Эротические рассказы

L'année terrible. Victor HugoЧитать онлайн книгу.

L'année terrible - Victor Hugo


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la foule; et ceci me heurte et me déplaît;

      C’est l’élément aveugle et confus; c’est le nombre;

      C’est la sombre faiblesse et c’est la force sombre.

      Et que de cette tourbe il nous vienne demain

      L’ordre de recevoir un maître de sa main,

      De souffler sur notre âme et d’entrer dans la honte,

      Est-ce que vous croyez que nous en tiendrons compte?

      Certes, nous vénérons Sparte, Athènes, Paris,.

      Et tous les grands forums d’où partent les grands cris;

      Mais nous plaçons plus haut la conscience auguste.

      Un monde, s’il a tort, ne pèse pas un juste;

      Tout un océan fou bat en vain un grand cœur.

      O multitude, obscure et facile au vainqueur,

      Dans l’instinct bestial trop souvent tu te vautres,

      Et nous te résistons! Nous ne voulons, nous autres,

      Ayant Danton pour père et Hampden pour aïeul,

      Pas plus du tyran Tous que du desposte Un Seul.

      Voici le peuple: il meurt, combattant magnifique,

      Pour le progrès; voici la foule: elle en trafique;

      Elle mange son droit d’aînesse en ce plat vil

      Que Rome essuie et lave avec Ainsi-soit-il!

      Voici le peuple: il prend la Bastille, il déplace

      Toute l’ombre en marchant; voici la populace:

      Elle attend au passage Aristide, Jésus,

      Zénon, Bruno, Colomb, Jeanne, et crache dessus.

      Voici le peuple avec son épouse, l’idée;

      Voici la populace avec son accordée,

      La guillotine. Eh bien, je choisis l’idéal.

      Voici le peuple: il change avril en Floréal,

      Il se fait République, il règne et délibère.

      Voici la populace: elle accepte Tibère.

      Je veux la République et je chasse César.

      L’attelage ne peut amnistier le char.

      Le droit est au-dessus de Tous; nul vent contraire

      Ne le renverse; et Tous ne peuvent rien distraire

      Ni rien aliéner de l’avenir commun.

      Le peuple souverain de lui-même, et chacun

      Son propre roi; c’est là le droit. Rien ne l’entame.

      Quoi! l’homme que voilà qui passe, aurait mon âme!

      Honte! il pourrait demain, par un vote hébété,

      Prendre, prostituer, vendre ma liberté !

      Jamais. La foule un jour peut couvrir le principe;

      Mais le flot redescend, l’écume se dissipe,

      La vague en s’en allant laisse le droit à nu.

      Qui donc s’est figuré que le premier venu

      Avait droit sur mon droit! qu’il fallait que je prisse

      Sa bassesse pour joug, pour règle son caprice!

      Que j’entrasse au cachot s’il entre au cabanon!

      Que je fusse forcé de me faire chaînon

      Parce qu’il plaît à tous de se changer en chaîne!

      Que le pli du roseau devînt la loi du chêne!

      Ah! le premier venu, bourgeois ou paysan,

      L’un égoïste et l’autre aveugle, parlons-en!

      Les révolutions, durables, quoi qu’il fasse,

      Ont pour cet inconnu qui jette à leur surface

      Tantôt de l’infamie et tantôt de l’honneur,

      Le dédain qu’a le mur pour le badigeonneur.

      Voyez-le, ce passant de Carthage ou d’Athènes

      Ou de Rome, pareil à l’eau qui des fontaines

      Tombe aux pavés, s’en va dans le ruisseau fatal,

      Et devient boue après avoir été cristal.

      Cet homme étonne, après tant de jours beaux et rudes,

      Par son indifférence au fond des turpitudes

      Ceux mêmes qu’ont d’abord éblouis ses vertus;

      Il est Falstaff après avoir été Brutus;

      Il entre dans l’orgie en sortant de la gloire;

      Allez lui demander s’il sait sa propre histoire,

      Ce qu’était Washington ou ce qu’a fait Barra,

      Son cœur mort ne bat plus aux noms qu’il adora.

      Naguère il restaurait les vieux cultes, les bustes

      De ses héros tombés, de ses aïeux robustes,

      Phocion expiré, Lycurgue enseveli,

      Riego mort, et voyez maintenant quel oubli!

      Il fut pur, et s’en lave; il fut saint, et l’ignore;

      Il ne s’aperçoit pas même qu’il déshonore

      Par l’œuvre d’aujourd’hui son ouvrage d’hier;

      Il devient lâche et vil, lui qu’on a vu si fier;

      Et, sans que rien en lui se révolte et proteste,

      Barbouille une taverne immonde avec le reste

      De la chaux dont il vient de blanchir un tombeau.

      Son piédestal souillé se change en escabeau;

      L’honneur lui semble lourd, rouillé, gothique; il raille

      Cette armure sévère et dit: Vieille ferraille!

      Jadis des fiers combats il a joué le jeu;

      Duperie. Il fut grand, et s’en méprise un peu.

      Il est sa propre insulte et sa propre ironie.

      Il est si bien esclave à présent qu’il renie,

      Indigné, son passé, perdu dans la vapeur;

      Et quant à sa bravoure ancienne, il en a peur.

      Mais quoi, reproche-t-on à la mer qui s’écroule

      L’onde, et ses millions de têtes à la foule?

      Que sert de chicaner ses erreurs, son chemin,

      Ses retours en arrière, à ce nuage humain,

      A ce grand tourbillon des vivants, incapable,

      Hélas! d’être innocent comme d’être coupable?

      A quoi bon? quoique vague, obscur, sans point d’appui,

      Il est utile; et tout en flottant devant lui,

      Il a pour fonction, à Paris comme à Londre,

      De faire le progrès, et d’autres d’en répondre;

      La République anglaise expire, se dissout,

      Tombe, et laisse Milton derrière elle debout;

      La foule a disparu, mais le penseur demeure;

      C’est assez pour que tout germe et que rien ne meure.

      Dans les chutes du droit rien n’est désespéré.

      Qu’importe le méchant heureux, fier, vénéré ?

      Tu fais des lâchetés, ciel profond; tu succombes,

      Rome;


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