La fin de la mafia mondiale. Rolf NagelЧитать онлайн книгу.
« Ah papa ! » Marian étira ces deux mots comme un chewing-gum. « Tu es adorable de t'inquiéter toujours comme ça pour moi alors qu'il n'y a pas de raison. Karl m'a accompagnée avec le chauffeur à l'aéroport, et puis, ici... » Elle fut interrompue par l'arrivée du serveur, qui déboucha d'une main de maître la bouteille de champagne et le versa dans les verres.
« Ma chère enfant, tu sais que ces mesures de sécurité sont absolument justifiées et que ton Karl n'est pas un agent de sécurité. Le vol et le kidnapping sont à l'ordre du jour. Les journaux en parlent tous les jours. Je t'en prie ! À l'avenir ! Même si ton Karl est là, je souhaite que l'agent de sécurité soit toujours à tes côtés. Même ton Karl devrait comprendre ça ! », Don Rosso paraissait maintenant légèrement contrarié.
Ni lui ni sa fille n'avaient encore été victimes d'un attentat, mais les nouveaux clans des Russes et des Chinois paraissaient à ses yeux au moins aussi imprévisibles que la mafia sicilienne au début des années 20.
« D'accord, papa, je te promets que cela ne se reproduira plus. Ça va, tu es content ? » Marian regardait son père comme une mignonne petite fille implorante.
« Oui, ma petite. Bien sûr que je suis heureux et que je me réjouis pour toi. Je propose que tu me présentes personnellement le gars après de belles vacances. »
« Mais voyons papa, le gars, il s'appelle Karl ! Arrête de l'appeler comme ça. Mais es-tu vraiment certain de vouloir attendre plusieurs semaines avant de le rencontrer ? Tu sais, je suis sûre que c'est le bon ! »
Quelque peu étonné, Don Rosso regarda sa fille et répondit : « Le moment n'est pas encore venu de me présenter Karl et en plus, j'ai des affaires urgentes qui m'appellent en Amérique du Sud. Dans quelques semaines, donc ! » Il ne fallait pas remettre les paroles de son père en question, Marian le savait. Chaque fois qu'il ne permettait aucune objection à ses propos, le contredire s'avérait parfaitement vain et n'était en aucun cas couronné de succès.
Ils restèrent tous deux assis comme un vieux couple à parler de tout et de rien, jusqu'à ce que le soleil s'éclipse et que le temps se refroidisse. Don Rosso fit avancer sa voiture pour conduire sa fille à l'aéroport.
Lorsque Marian et Karl se retrouvèrent à 20 heures au restaurant de l'hôtel, il lui relata en détail sa journée à la banque.
Marian lui dit, enthousiaste : « Mon chéri, allons passer quelques semaines de vacances à Palerme, la ville de mon enfance. J'aimerais tellement te la faire visiter. Nous pourrions loger dans notre propriété familiale et faire quelques excursions sur l'île. Oh, mon chéri, ce serait magnifique. » En même temps, comme pour l'influencer, Marian lui donna la petite chaîne en or qu'elle avait achetée à Paris et dit avec désinvolture : « Maintenant que tu es dispensé de banque. Et dans quelques semaines, tu feras la connaissance de mon père. Il a hâte de te parler. Père a encore quelques rendez-vous d'affaires urgents et ensuite, il viendra lui aussi à Palerme. » Elle rayonnait littéralement et personne, Karl encore moins, n'aurait pu refuser. La décision était donc prise. Après que Karl ait fait ses valises le lendemain, ils s'envolèrent pour Palerme.
Les amoureux s'installèrent dans la villa de Palerme
Karl et Marian arrivèrent dans une somptueuse limousine devant un portail en fer forgé. Après que les gardiens aient ouvert le portail, la voiture remonta l'allée jusqu'à l'entrée. La villa de style, à l'allure impressionnante, avec ses toits aux reflets verdâtres, ressemblait à une maison coloniale.
Une kyrielle de serviteurs était alignée devant l'entrée et Karl se vit renvoyé cent ans en arrière. Oui, ici, on avait occulté le temps, il s'était arrêté. De la façade, on n'apercevait pas les aménagements qui se trouvaient à l'arrière comme la piscine ou la terrasse. De grands palmiers ornaient un parc soigneusement entretenu.
Marian était ravie de guider son bien-aimé dans la propriété et dans les innombrables pièces aux fenêtres sans tain. Ils visitèrent ensuite le parc, où toutes les fleurs rivalisaient dans une débauche de couleurs. Le doux parfum de la flore était enivrant, propice à engloutir de jeunes amoureux dans une vague romantique. Jour et nuit, le doux parfum des fleurs flottait partout, jusque dans les pièces de la villa.
Des gardes armés surveillaient sans cesse l'enceinte, c'était-là sans aucun doute l'un des lieux les plus sûrs de la planète. Les caméras étaient tellement bien dissimulées qu'on n'en voyait pas trace dans la nature.
Les deux amants passèrent la première nuit comme dans un charme et prirent un formidable petit-déjeuner sur la terrasse le lendemain matin. Ils se promenèrent ensuite dans le parc en chahutant et en riant. Karl se demandait ce qui pourrait entacher ce bonheur.
Un peu plus tard, ils allèrent à la piscine, Karl fit un saut spectaculaire et atterrit dans le bassin. C'est ainsi qu'il démontra sa virilité, et dans un énorme jet, l'eau éclaboussa le rebord du bassin. Juste assez pour que Marian ressemble à un chien mouillé.
« Ah tu vas voir, tu vas me le payer. » Marian se laissa tomber dans l'eau à son tour pour faire couler son assaillant. Karl était méconnaissable. Il s'épanouissait complètement et prenait plaisir à son rôle viril.
Au cours des semaines suivantes, Karl apprit à connaître chaque recoin de la villa et du parc, à l'exception des pièces secrètes qui se cachaient derrière une porte dissimulée et fermée à clef. Ce n'est que plus tard qu'il aurait l'occasion de s'y rendre personnellement.
Les amoureux vécurent une période magnifique, avec des promenades le long de la plage et la visite des plus beaux endroits de Palerme. Ils savourèrent la cuisine sicilienne, le vin rouge sec et le cadre idyllique.
Leur bonheur fut toutefois assombri par un appel téléphonique du CHU. Lorsque son téléphone mobile se mit à sonner un bel après-midi, Karl répondit comme à l’accoutumé par : « Karl Grosser, bonjour. » À l'autre bout du fil, une femme parla : « Centre hospitalier universitaire de Cologne, je suis madame Westfal. Monsieur Grosser, êtes-vous le fils de Madame Silvia Grosser ? »
Alarmé, Karl répondit : « Oui, est-il arrivé quelque chose à ma mère ? » Il s'assit sur la chaise que Marian lui approcha lorsqu'elle devina à l'expression de Karl, que quelque chose de grave était arrivé.
« Je suis vraiment désolée, Monsieur Grosser, votre mère a été hospitalisée chez nous cet après-midi pour insuffisance cardiaque. » La voix au téléphone fit une courte pause. « Madame votre mère est malheureusement décédée il y a deux heures d'une défaillance cardiaque. » De nouveau, une pause : « Je suis vraiment désolée, Monsieur Grosser. »
Accablé, Karl s'effondra sur sa chaise : « Comment est-ce possible ? Mère décédée ? J'arrive ! » Il raccrocha pour se recueillir, Marian le prit dans ses bras pour le réconforter, il était visiblement choqué.
Le jour même, Karl et Marian prirent l'avion pour Cologne. Karl regrettait amèrement de ne pas avoir encore présenté Marian à sa mère. Il était trop tard maintenant. Elle aurait été tellement heureuse qu'il ait enfin trouvé la femme de sa vie.
Marian s'occupa de son amant de manière émouvante et l'épaula pour les préparatifs de l'enterrement. La cérémonie eut lieu en comité restreint. Pour aider Karl à surmonter son chagrin et l'empêcher de s'engluer dans les souvenirs, ils retournèrent à Palerme deux jours après l'enterrement.
Il fallut plusieurs jours à Karl pour surmonter cette perte. Pendant cette période douloureuse, Marian se tint sans cesse à ses côtés, ce qui les unit encore plus. Avec l'aide de Marian, Karl finit par surmonter ce deuil.
Plusieurs semaines s'étaient écoulées lorsque Karl déclara un lundi à son amante : « Aujourd'hui, je souhaiterais aller seul en ville pour une fois, j'ai une course à faire. Dans trois ou quatre heures au plus tard, je serai de retour. »
Marian le regarda, interloquée, mais accepta cependant qu'il ne donne aucune explication.
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