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À Genoux. Shanae JohnsonЧитать онлайн книгу.

À Genoux - Shanae Johnson


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      Maggie se pencha pour le prendre dans ses bras, puis se retourna vers son propriétaire avec son sourire le plus attendrissant. C’était tout ce qu’il lui restait, puisqu’elle n’avait même plus de travail pour payer son loyer. Elle espérait que l’adorable museau du terrier irlandais saurait convaincre M. Hurley.

      « Ils ne vous ont jamais causé le moindre problème. »

      En prononçant ces paroles, elle pressa son visage contre le museau de Pirouette, qui lui lécha la joue avant de cacher sa tête sous son menton.

      « C’est à peine si on se rend compte qu’ils sont là. »

      Ses chiens n’aboyaient presque jamais. Maggie se doutait qu’ils avaient appris que hausser la voix pouvait leur valoir des coups de la part des humains. Ils étaient donc plutôt silencieux.

      Elle ne mentionna pas que Stevie, son rottweiler à moitié aveugle, avait griffé les placards de la salle de bain. Ni que Bonbon, le golden retriever diabétique, avait vomi dans la chambre tellement souvent que même Maggie n’arrivait plus à en ignorer l’odeur.

      Ça n’aurait rien changé. M. Hurley ne se laissa pas émouvoir par leurs yeux de chien battu.

      « Ce n’est pas le problème. Vous avez enfreint les règles. Pour deux chiens, j’aurais fermé les yeux, mais pas pour cinq. À moins de vous plier au règlement et de vous contenter d’un seul petit chien, il va falloir que vous trouviez un autre endroit où vivre.

      – Vous n’êtes pas sérieux ? Je ne peux pas choisir entre mes chiens.

      – Vous n’avez qu’à leur trouver de bons foyers, dans d’autres familles. »

      Comme si c’était possible. C’était bien pour ça qu’ils étaient tous là. La plupart des célibataires actifs et des familles avec enfants n’avaient pas la moindre envie d’accueillir un chien âgé ou estropié. Tout ce qu’ils voulaient, c’étaient des chiots à peine sortis du ventre de leur mère qui couraient partout sur leurs quatre pattes, avec assez d’énergie pour jouer à la balle.

      Et elle savait d’expérience qu’elle ne pourrait pas confier ses chiens à un refuge en attendant de trouver un nouveau chez-elle. Ils seraient euthanasiés avant la fin de la semaine. Et encore fallait-il qu’elle réussisse à trouver un nouveau travail pour mettre un toit au-dessus de leurs têtes, de la nourriture dans leurs gamelles, et des médicaments dans leurs corps.

      Qu’allait-elle pouvoir faire ?

      M. Hurley, sourd à ses protestations, s’éloigna sans un mot de plus.

      C’était un sacré coup, dont elle savait qu’il risquait d’arriver. Elle enfreignait les règles depuis un moment déjà. Mais elle n’aurait jamais cru qu’il l’expulserait vraiment. Désormais, l’heure semblait venue. Elle n’avait plus de travail, et nulle part où vivre.

      Mais elle n’allait pas abandonner. Elle n’abandonnait jamais. Peu importe la gravité de la situation. Il y avait toujours une solution.

      Maggie empila les chiens un par un dans le coffre de sa camionnette. Pour leur éviter des blessures supplémentaires, elle devait les enfermer dans des caisses de transport pendant les trajets. Elle plaça Guerrière le chihuahua, Étoile le carlin et Pirouette dans le coffre. Pirouette n’apprécia pas du tout d’être ainsi confiné et commença immédiatement à gémir. Maggie prit le temps de le calmer à l’aide d’un jouet à mordiller, puis plaça Bonbon le golden retriever sur la banquette arrière avant d’y guider également Stevie le rottweiler aveugle.

      Une fois toute l’équipe en place, elle démarra en direction du seul endroit auquel elle pouvait penser. L’église. Il lui faudrait au moins un miracle pour se sortir de cette situation.

      L’église était nichée dans un coin de la ville, comme un secret. Mais les membres de la congrégation étaient nombreux ; ils l’étaient déjà quand Maggie l’avait intégrée à l’adolescence. À côté de l’église s’élevait le centre d’hébergement gris et froid où Maggie avait passé l’essentiel de sa jeunesse, comme une sœur laide et terne à côté des briques rouges et des moulures blanches de l’église.

      C’était à l’église que Maggie avait trouvé le réconfort pendant ses nuits les plus sombres. Elle avait prié pour que Dieu lui ramène ses parents. Quand ses prières n’avaient trouvé aucun écho, elle avait prié pour qu’une nouvelle maman et un nouveau papa l’aiment de tout leur cœur. Mais même quand ces prières-là n’avaient pas reçu la réponse qu’elle espérait, Maggie n’avait pas abandonné ; un jour, à genoux au milieu des bancs, elle avait relevé les yeux et s’était rendu compte que les membres de la congrégation étaient devenus sa famille.

      Elle se gara sur le parking derrière l’église. Elle sortit les chiens un par un de la camionnette puis les emmena vers la pelouse de la cour où nombre de pique-niques estivaux avaient eu lieu. Le pasteur David avait été un grand amoureux des chiens. Cet amour partagé des animaux les avait beaucoup rapprochés quand Maggie était jeune. Elle avait espéré que le pasteur David finirait par l’adopter, mais il était resté célibataire toute sa vie. Cependant, sa porte lui était toujours restée ouverte. Et cette politique de la porte ouverte avait continué même après sa mort.

      « Mais voilà ma vétérinaire préférée. »

      Maggie se retourna en entendant une voix familière. Son sourire s’élargit et elle ouvrit les bras avant même de voir le pasteur Patel.

      « Et voilà mon psy préféré. »

      Ils s’enlacèrent. Juste avant qu’il ne s’éloigne, Maggie serra une dernière fois l’homme dans ses bras. Elle n’avait pas été enlacée comme ça depuis trop longtemps, et elle en avait particulièrement besoin ce jour-là.

      Le pasteur Patel recula sans rompre le contact. Il ne posa pas de question mais se contenta de pencher la tête sur le côté, l’observant en silence de ses yeux brun clair.

      « Tout va bien. »

      Elle essaya d’éloigner son inquiétude d’un geste, mais les larmes s’étaient déjà formées dans ses yeux.

      Maggie ne pleurait jamais. Au foyer, elle avait compris que cela ne servait à rien. Elle ne recevrait pas plus d’attention que les autres pour autant. Même en famille d’accueil, elle savait que cela ne servait à rien. La famille ne se souciait pas d’elle, seulement du fait qu’elle leur amenait une compensation financière et qu’elle était assez âgée pour s’occuper des autres enfants placés.

      Mais, comme le pasteur David, le pasteur Patel s’était toujours soucié d’elle. Et il avait toujours réussi à la faire parler de ses sentiments.

      « Je viens de passer la pire semaine de ma vie. »

      Comme s’il avait compris qu’elle parlait de lui, Pirouette vint s’appuyer tout contre sa jambe, ses roues s’arrêtant de tourner tandis qu’il lui adressait un regard d’excuse.

      « Je vois que la meute a un nouveau membre. »

      Le pasteur Patel se pencha, offrant le dos de sa main au chien. Pirouette renifla la main tendue. Puis la lécha. Puis lui donna un petit coup de tête, comme s’il reconnaissait que le pasteur était quelqu’un de bien.

      Maggie renifla elle aussi, puis tout sortit d’un coup.

      « J’étais censée l’euthanasier parce qu’il était blessé. Quand j’ai dit non, ils m’ont virée. Et maintenant mon propriétaire dit que je dois me débarrasser de quatre d’entre eux si je veux garder l’appartement. Comment les gens peuvent-ils être aussi cruels ? Ces chiens sont ma famille. Ce n’est pas parce qu’ils sont blessés qu’ils ne méritent pas d’être aimés ! »

      Le pasteur baissa les yeux vers elle. Son regard lui rappelait toujours celui d’une statue de Bouddha. Elle savait qu’il avait lu tout cela en elle avant même


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