'ai été repoussé; la friponne est si ferme qu'elle ne veut ni capituler ni céder à aucuns termes, sinon tels que je ne puis effectivement accorder.

      —Explique-toi, dit la mère, car je suis surprise, je ne te comprends pas; j'espère que tu ne parles pas sérieusement.

      —Mais, madame, dit-il, le cas est assez clair en ce qui me concerne: il s'explique de lui-même; elle ne veut pas de moi—voilà ce qu'elle dit—n'est-ce pas assez clair? Je crois que c'est clair, vraiment, et suffisamment pénible aussi.

      —Oui, mais, dit la mère, tu parles de conditions que tu ne peux accorder; quoi? Veut-elle un contrat? Ce que tu lui apporteras doit être selon sa dot; qu'est-ce qu'elle t'apporte?

      —Oh! pour la fortune, dit Robin, elle est assez riche; je suis satisfait sur ce point; mais c'est moi qui ne suis pas capable d'accomplir ses conditions, et elle est décidée de ne pas me prendre avant qu'elles soient remplies.

      Ici les sœurs interrompirent.

      —Madame, dit la sœur puînée, il est impossible d'être sérieux avec lui; il ne répondra jamais directement à rien; vous feriez mieux de le laisser en repos, et de n'en plus parler; vous savez assez comment disposer d'elle pour la mettre hors de son chemin.

      Robin fut un peu échauffé par l'impertinence de sa sœur, mais il la joignit en un moment.

      —Il y a deux sortes de personnes, madame, dit-il, en se tournant vers sa mère, avec lesquelles il est impossible de discuter: c'est une sage et une sotte; il est un peu dur pour moi d'avoir à lutter à la fois contre les deux.

      La plus jeune sœur s'entremit ensuite.

      —Nous devons être bien sottes, en effet, dit-elle, dans l'opinion de mon frère, pour qu'il pense nous faire croire qu'il a sérieusement demandé à Mme Betty de l'épouser et qu'elle l'a refusé.

      —«Tu répondras, et tu ne répondras point», a dit Salomon, répliqua son frère; quand ton frère a dit qu'il ne lui avait pas demandé moins de cinq fois, et qu'elle l'avait fermement refusé, il me semble qu'une plus jeune sœur n'a pas à douter de sa véracité, quand sa mère ne l'a point fait.

      —C'est que ma mère, vois-tu, n'a pas bien compris, dit la seconde sœur.

      —Il y a quelque différence, dit Robin, entre demander une explication et me dire qu'elle ne me croit pas.

      —Eh bien, mais, fils, dit la vieille dame, si tu es disposé à nous laisser pénétrer dans ce mystère, quelles étaient donc ces conditions si dures?

      —Oui, madame, dit Robin, je l'eusse fait dès longtemps, si ces fâcheuses ici ne m'avaient harcelé par manière d'interruption. Les conditions sont que je vous amène, vous et mon père, à y consentir, sans quoi elle proteste qu'elle ne me verra plus jamais à ce propos; et ce sont des conditions, comme je l'ai dit, que je suppose que je ne pourrai jamais remplir; j'espère que mes ardentes sœurs sont satisfaites maintenant, et qu'elles vont un peu rougir.

      Cette réponse fut surprenante pour elles toutes, quoique moins pour la mère, à cause de ce que je lui avais dit; pour les filles, elles demeurèrent muettes longtemps; mais la mère dit, avec quelque passion:

      —Eh bien, j'avais déjà entendu ceci, mais je ne pouvais le croire; mais s'il en est ainsi, nous avons toutes fait tort à Betty, et elle s'est conduite mieux que je ne l'espérais.

      —Oui, vraiment, dit la sœur aînée, s'il en est ainsi, elle a fort bien agi, en vérité.

      —Il faut bien avouer, dit la mère, que ce n'est point sa faute à elle s'il a été assez sot pour se le mettre dans l'esprit; mais de lui avoir rendu une telle réponse montre plus de respect pour nous que je ne saurais l'exprimer; j'en estimerai la fille davantage, tant que je la connaîtrai.

      —Mais non pas moi, dit Robin, à moins que vous donniez votre consentement.

      —Pour cela, j'y réfléchirai encore, dit la mère; je t'assure que, s'il n'y avait pas bien d'autres objections, la conduite qu'elle a eue m'amènerait fort loin sur le chemin du consentement.

      —Je voudrais bien qu'elle vous amenât jusqu'au bout, dit Robin: si vous aviez autant souci de me rendre heureux que de me rendre riche, vous consentiriez bientôt.

      —Mais voyons, Robin, dit la mère encore, es-tu réellement sérieux? as-tu vraiment envie de l'avoir?

      —Réellement, madame, dit Robin, je trouve dur que vous me questionniez encore sur ce chapitre; je ne dis pas que je l'aurai: comment pourrais-je me résoudre là-dessus puisque vous voyez bien que je ne pourrai l'avoir sans votre consentement? mais je dis ceci, et je suis sérieux, que je ne prendrai personne d'autre, si je me puis aider: «Betty ou personne»,—voilà ma devise! et le choix entre les deux est aux soins de votre cœur, madame, pourvu seulement que mes sœurs ici, qui ont si bon naturel, ne prennent point part au vote.

      Tout ceci était affreux pour moi, car la mère commençait à céder, et Robin la serrait de près. D'autre part, elle tint conseil avec son fils aîné, et il usa de tous les arguments du monde pour lui persuader de consentir, alléguant l'amour passionné que son frère me portait, et le généreux respect que j'avais montré pour la famille en refusant mes avantages sur un délicat point d'honneur, et mille choses semblables. Et quant au père, c'était un homme tout tracassé par les affaires publiques, occupé à faire valoir son argent, bien rarement chez lui, fort soucieux de ses affaires, et qui laissait toutes ces choses aux soins de sa femme.

      Vous pouvez facilement penser que le secret étant, comme ils croyaient, découvert, il n'était plus si difficile ni si dangereux pour le frère aîné, que personne ne soupçonnait de rien, d'avoir accès plus libre jusqu'à moi; oui, et même sa mère lui proposa de causer avec Mme Betty, ce qui était justement ce qu'il désirait:

      —Il se peut, fils, dit-elle, que tu aies plus de clartés en cette affaire que je n'en ai, et tu jugeras si elle a montré la résolution que dit Robin, ou non.

      Il ne pouvait rien souhaiter de mieux, et, feignant de céder au désir de sa mère, elle m'amena vers lui dans la propre chambre où elle couchait, me dit que son fils avait affaire avec moi à sa requête, puis nous laissa ensemble, et il ferma la porte sur elle.

      Il revint vers moi, me prit dans ses bras et me baisa très tendrement, mais me dit que les choses en étaient venues à leur crise, et que j'avais pouvoir de me rendre heureuse ou infortunée ma vie durant; que si je ne pouvais m'accorder à son désir, nous serions tous deux perdus. Puis il me dit toute l'histoire passée entre Robin, comme il l'appelait, sa mère, ses sœurs et lui-même.

      —Et maintenant, ma chère enfant, dit-il, considérez ce que ce serait que d'épouser un gentilhomme de bonne famille, de belle fortune, avec le consentement de toute la maison, pour jouir de tout ce que le monde vous peut offrir; imaginez, d'autre


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